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Journal d'un hypocondriaque

par El-Houari Dilmi

Samedi 28 mars, il est 13h passées. Un regard effrayé par-dessus ma fenêtre m'offre une vue qui me donne des frissons: pas âme qui vive, sous un soleil printanier. Reclus chez moi depuis une huitaine de jours, je mange comme un chancre pour tromper mon angoisse. Comme un trouble obsessionnel compulsif ou « TOC » comme disent les psys ; je me lave les mains jusqu'à m'arracher la peau ... et même les ongles. Téléphage, j'appuie sur ma télécommande pour m'offrir une vue sur ma petite lucarne : les mauvaises nouvelles s'amoncellent. La covido-panique est sur toutes les lèvres. Pêle-mêle, le couvre-feu est élargi à 9 wilayas du pays. L'engeance des spéculateurs, suceurs de sang, prolifèrent à vue d'œil.

Le Premier ministre britannique et son ministre de la Santé testés positifs au Covid-19. Et peut-être d'autres encore.

Les USA confirment leur « leadership » sur le monde, avec le plus grand nombre de personnes contaminées sur la planète bleue. Une bonne nouvelle, néanmoins, vient me mettre une petite couche de baume sur le cœur : un ami, contaminé au Covid-19, sur son lieu de travail, m'annonce, via le réseau social, que son état s'améliore, de jour en jour.

Sur une chaîne TV, on parle de Habib, cet ambulancier tombé au champ d'honneur. En héros anonyme, il a sacrifié sa vie pour ne pas abandonner ses concitoyens et les transporter à l'hôpital de Boufarik.

A travers Habib, la corporation des médecins et tout le personnel soignant, sont portés aux nues par tous les Algériens. Des Algériens reconnaissants. Ces médecins dont le récent combat épique pour recouvrer leur dignité, réveille en nous un sentiment de culpabilité, des souvenirs douloureux. Comme une revanche divine sur le sort, le Président Tebboune est allé jusqu'à qualifier nos toubibs de « moudjahidine au champ d'honneur, mettant délibérément leur vie en danger, pour sauver celles de leurs compatriotes ». Et même si le médecin n'est pas un dieu, nous croyons tous en lui. Hier, aujourd'hui et demain encore !