L'Aïd du sacrifice a eu un passage en demi-teinte chargé de doutes et de faire semblant car la prédisposition à la fête était la grande absente chez une bonne partie de la population. Une fois n'est pas coutume, les bouchers se sont substitués aux maquignons pour remplacer au pied levé ceux qui ont perçu la pandémie comme une aubaine pour donner une nouvelle interprétation au sens du sacrifice. Tant mieux ou tant pis, on ne sait pas trop quand la recherche quotidienne d'un saint auquel il faut se vouer devient de plus en plus difficile.

Cette recherche s'annonce encore plus ardue quand la rentrée sociale frappe à la porte avec des indicateurs scintillant au rouge vif pour mieux dévoiler une situation économique et sociale totalement dépourvue d'aisance et de gaité. Les entreprises agonisantes qu'il s'agit de revivifier, des milliers de chômeurs à reprendre en charge, une activité économique et commerciale à redéployer avec sur le dos une incroyable épidémie ne sont pas une tâche aisée qu'il s'agit d'affronter avec une politique empirique.

Dans leur rôle, les autorités nationales rassurent mais recommandent aussi qu'il va falloir se lever tôt pour affronter la bourrasque multiforme qui secoue de plus en plus le pays. Bien qu'elles maintiennent leur lourde option d'une politique sociale, il leur sera impossible de ménager des lignes de conduite contradictoires pour garantir une stabilité nécessaire au pays. C'est que l'incommensurable gageure réside dans la mise à l'écart de la culture de la rente chez une majorité de la population qui veut tout avoir sans rien concéder et le déploiement d'un nouvel esprit basé sur l'effort et la solidarité. Ces deux atouts ne peuvent aller l'un sans l'autre et les deux attributs doivent avoir comme socle l'impérative rationalité.

On peut penser qu'à la faveur de la phénoménale pandémie l'Aïd a été une bénéfique occasion pour la remise en cause de bien des idées reçues et une opportunité offerte à de nombreux citoyens pour réfléchir sur des comportements et sur la manière de gérer leurs vies.