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Question de crédibilité

par Moncef Wafi

Si à priori l'emballage du prochain scrutin présidentiel comme présenté sur le papier est tentant, le risque de voir l'administration s'immiscer dans le travail de l'Autorité nationale indépendante en charge des élections est bel et bien présent. Ne serait-ce que par la composition de cette même Autorité, laissée à la charge d'un panel de Karim Younès qui a réussi le tour de force de faire l'unanimité contre lui, le doute est permis et la rue de se méfier de la suite des événements. Le refus du hirak d'aller vers les urnes est aussi une conséquence de ces pratiques suspectes de l'administration qui «ont souvent donné lieu à tant de suspicion et de polémiques» pour paraphraser le ministre de la Justice, Zeghmati.

Si le lexique est choisi, il faut appeler les choses par leurs noms et dire que les élections algériennes ont toujours donné lieu à des accusations de fraude massive malgré la présence médiatique d'observateurs étrangers internationaux et régionaux, dixit les partis d'opposition. A ce propos, si l'administration n'a aucun rôle à jouer dans les prochaines élections, selon la nouvelle mouture de la loi, comment alors expliquer l'intervention de Zeghmati qui a exprimé son refus du terme «surveillance», précisant qu'il revient à l'Etat de convier «celui qu'il juge plus à même d'observer le processus démocratique et non pas de le surveiller» ? Une précision de taille qui indique que le dernier mot revient toujours au régime en place.

Même les modifications introduites par ce projet de loi ne sont pas une réelle garantie de la neutralité de l'administration puisque, pour certaines d'elles, elles ne sont que minimes à l'image de l'obligation du candidat de déposer en personne la déclaration de sa candidature au poste de chef de l'Etat auprès du président de l'Autorité nationale indépendante en charge des élections au lieu et place du Conseil constitutionnel. La condition d'être titulaire d'un diplôme universitaire s'oppose au titre équivalent dans la mesure où on ouvre la porte à toutes les extrapolations concernant la nature du titre en question. La célérité des deux chambres dont la majorité est détenue par le FLN et le RND, deux partis exclus du panel, d'adopter les projets contribue aussi à cette suspicion qui entoure l'avenir d'une élection rejetée massivement en amont.