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UN VOISIN POUR L'ETERNITE

par Abdou BENABBOU

La pandémie du corona, tenace et se riant des débats incessants, souvent décousus sur sa présence, semble indiquer dans plusieurs pays qu'il va falloir remettre les compteurs à zéro. Nombreux Etats européens ne prennent plus de gants pour s'installer dans le pessimisme et ne taisent plus les mots qui fâchent et avouent que l'agrippage du virus est de l'ordre de l'exponentiel. Plus de 7.000 contaminations en 24 heures seulement pour la France et l'énorme lassitude des populations européennes face à l'inefficacité des moyens de lutte utilisés jusqu'ici démontrent une déroute évidente pour que la seule bavette soit le paravent dérisoire contre un mal invisible.

Contesté puis méprisé pour qu'il soit ensuite anobli, le vedettariat du masque tend à devenir un phénomène ridicule par les justifications contradictoires que lui accordent les spécialistes comme les novices. Les avis et les explications évasives croisés n'aboutissent finalement qu'à déduire simplement que la pandémie est la suprême atteinte à la liberté de chacun. En attendant des jours meilleurs, il ne restera plus que cette lapalissade pour se gaver et nourrir les envies de manifester avec pancartes et bruits dans les rues. Une aération et une oxygénation aléatoires sont trop superficielles pour revendiquer un air de liberté. C'est que l'on ne connaît pas la nichée du satané virus. L'aisance de ses caches est infinie. Elles peuvent se blottir dans l'étalage du marchand de légumes ou sur la croûte du pain du boulanger pour rendre dérisoire n'importe laquelle des précautions prises.

Devenu star par la force des conjonctures contraires et des remous des apparats secondaires des cultures et des civilisations opposées, le masque, faute de mieux, s'est imposé à tous. A défaut d'être un témoin et un outil de la science, il est devenu un objet d'assurance mais d'un confort qui reste à prouver. Il aura au moins le mérite de figurer dans l'almanach des autorités pour qu'elles fassent bonne figure. Il n'aura cependant que la faveur permanente de rappeler que le coronavirus est un voisin pour l'éternité.