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Dangereuses confluences régionales

par Abdelkrim Zerzouri

La paix et la stabilité au Mali, soutenues par l'Algérie depuis des années, sont-elles devenues des vœux pieux ? La situation au Mali, secoué depuis 2012 par les violences, reste, de nos jours, très préoccupante. L'accord de paix et de réconciliation signé en 2015 à Alger n'est qu'une longue marche vers des horizons meilleurs, marquée par le bruit des crépitements des armes et de parties de dialogues discontinues. C'est toujours la même histoire, la paix est plus difficile à enclencher que la guerre. Mais, bon an, mal an, l'Algérie œuvre toujours à l'accompagnement et à l'encouragement des parties maliennes pour la mise en œuvre de toutes les clauses de l'Accord de paix et de réconciliation, considéré comme « cadre idoine » pour le règlement de la crise au Mali. Jusque-là, ce « cadre idoine » pouvait tenir la route difficile de la paix, mais le développement des évènements ces derniers mois, qui a abouti à des affrontements sanglants ces derniers jours, laisse croire que les temps ont changé en profondeur. En premier lieu, la forme du conflit, qui a pris la tournure des aspirations démocratiques des populations, et qui ont conduit à des troubles sanglants les 10 et 11 juillet, causant 11 morts et une centaine de blessés. Et, en second lieu, l'implication dans le dossier de plusieurs organisations, onusienne, africaine et européenne, à savoir les représentants de l'Union africaine, la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'ONU et de l'UE, qui ont exprimé dans le sillage des manifestations violentes qui ont secoué le Mali les 10 et 11 juillet derniers, leur «préoccupation» et appelé toutes les parties à «la retenue et au dialogue». Non sans «condamner avec vigueur toute forme de violence comme moyen de règlement de crise». Déjà, on veut trouver une autre voie pour aboutir à la paix et la stabilité dans ce pays, autre que celle de l'accord de paix et de réconciliation signé à Alger en 2015. Car, les représentants au Mali des quatre organisations en question se disent «persuadés» que les conclusions d'une récente mission de bons offices de la Cédéao «posent les bases d'une solution appropriée». Est-ce à dire qu'il existe une volonté d'éloigner l'Algérie du dossier malien ? Il faut en convenir, certains pays œuvrent à parasiter les efforts diplomatiques de l'Algérie, d'une part pour amoindrir son influence régionale et l'installer au centre de dangereuses conditions de confluences régionales, que cela soit au Mali, en Libye et ailleurs, et d'autre part faire persister l'insécurité à ses frontières au Sud et à l'Est.

D'où la nécessité pour l'Algérie de redéployer ses efforts pour contribuer à la stabilité de ce pays. Avec cette nouvelle donne du mouvement de contestation qui fait sienne une aspiration démocratique légitime, dont «la dissolution du Parlement, la formation d'un gouvernement de transition dont il désignerait le Premier ministre, ainsi que le remplacement des neuf membres de la Cour constitutionnelle, accusée de «collusion avec le pouvoir».