Et si
Sofiane Djilali avait tout résumé de la crise politique qui secoue le pays
depuis la «démission» de Bouteflika de son poste de président de la République
? Dans un entretien accordé à la radio nationale, Chaîne 3, le président du
parti Jil Jadid, a appelé, hier, à négocier
directement avec l'état-major de l'ANP, le «véritable détenteur du pouvoir».
L'ancien bras droit de Boukrouh, du temps du PRA, a
dit tout haut ce que tout le monde pense, en affirmant que l'armée est
redevenue le centre de décision du pouvoir réel avec lequel il faut discuter.
Ce que préconise Sofiane Djilali n'est plus ni moins que la première étape vers
une sortie de crise souhaitée par la rue et les partis de l'opposition tout en
évitant la solution du fait accompli érigé en véritable feuille de route par
les décideurs. Ce que dit Djilali, c'est que ni Bensalah
ni Bedoui ne sont les tenants du véritable pouvoir et
de ce fait ne sont pas habilités à conduire des élections, et c'est à
l'état-major de s'associer avec les forces vives du pays pour trouver une issue
à cette crise politique. En appelant l'armée au dialogue, le président de Jil Jadid cherche à composer avec «le réel» pour éviter les
sous-traitances et les «fuites» et embrouilles qui peuvent en découler. Tout le
monde sait que depuis l'activation de l'article 102 de la Constitution et la
destitution de Abdelaziz Bouteflika, l'armée a repris
les rênes décisionnelles du pays. Cette réappropriation du pouvoir, longtemps
entre les mains du clan Bouteflika, se confirme chaque jour et trouve son
application à travers les décisions prises par Gaïd
Salah dont son appel pressant à la justice pour qu'elle active son action. Et
les justiciables qui sont aujourd'hui sous les verrous sont généralement
considérés comme les adversaires personnels du chef de l'état-major ou faisant
partie des cercles proches de ses ennemis. L'incarcération des Saïd Bouteflika,
Toufik, Tartag, Haddad, les frères Kouninef, Melzi et Rebrab est considérée, à tort ou à raison, comme la
personnification relationnelle de Gaïd Salah
matérialisée par le truchement de la justice. Et c'est cette perception qui
laisse les Algériens perplexes devant le choix des hommes visés et la véritable
indépendance de la justice. Sofiane Djilali fait sienne cette citation qui veut
qu'il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints pour gagner du temps et
aller au plus vite vers une période de transition consensuelle.