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Quand les oligarques et leurs mentors auront rejoint la prison d'el harrach, que restera-t-il à entreprendre en toute urgence !

par Abdelkader Khelil*

L'émergence d'une oligarchie prédatrice, gloutonne et de plus en plus exigeante en vue du partage du pouvoir avec les décideurs et gouvernants véritables n'a pu se développer et s'imposer à vrai dire que grâce aux tenants du libéralisme et de l'économie de bazar que notre pays a vu s'installer aux postes de direction du pays depuis le début des années 80 et dont les effets négatifs sur la situation économique et sociale du pays, ont connu une ampleur sans précédent depuis la première mandature du Président déchu.

Après avoir mis dans les tiroirs les trois grands dossiers des réformes de l'État, de la Justice et de l'École qu'il avait pourtant promises et annoncées devant les médias et, tout au long de ces deux décennies de gouvernance, il ne s'est contenté que d'une feuille de route appelée pompeusement «programme du président» et qui dans la réalité, n'était qu'un agrégat d'actions disparates sans lien avec l'économie réelle et les activités productives et sans cap ni horizon stratégiques.

Cette feuille de route a surtout été une occasion rêvée pour l'installation d'oligarques aux dents longues dans un contexte émaillé de scandales de corruption à répétition dont les effets collatéraux ont été surtout ; un arrêt de toute velléité de développement autonome de notre économie, un manque flagrant de lisibilité et une perte de confiance pour nos partenaires et surtout, pour les acteurs nationaux de l'économie productive qu'on a délibérément isolés, éliminés et broyés par l'économie de bazar que certains oligarques ont voulu nous « vendre » comme le « véritable moteur de développement. Il est bien heureux que ces charognards soient rattrapés par la justice que le Hirak historique du 22 février 2019 a enfin boosté et encouragé depuis plus de 17 vendredis, à travers tout le pays.

À se demander comment un homme dont-on disait de lui et de ses auxiliaires à l'image d'un Ouyahia par exemple, qu'il était si futé alors que tout simplement imbu de sa personnalité et d'une illusion de « grandeur » factice, a pu finir son parcours non pas dans le panthéon des Grands de ce Monde comme il l'aurait tant souhaité en intrus, mais méprisé par «son» peuple qui, dans un sursaut salvateur l'a poussé vers la porte de sortie en lui indiquant à lui et à tous les autres acteurs du système qu'il a voulu pérenniser, la direction de la poubelle de l'Histoire. N'est-ce pas là, un triste sort pour celui qui se prenait pour Napoléon Bonaparte ? Et pourtant ! On ne peut pas dire qu'il n'a pas été aidé par le sort, lui qui a eu à sa disposition une manne colossale de près de 1.500 Milliards de dollars US. Cette ressource financière adossée à une politique et une stratégie globale de développement lui aurait permis d'assurer en « bon père de famille », le bonheur et le bien-être de « son » peuple et préparer l'avenir des générations futures.

Au lieu de cela, cet imposteur jouisseur et flambeur, ce narcissique incorrigible comme décrit par ses pairs, n'a réussi qu'à laisser mourir des jeunes par milliers dans le ventre de la Mer Méditerranée, et a négligé et mis une croix sur d'autres milliers de cadres aux compétences avérées. Ils ont été forcé à l'exil et dont bon nombre parmi eux sont employés dans de grandes universités et centres de recherches, comme professeurs et chercheurs, dans des bureaux d'études où leurs expertises sont recherchées, dans le secteur de la santé ou en tant que médecins de campagne, ils participent à la lutte contre les « déserts médicaux » français, à défaut de disposer des conditions idoines pour l'exercice de leurs spécialités dans les établissements hospitaliers algériens gérés de façon lamentable et avec une incompétence crasse, particulièrement dans les régions reculées des Hauts Plateaux et du Sud qui souffrent au quotidien, le calvaire de l'indigence sanitaire et de bien d'autres frustrations à caractères socio-économiques.

N'est-ce pas aussi que c'est dans son « royaume » qu'un de ses courtisans de surcroît ministre avait sans honte bue déclaré de façon intempestive que, l'Algérie n'avait nul besoin d'avoir des prix Nobel ? Eh, oui ! Ainsi pensent les canassons qui n'arrivent pas à se défaire de leurs litières après avoir chassé les étalons à grands coups de sabots par traîtrise, pour rester seuls dans la quiétude de leurs pitoyables écuries de la régression ! Dans tout cela, le souci premier de « fakhamatouhou » qui se soignait en France et en Suisse, était la réalisation de la grande mosquée d'Alger, la troisième au monde l'avait-il exigé et au minaret le plus haut possible pour la bagatelle de plus de 2 Milliards de dollars, dans la proximité de l'Oued El Harrach ce collecteur principal d'égouts et de nuisances industrielles. Tout cela, pour ne glorifier que sa seule postérité et sans songer à aucun moment à impliquer nos grandes entreprises publiques et nos artisans pour ce grand « projet de mégalomane »!

QUAND LE DROIT ÉTAIT DU CÔTÉ DES MAÎTRES DU MOMENT !

Sous la houlette de son frère cadet qui a fini par être l'un des principaux marionnettistes du système, grâce à l'usurpation de pouvoir au mépris du respect de la Constitution et des lois de la République. La canaille dont-il s'était entourée avait pour elle, la maîtrise des flux financiers de la collectivité nationale et disposait de la sorte de ce qui va avec, c'est-à-dire, des richesses faramineuses indument accumulées et confisquées par les «griffes» de ces nouveaux riches en rapaces parvenus qui s'assemblaient et se ressemblaient.

Cette redoutable «issaba» est dénoncée chaque semaine par les manifestantes et manifestants du Hirak. Ces charognards avaient tissés entre eux pour le meilleur et pour le pire, du moins pensaient-ils, des liens solides d'un couple pouvoir/argent à l'origine du malheur de tout un peuple et de la crise que vit notre malchanceux pays pourtant si riche et si beau, qui peine à sortir de sa galère par la faute de ces êtres sans foi ni loi, de ces «grenouilles qui voulaient être plus grosses que les bœufs» qui le gouvernaient. Cette bande de malfaiteurs qui présidait à sa destinée, en vils personnages, ne savait porter son regard que sur l'insignifiance de son nombril...

Dans un contexte où l'impéritie règne partout, et dans une atmosphère de déliquescence de l'État, conséquence directe d'une association d'acteurs mafieux détenant les pouvoirs décisionnels avec leurs amis affairistes faisant partie de cette faune de prédateurs organisés et compétents pour utiliser et faire fructifier l'argent et les richesses spoliés honteusement au peuple algérien non pas à son profit, mais destiné uniquement à la prolifération des mauvaises mœurs et au maillage serré de leur toile de corruption à tous les niveaux de la vie publique.

Ces mafieux ont de la sorte, porté atteinte aux valeurs de notre société largement métastasée par cette pieuvre maléfique, par ce cancer qui a fini par infester tout le corps social en le démobilisant et en cherchant à saper son moral pour le faire douter de ses capacités intrinsèques, de son intelligence et de son travail créateur. Dans leurs petites cervelles de mouches, ils cherchaient à en faire in fine, une entité amorphe et sans réactivité. « Liyahseb wahdah ichitlah », dit un proverbe de chez-nous ! Le savaient-ils au moins, ces tarés de l'infiniment petit qui avaient les pieds et la tête ici, et les «coffres-forts » ailleurs?

À l'international par contre, le blanchiment des avoirs tirés de la pratique de la surfacturation des marchandises importées et des surcoûts fictifs généreusement accordés par simple coups de fil aux entreprises du cercle fermé de la boustifaille des oligarques, profitait surtout aux banques étrangères et aux paradis fiscaux, eux-mêmes au service de la finance internationale et dont l'un de leurs objectifs majeurs consiste à créer des foyers de tensions pour finir par affamer des peuples dans le but d'entretenir des conflits fratricides, particulièrement dans le Monde Arabe, avec la complicité et le soutien financier de la monarchie saoudienne et des pétro-émirats des pays du Golfe. Oui ! L'argent de l'Algérie, jadis la « Mecque des Révolutionnaires », servait aussi un peu à cela. Il m'est bien triste de le souligner à ce propos!

Le lobbying de nos oligarques, ces gens méprisables, dénués de tout sens moral et du respect des valeurs de notre société dans ce qu'elle a de plus cher et de plus sacré, était devenu une manière de peser sur les décisions des gouvernements durant ces deux dernières décennies et sur les textes de lois votées en leur faveur par les « députons » et « sénatons » des deux « chambres d'enregistrement » qui leur étaient majoritairement acquises. C'était là, une forme de contrainte des plus forts du moment, en direction du peuple supposé faible et lâche parce-que tenu par son ventre.

L'oligarchie corrompait et achetait les consciences des gens sans honneur et sans dignité. Elle menaçait les commis de l'État honnêtes qui faisaient de la résistance à l'intérieur des institutions de la République, parce qu'elle était écoutée par les décideurs et les gouvernants choisis selon leur soumission au nouvel ordre établi dans l'horrible «royaume bouteflikien». Et jusqu'au jour historique du 22 février 2019, le droit était conçu et mis en œuvre au seul bénéfice des « maîtres » du moment et de leurs protégés, faisant de l'Algérie de nos vaillants Chouhada, une « société privée par actions », à l'image de leurs clubs de football qui ont pourri nos athlètes par leur fric sale ...

QUAND LA JUSTICE BOOSTÉE PAR LE HIRAK S'IMPLIQUE !

Cette triste réalité d'une vie publique malsaine a pris une ampleur insupportable chez le peuple médusé qui n'en pouvait plus. Il a fini par se rebeller en disant haut et fort au gens du système corrompu et leurs apôtres : ça suffit ! Barakat ! Le glas a sonné l'heure de votre départ mais sans violence, sans actes inconsidérés, sans pneus brûlés, sans barricades sur les routes, sans destructions d'infrastructures et sans mobilier urbain saccagé pour ne pas vous donner l'occasion de réagir brutalement, car c'est là, la seule chose que vous savez faire ! « Selmia, Selmia », « Djeich, Chaab », « Khawa, Khawa », « Klitou El Bled ya sarakines » ont été ces slogans magiques qui ont exaltés les foules enthousiastes de millions de citoyennes et de citoyens sous la protection de notre armée populaire, et dans un même élan de solidarité.

Le peuple qui a vaincu sa peur a fini par prendre son courage à deux mains après avoir secoué ses «puces» en donnant de la voix à l'unisson, faisant tremblé les murs, tout en affichant sa détermination à faire partir la canaille qui a terni l'image de notre pays dont les richesses de son sous-sol ont été bradées aux multinationales, en échange de leur protection et de leur maintien à vie au pouvoir. Du moins espéraient-ils ! Mais où sont-ils passés leurs soutiens quand la rue a grondé pour prononcer son verdict ?

Les rats d'égouts ont quitté le bateau et ne cherchent plus qu'à fuir de cette Algérie qui est devenue pour eux, une «méga prison continen tale» à ciel ouvert, après que leur soit retiré leurs passeports ! Mais sans cela, où iront-ils ! Ceux qui jouissaient de la cruauté envers leurs frères seront comme dans le poème de Victor Hugo à propos de la Conscience ; poursuivis là où qu'ils aillent par l'œil de Caïn le fratricide. Qu'ils le sachent ou pas, qu'ils s'en défendent ou pas, leur culpabilité infléchira durablement la trajectoire du restant de leurs vies et celles de leurs proches. Quelle honte ! Ils sont réduits à se cacher ou à raser les murs têtes baisées pour tout le restant de leurs vies et finiront en pestiférés, sans goûter au plaisir d'une retraite tranquille honnêtement méritée, et d'une reconnaissance de leur peuple pour services rendus à leur pays !

Tout cela a mis du baume dans les cœurs meurtris de nos compatriotes d'ici et d'ailleurs qui pensent à haute voix, sainement et sans eux ; à une Algérie nouvelle dans l'amour, la fraternité, l'unité et la cohésion sociale. Rien de plus ! Et c'est là, le miracle de l'éveil citoyen sur lequel personne n'aurait parié un sou! Tout le monde est maintenant averti ! Jamais plus le peuple ne pourra accepter que des décideurs, des gouvernants et des commis d'État ripoux s'installent dans les institutions de sa République naissante et gèrent notre pays à leur guise! De nouvelles règles se sont établies sous l'œil vigilant de la société civile, et notre peuple a décidé de ne plus délivrer de chèque à blanc à quiconque ! Avec le concours de toutes et de tous, l'Algérie nouvelle naîtra dans un nouvel état l'esprit marqué par la droiture envers le Peuple et la Nation, dans le respect du droit et de la chose publique, dans l'instauration de l'égalité des chances et la réhabilitation de la justice ...

Alors ! La machine judiciaire longtemps grippée et instrumentalisée par le système maffieux, prédateur et corrompu qui a su décrypter les messages forts scandés par notre jeunesse et particulièrement, par les étudiantes et les étudiants les élites de demain, ces « graines » porteuses d'espoir de la « pépinière » Algérie qui ne doit plus être, celle de la multiplication des organismes génétiquement modifiés (OGM), s'est enfin libérée de la pesanteur sclérosante et partisane de sa tutelle. Cela a été possible grâce au courage et à la détermination de certains magistrats qui eux aussi, en avaient gros sur le cœur pour avoir été longtemps muselé et utilisé contre le peuple. Elle s'est mise en branle et a commencé à s'autosaisir des premiers dossiers brûlants jusque là gardés sous le coude par ce « ministre » de la justice qui se voyait déjà dans le costume de présidentiable en dauphin supposé de « fakhamatouhou » de par sa seule position de serviteur zélé à l'extrême et, de par sa proximité géographique avec le maître des horloges.

Par vagues successives, les charognards qui pouvaient tout faire, tout se permettre, tout acheter jusques y compris des chefs de gouvernements, des ministres, des walis et bien d'autres commis véreux de petite vertu ou de faible caractère, sont aujourd'hui pensionnaires de la mythique prison de « quatre hectares » à El Harrach. Ils ont même tiré avec eux, leurs fidèles mentors. Et c'est tant mieux que l'honneur de la justice de notre pays soit réhabilité ! Il fallait que ces gens orgueilleux, vaniteux et arrogants finissent par comprendre que celui qui détient le pouvoir n'est rien d'autre qu'un simple dépositaire et non, le propriétaire de la chose publique. Commander le peuple c'est d'abord le servir et lui assurer la paix de l'esprit et non le soumettre et le mépriser.

DU SENS MORAL À DONNER À L'INCARCÉRATION D'EX COMMIS DE L'ÉTAT

Quel que soit l'énoncé des peines qu'encourent les deux ex premiers ministres et autres membres de gouvernements qui ont failli à leurs devoirs et obligations de gardiens des institutions le la République, le message à celles et ceux qui plus tard prendront de hautes fonctions, est on ne peut plus clair. C'est vrai que si le peuple se réjouit de l'incarcération de ceux qui ont trahi sa confiance et l'ont dépossédé de ses richesses est tout à fait légitime. Mais il n'en demeure pas moins qu'après la réjouissance, l'idéal serait maintenant de donner un sens moral aux peines infligées par la justice si tel est le cas, à ceux qui cherchaient à être les architectes de leurs propres « avenirs », et non, de celui de « leur » peuple qu'ils ont très longtemps méprisé au point d'ignorer ses réactions.

Dans l'isolement sidérant de leurs cellules, chacun d'eux se doit de débobiner le film de sa vie professionnelle tout au long des quatre mandats de « fakhamatouhou » dont-ils se disputaient la proximité, eux les enchérisseurs en louanges par excès, comme au temps de Kim Il Sung le chef suprême de la Corée du Nord ou de son fils Kim Jong Il. Ils doivent mesurer la nature des dégâts collatéraux causés par leurs agissements sous forme de décisions prises, lorsqu'ils ont :

1. procédé à l'emprisonnement de centaines de cadres managers du secteur public pour préparer la destruction de ce qui restait de cet indispensable outil de production, d'études et de réalisation aux échelons national, régional et local, tout en procédant à sa cession au dinar symbolique à ceux qui deviendront leurs amis et leurs protégés pour finir aujourd'hui, par être leurs compagnons de prison. Des carrières ont été brisées, des torrents de larmes ont été versées, des drames familiaux ont éclaté, des travailleurs par centaines de milliers ont été mis au chômage et des préjudices énormes ont été causé au trésor public;

2. dépouillé le secteur agricole de ses meilleures terres, celles des fermes pilotes dont ils sont devenus, eux, leurs progénitures, leurs proches et leurs amis oligarques les nouveaux colons. C'est ainsi que l'opportunité de création de coopératives agricoles n'a pu être saisie pour donner du travail à des dizaines de milliers d'agronomes au chômage, alors que dans une sorte de fuite en avant l'on continue à faire semblant de les former sans aucune perspective de travail à leurs sorties de l'ENSA de Hassan Badi et autres facultés à travers tout le territoire national ! Pour la petite histoire, l'ENSA, cette grande école jouxte la prison d'El Harrach devenue leur domicile. N'est-ce pas là, une drôle de coïncidence pour ceux qui ont dépecé le foncier agricole et hypothéqué notre souveraineté alimentaire ?

4. mis en place le fameux « Conseil National de l'Investissement » présidé par le premier ministre qui dispensait ses largesses en avantages fiscaux et en prêts bancaires sans que ne soit donnée aucune garantie aux banques publiques qui agissaient sur coups de fil avec tous les risques encourus pour les gestionnaires terrorisés à l'idée d'être relevés de leurs fonctions s'ils n'appliquaient pas les décisions qui leur étaient juste soufflées à l'oreille.

Leur séjour en prison doit-être saisi comme une formidable opportunité pour réapprendre tout ce qu'ils n'ont pas su faire c'est 20 dernières années; en matière de gouvernance, de planification et de prospective, de transparence dans la passation des marchés, de maturation de projets, de choix des entreprises selon les règles et normes en vigueur, d'écoute des avis des experts et bien d'autres choses utiles. L'idée serait de doter la bibliothèque de la prison d'El Harrach par une documentation spécialisée qui couvre tous les domaines qui se rapportent à la gestion des affaires publiques. Il faut espérer que ces VIP et « honorables » détenus puissent sortir un jour, plus cultivés et plus intelligents qu'ils ne l'étaient à leur entrée ...

QUE FAUT-IL FAIRE DANS L'IMMÉDIAT !

L'implication de la justice, accompagnée par la détermination et la vigilance du Hirak sous la protection de notre armée populaire a été un véritable électrochoc salvateur pour la suite du déroulement de la feuille de route qui doit conduire inéluctablement à l'émergence d'un changement radical comme exigé et revendiqué massivement par le peuple lors de ses marches. Encore faut- il se rendre à l'évidence que le passage d'un système corrompu et corrupteur qui a métastasé tout le corps social depuis très longtemps et surtout au cours de ces deux dernières décennies, à une nouvelle République totalement inscrite dans les principes fondateurs d'un État de Droit, ne saurait se réaliser à la vitesse de l'éclair comme exigé par la rue.

Il faut finir par comprendre que nous sommes là, dans une démarche de démantèlement des pièges et de désamorçage des « mines à retardement » qu'a laissé derrière lui ce diabolique président destitué et, que veulent maintenir certains malgré son départ et l'ampleur du Hirak. Cela veut dire que la sortie de crise se réalisera pas à pas en gardant toujours à l'esprit, le but final de ce mouvement pacifique qui est celui, de couper les amarres avec l'ancien système et tout le reste de ses reliques qui continuent à sévir dans l'ombre. Dans ce cas de figure, les maîtres mots ; sont patience et vigilance accrue de la part de nos concitoyennes et concitoyens pour éviter tout d'abord, l'entrisme de ceux qui cherchent à donner un second souffle au système honni, eux les caméléons dotés d'une grande capacité d'adaptation à tous les sons et musiques pourvus qu'ils soient de la course. Il n'y a cas voir ce qui se passe en interne dans les partis dominants de la coalition, et au sein même de l'Assemblée nationale pour s'en convaincre et comprendre l'ampleur de la tâche qui attend notre jeunesse et nos forces vives qui doivent être armés de patience.

Il faut aussi garder à l'esprit que le changement tant souhaité par la grande majorité des Algériennes et des Algériens ne saurait se réaliser dans le désordre qui a un impact très négatif sur l'image du pays, sur l'économie de manière générale, sur la dynamique des entreprises publiques et privées et sur le climat des affaires avec nos partenaires étrangers. Nous devons donc être animés par une extrême sagesse, en cherchant tout d'abord à juguler l'érosion des emplois (déjà plus de 250.000 travailleurs au chômage pour le seul secteur du BTPH) afin d'anticiper sur les difficultés qui pourraient naître d'ici la rentrée sociale (cette autre grosse bombe à retardement), si des solutions ne sont pas trouvées dans l'immédiat pour la relance économique des entreprises qui ont gelé leurs activités ....

Cela veut dire que l'entêtement et les actes d'obstruction et ou de sabotage à la marche pacifique d'un peuple, déterminé à être l'acteur principal dans le choix du projet de société qu'il s'emploiera à mettre en œuvre sont des attitudes condamnables, dès lors qu'il faille placer les intérêts du pays au-dessus de toutes autres considérations en évitant que les prochaines élections présidentielles, une fois toutes les conditions seront réunies, ne soient entachées de suspicion si l'on venait à confier leur organisation à l'actuel gouvernement qui n'a jusque donné aucun signe qui puisse permettre de mesurer ses capacités à être à la hauteur des défis posés à notre pays, combien même, certains de ses membres ne traineraient pas de très lourdes casseroles ou ne soient pas impliqués dans des affaires en cours d'examen par la suite .

La sortie de crise politique dans la légalité constitutionnelle et la relance économique qui sous-tend l'instauration d'un climat de confiance en interne et en externe, requiert une mobilisation accrue de notre ressource humaine d'ici et d'ailleurs, et par conséquent, la mise en place d'un authentique gouvernement de compétences qui dépasserait largement dans sa démarche analytique et prospective, celle de l'actuel qui de son propre avoeu ne fait que gérer de façon approximative, les actions à caractère répétitif au niveau local, alors que les grandes questions latentes qui impactent l'avenir de notre pays restent du ressort de la grande expertise, aux plans politique, économique, social et culturel ...

*Professeur