«La
révolution du Jasmin» qui n'a offert aux Tunisiens que désenchantements et une
succession de crises sur le plan économique et sociopolitique depuis une
décennie et autre «printemps arabe» embourbés dans des cycles de violences
infinis, peuvent-ils servir d'alibi aux régimes dictatoriaux et autres
monarchies pour annihiler les aspirations des peuples à une vie libre et
démocratique ? Ces jours-ci, c'est «la révolution du Jasmin», qui célèbre le 17
décembre son 10ème anniversaire, qui fait l'objet de débats internes, entre
Tunisiens, voguant la galère et la déprime, ainsi que des analyses critiques
externes, nombreuses et globalement démotivantes, particulièrement insistantes
dans ce sens de la part du ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères,
Anwar Gargach. Ce dernier a rappelé en cette occasion
du 10ème anniversaire de la « révolution du Jasmin », à travers une série de
tweets, que ce qui est qualifié de « printemps arabe » n'a fait que révéler
violence et luttes intestines qui se prolongent encore et aggraver les crises,
sans aucune vision ou thérapie, ni aucun projet de développement. Qualifiant
d'échec sur le terrain de la réalité de ce « printemps arabe », le même
responsable a indiqué que dès sa première année, on a pu mesurer l'ampleur de
la menace qui pesait sur l'Etat national et ses institutions, et sur le tissu
social des pays arabes. Un coût terrible qui ne justifie pas les avis
contraires à cette réalité, estimera-t-il. Des explications qui sont allées
trop vite en dissertation ? N'y a-t-il vraiment rien
à tirer de bon de cette « révolution du Jasmin », de ce « printemps arabe » ?
Chacun est libre de sa vision ou sa thèse de l'histoire pour expliciter ces
évènements, qu'on ne vienne seulement pas à fermer le champ aux avis et opinions
contraires. «La révolution du Jasmin», qui a été un déclencheur du «printemps
arabe», n'a pas encore donné, tant il est vrai, ses fleurs aux Tunisiens pour
des raisons objectives d'absence de performance économique et d'une élite
politique embourbée dans ses luttes de leadership, oubliant de dire toute la
vérité au peuple et n'ayant pas su inventer une synergie autour d'objectifs de
développement clairement établis. Et puis, il y a eu ces coups du mauvais sort
qui ont ruiné l'économie tunisienne, notamment les actes terroristes successifs
et la crise sanitaire qui a porté un coup fatal au tourisme, sources
essentielle des rentrées en devises du pays. La paralysie du tourisme durant
les années qui ont suivi le déclenchement de la « révolution du Jasmin », due à
l'instabilité sociopolitique et la multiplication d'actes terroristes
spectaculaires, et lequel s'est retrouvé totalement groggy suite au confinement
planétaire, est un facteur saillant parmi les causes qui n'ont pas permis
l'épanouissement de la « révolution du Jasmin ». On ne peut pas attendre de
quelqu'un qui n'a rien à se mettre sous la dent quand il a faim qu'il chante
les louanges de la liberté et la démocratie, ou qu'il valorise la pacifique «
révolution du Jasmin » à sa juste mesure. La classe politique tunisienne porte
une lourde responsabilité dans ce contexte, devant semer l'espoir en
redynamisant l'économie « hors tourisme», en lieu et place des attitudes
négatives des luttes pour le pouvoir qui engendrent l'écœurement chez des
citoyens lassés par une crise qui a l'âge d'une décennie, déjà. Quant au «
printemps arabe », auquel on a faussement fait miroiter la « révolution du
Jasmin » comme exemple à suivre, et qui a fini par s'enfoncer dans les ténèbres
d'une longue nuit d'horreur, on ne peut que se désoler devant la bêtise humaine
qui prend les formes de la monstruosité.