Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Si la
Maison-Blanche avait promis de dévoiler son plan de paix pour le Proche-Orient
après le mois de Ramadhan, Jared Kushner, gendre de Trump,
en charge de ce dossier, en a donné récemment quelques détails. Le 2 mai dernier, lors d'une conférence organisée par le cercle de
réflexion Washington institute for near east policy
(Winep), créé par des proches de l'Aipac, l'un des plus puissants organes du lobby
pro-israélien aux USA, Kushner a dit que tout ce qui a été entrepris jusqu'à
présent n'a pas trouvé de solution concrète au conflit israélo-palestinien,
d'où sa conviction que « la solution à deux Etats », défendue par la communauté
internationale depuis plus d'une vingtaine d'années, ne fera pas partie du plan
de paix que l'administration américaine devra présenter dans quelques semaines.
D'ailleurs, ce projet-là est délaissé dans les discours officiels depuis
l'entrée du président républicain au bureau ovale. « Si vous dites deux Etats,
explique le haut conseiller américain, en présence de deux soutiens
indéfectibles de Tel Aviv et de la colonisation, à savoir Jason Greenblatt, envoyé spécial de Trump
pour le Moyen-Orient et David M. Friedman, actuel ambassadeur américain en
Israël, ça veut dire une chose pour les Israéliens, ça veut dire une autre
chose pour les Palestiniens. Alors on dit vous savez, on n'a qu'à ne pas le
dire ». Autrement dit, l'option de la reconnaissance d'Etat palestinien par les
USA est d'ores et déjà écartée. La déclaration de Kushner cadre, il est vrai,
avec la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, actée de manière
aussi unilatérale que controversée par Donald Trump
fin 2017. Kushner affirme aussi que cette reconnaissance-là ferait partie de
tout accord final. En même temps, il réitère l'approbation des Américains de
l'annexion par Israël de la partie occupée depuis 1967 du plateau du Golan
syrien. A ce titre, il espère que, si jamais des désaccords auront lieu, ils
porteront seulement sur le contenu des détails plutôt que sur les concepts
généraux. Une façon d'éviter, sans doute, tout compromis possible en faveur de
la reconnaissance d'un Etat palestinien. Bref, la position américaine semble
inchangée depuis la mort du leader Yasser Arafat en 2004.
Pour rappel, l'administration américaine de l'époque avait tenté de financer des infrastructures politiques et économiques palestiniennes, en vue de faire de Ramallah la capitale d'un Etat virtuel qui ne verrait jamais le jour. D'une tergiversation à une autre, les Américains ont pu saper toute revendication politique des Palestiniens qui puisse déranger l'existence d'Israël. «Nous voyons Israël comme un pays très spécial. C'est la seule démocratie dans la région», conclut le même responsable, ouvrant la voie à une alliance stratégique future, plus étroite qu'auparavant, d'Israël avec l'Arabie Saoudite, l'Egypte et la Jordanie, pour endiguer le péril iranien. Encourageant Israël et favorisant les divisions inter-palestiniennes, les Américains regardent aujourd'hui avec indifférence les attaques menées par Netanyahu dans la bande de Gaza. |
|