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Le jeu des horaires

par El Yazid Dib

Il consiste un peu à faire départager le virus entre le repos supposé de la nuit et les turbulences grouillantes du jour. C'est se la jouer en des mi-temps de 15 jours chacune. Cet énième aménagement favorise les couches-tard, où il est perceptible de sentir là un geste envers une jeunesse en quête de veillées estivales, quoique, avec ou sans ça, elles se font le plus simplement du monde. On les voit par grappes accrochés à leur mur, au bord d'un trottoir, dune cage d'escalier.

Le confinement vise en ultime objectif à éviter les rassemblements et du coup espérer rompre la chaîne de transmission du virus. Ces rassemblements sont naturellement censés de produire dans un temps et un espace. Les espaces sont déjà ciblés. Les marchés, les cérémonies, les funérailles mais le temps est parfois mis de côté. L'on ne fait pas son marché ni enterrer son mort de nuit. D'où la multiplication des interrogations qui n'ont cessé de se susciter depuis l'établissement du confinement quant à la raison ayant prévalu à la fixation des différents horaires expérimentés jusqu'ici.

Nous ne saurons pas davantage si ?heure en tant qu'élément de position temporelle semble devenir un critère scientifique sans égal. C'est elle qui détermine la dimension du confinement sans que l'on arrive à corroborer la justesse thérapeutique le cas échéant. L'on à connu des 13 heures, des 15 heures des 19 heures, des 20 heures et voilà que se pointe la 23 ème heure.

Si l'on ne doute pas trop de l'utilité d'arrêter le mouvement de la société durant un certain temps quotidien, il est cependant loisible de vouloir bien comprendre le pourquoi de ce changement d'horaires. Aucun horaire n'est justifié, voire argumenté, permettant ainsi de saisir le flottement dune heure vers autre. J'ai beau à creuser pour comprendre l'exposé des motifs de ce changement, je ne constate que des contradictions, parfois de l'ineptie. Certainement il doit y avoir quelque chose de consistant pour s'en convaincre.

Quand nous étions à la centaine de contaminations journalière la plage horaire était drastiquement rétrécie de 07 à 13 heures. La où nous frôlons les 600 cas c'est l'inverse qui se produit. Ainsi un débroussaillage démonstratif s'impose pour combler les lacunes d'information et engendrer l'adhésion à la mesure. L'on n'accepte une chose que si l'on s'entoure de tous ses fondements.

Si le début du confinement est fixé à 23 heures reste éventuellement justifié par le fait de donner plus de fraîcheur, plus de flexibilité notamment envers la masse juvénile, difficile à contenir dans l'immobilité par ces soirées caniculaires : sa fin fixée à 06 ne trouve nulle défense. Bien au contraire, elle accentue le vissage pour d'autres besoins de mobilité des travailleurs en déplacement, des approvisionneurs et des simples et innocents lèves-tôt. En plus de l'envahissement des voies routières à grande circulation et des pénétrantes aux grandes agglomérations et le vicieux embouteillage qui aura ainsi en toute évidence à être occasionné. Alors qu'avec l'ouverture dite progressive des mosquées, toute une frange de citoyens s'attendait à se voir délivrer à partir de 04 heures du matin, permettant de la sorte, entre autres l'accomplissement sans densité de la prière aurorale. La dessus, il y a énormément de choses paraissant non dites. Tout le monde sait qu'à cette heure-ci, à l'aube, à 04 heures du matin la vie est toujours, dans la majorité des cas en plein sommeil. Pas de mouvement, pas de magasins, ni de commerces, ni de souks d'ouverts. C'est le temps idéalement damné pour que le virus ne trouve rien où s'agripper.

Dans tout ce qui se rapporte dans la lutte contre ce maudit virus, tout ou presque peu ou prou bien étayé, vulgarisé. Du port du masque, à son utilité, à son obligation au respect salutaire des gestes-barrière et de la distanciation physique, jusqu'au scalp dermique des mains. L'on sait tous leur pourquoi. Sauf que la détermination des horaires du confinement est cependant bannie totalement de tout éclaircissement. Pourquoi de telle heure à telle heure ? On ne dit rien, on ne communique pas du tout. On décide point final. Chacun y va de ses p'tites déductions et à chacun de construire ses propres exégèses.

Ce jeu alternatif est devenu comme une manœuvre de décret qui croit pouvoir dépister le virus en faisant des prélèvements dans la nuit de tous les jours. Personne ne sait, avec preuves l'heure exacte de ses sorties, mais l'on sait tous ses points de passions, ses carrefours préférés et les endroits qu'il raffole le plus. La foule. Et cette foule n'existe pas en forte densité dans ce temps là.

C'est comme on s'amuse à jouer avec les aiguilles d'une montre avec la nette conviction peut-être que l'on pourra changer les choses dont le temps en à déjà fait œuvre. Dans un bon traitement il est toujours tenu compte de la posologie, de l'état du patient et de son environnement.

L'on ne sait pas trop si cet horaire va perdurer au-delà de l'échéance prononcée ou connaitra une autre modification tant à la prolongation qu'à la rétraction. Il peut exprimer un début de déconfinement en rapport au nombre relativement réduit de contaminations en fin de semaine, comme il peut se hisser en motif de durcissement à attribuer à l'affluence vers mosquées.