Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Esprit cupide et raisonnement stupide

par Slemnia Bendaoud

La nature humaine nous a tout le temps enseigné les méthodes idoines pour trouver des clefs appropriées à toutes les portes restées très longtemps hermétiquement fermées.

De manière à en finir au plus vite avec les souffrances susceptibles d'être vaincues au prix de l'effort, sinon celles possibles à atténuer dans leur teneur ou grande vigueur.

À chercher après des solutions justes et appropriées à nos problèmes quotidiens, jugés comme par trop complexes ou réputés être bien difficiles. À si possible entrevoir des sorties honorables à des situations rendues fort compromettantes et longtemps subies ou endurées sans pouvoir les vaincre.

Le mérite à agir de la sorte permet en particulier de dépasser « nos esprits tordus », de vaincre « nos pensées dépassées » ou complètement « rétrogrades» et déphasées, de « percer les secrets d'alcôves » des horizons bouchés, et de finalement nous libérer des « clichés préétablis » et autres situations claustrophobes qui pèsent énormément dans notre quotidien.

Battre en brèche tous ces nombreux écueils de la vie n'est justement pas chose aisée, au regard notamment, des vicissitudes que nous endurons au quotidien, sans bien souvent nous en inquiéter outre mesure, au vu de nos comportements incommodants de nos jours, taxés comme « foncièrement égoïstes et très calculateurs » par endroit ou de façon plus générale.

Et pour détendre un tant soi peu l'atmosphère, intervient alors, parfois au galop, si ce n'est à l'improviste et en véritable sauveur d'une situation devenue récurrente ou assez tendue, ce rire utile, sinon futile, parfois imbécile, ridicule, têtu, fou, moqueur, improvisé, déguisé, en coulisse, provoqué, hypocrite, provocateur, décapant, gênant, sous cape ou aux éclats, celui qui irrite ou tire son essence de la satire, celui qu'on ne peut réprimer ou vraiment étouffer et empêcher ...

Mais qu'est-ce le rire ? Rime-t-il seulement avec ce sport utile dont a besoin le buste et la tête du corps humain pour se détendre ? Secouer le premier et remettre bien en place la seconde ? Ou a-t-il encore un quelconque intérêt à d'abord se circonscrire dans le sillage de l'humeur du jour qui lui sert de véritable détonateur ?

Est-il si imbécile ? Plutôt très utile ? Tout le temps provocateur ou bien souvent assassin ? Tout à fait instantané ou à dessein provoqué ? Sinon s'impose-t-il à nous de droit lorsque la raison fout le camp ? Ou que la situation bifurque dans le ridicule et bascule dans l'insensé qui excluent toute logique pensée ?

Ce tombeur des grands, ce bourreau des gens vaniteux et tourmenteur des responsables condescendants, n'est-il pas aussi ce bruit trouble, insoluble dans le brouhaha, et plutôt inconvenant et très gênant ? Celui qui rend bien souvent si difficile et assez complexe la toute nécessaire communication, notamment lorsque l'atmosphère ne se prête guère à transmettre aisément le Savoir ou pour diffuser une quelconque information dans de bonnes conditions ?

N'est-il pas à lui seul cette autre forme de communication, parfois osée sinon codée et dosée, où l'on se partage le bonheur d'exister à défaut de bien profiter de la vie en société, en toute intimité, en aparté et même en toute petite communauté ?

N'est-il pas aussi cet espace de distraction privilégié qui divertit et instruit, mais aussi celui qui aide à communiquer à travers le mouvement des lèvres et le bruit du son de la gorge de la personne qui le produit ? Et pourquoi donc fait-il à la fois dans ce mélange réussi du sport et de l'humeur, en particulier pour celui qui le déballe en catimini ou sans discontinuité ? N'est-il pas cet acte sonore qui nous honore, ce geste instantané qui se moque royalement des protocoles spontanés, ce bruit involontaire qui nous commande de ne jamais nous taire face à des situations très précaires ?

Ce sport si prisé qui se manifeste de manière très sporadique et bien désirée, cette bonne humeur qui nous procure joie et bonheur, rien qu'à ouvrir la bouche pour pousser ce cri heureux qui le balance tout de go dans les airs ?

N'est-il pas ce signe sonore qui trace à travers sa manifestation les contours d'un plaisir partagé où chacun des acteurs ou invités du jour se met de la partie de façon tout à fait naturelle afin de contribuer à sa manière à un spectacle intéressant, sans le recours à une quelconque scène, et qui procure à tout son monde de la joie et beaucoup de bonheur ? N'est-il pas cet entracte qui marque la fin d'un fabuleux spectacle ou encore le début d'un tout autre acte d'une pièce de la vie ou d'un vrai théâtre au quotidien, consigné dans nos mœurs et pour longtemps encore dûment enregistré dans nos consciences et mémoires ? A mesure que son image nous submerge l'esprit, on en prend acte !

N'est-il pas cette indispensable pause qu'impose une atmosphère plutôt morose, devenue subitement insupportable ou par moment très délétère, à cause du manque de piment dans la discussion, sinon d'analyse sérieuse qui rend le climat ambiant forcément ennuyeux et peu intéressant ?

N'est-il pas cette nécessaire bouée de sauvetage qui triomphe du premier coup de tous les ratages dans notre comportement à durablement chercher à profiter de nos bavardages inconséquents souvent pris pour ces mirages qui nous envoient bien loin de l'existant ?

N'est-il pas ce coup de semonce qui indique à sa manière une sentence que nul ne peut la remettre en cause ou en douter outre mesure, pour finalement se plier à ses exigences et se conformer à ses traditions qui somment tout le monde à faire la fête ? Rire à en mourir ? De joie ou de folie ? Rire à en pleurer ? D'euphorie ou de fureur ? Rire en vrai débile ou de démence ? Rire jusqu'au délire ? Rire à devenir vraiment ridicule ? Dans notre comportement ou façon de parler ? Rire à perdre la raison ? Sa lucidité ? La correction... ?!

Tous ces scénarii existent aujourd'hui ! Il ne faut jamais en douter ! La raison se trouve dans nos comportements du moment. Pour nous Algériens, le rire est désormais permanent. Il n'est à priori ni le symbole de ce sport utile, ni même l'expression d'une humeur volatile qui vire au risible par moment. Peut-être le produit des deux réunis.

Ne sommes-nous pas devenus la risée du monde ? Et pourquoi nous nous sommes si étrangement éloignés des comportements sérieux de l'entité humaine ? Pourquoi avoir donc franchi tant de balises pour tout juste satisfaire à un égo démesuré ? La réponse coule de source : ce culte de la personne qui détruit toute la charpente sur laquelle s'appuie la société ; cet égoïsme qui triomphe du formalisme pour battre en brèche l'esprit communautaire !

En effet, l'Algérien est si profondément plongé dans le ridicule qu'il n'éprouve plus la moindre honte à faire dans l'idiot, à singer le sot ou à ?manque de pot- supplanter dans son comportement le champion des imbéciles !

Çà a l'air de devenir une véritable mode, nantie de ses subtils codes, quadrillée de ses nombreux signes et très variés styles où émergent du lot tous ces funestes opportunistes qui résistent farouchement à tous les pourtant très valides instruments qui dictent nos valeurs et régulent nos relations et comportements avec l'Autre.

Tous les secteurs de la vie en société en sont contaminés ou littéralement infestés : des plus difficiles à investir aux plus dangereux à s'en saisir de cette main de fer, au vu de cette pratique mesquine ou façon très osée qui renseigne parfaitement sur cet état de la Nation dont nous n'en sommes guère fiers !

Ce délitement si dangereux dans notre comportement s'explique, en fait, par cette façon où nous sommes plutôt enclins à copier le responsable ?sinon ses larbins- dans ce qui est de nature à ne s'en conformer que dans les aspects négatifs liés à sa personnalité ou volets très compromettants pour l'avenir du pays.

Soyons sérieux : arrêtons de faire toutes ces comédies politiques et conneries très comiques qui poussent le peuple à l'exaspération et le pays à la dérive ? Peut-on enfin revenir au réel et à la raison pour explorer de nouveaux horizons, bâtir sur du solide et du durable, mieux considérer nos atouts pour investir dans ce qui est plutôt utile et vraiment à notre portée ?

Qui nous empêche à présent de faire dans ce qui est d'essence logique ou sur le plan de son analyse et raisonnement comme le plus juste ou très correct pour nous glisser dans ce labyrinthe qui ne nous refile à longueur de temps que ce qui est culturellement impropre, politique incorrect, moralement prohibé, démocratiquement insensé, déontologiquement condamnable, diplomatiquement non admis ou jamais permis, légalement interdit, économiquement très compromettant, stratégiquement fort inquiétant... ?!

La réponse est toute simple à donner. Qu'on en juge donc !

Le rire que produisent nos comportements malsains ou actes folkloriques est très présent dans notre quotidien. Plus que de raison ! On aura presque tous versé dans cet esprit insensé ou complètement déglingué qui défie les règles basiques et élémentaires de la vie en société :

Car comment encore manquer à ce point de candeur pour tomber si bas dans les profondeurs d'une inextricable spirale qui aura tout détruit de nos valeurs ? Comment réussir cette extraordinaire prouesse de troquer sans remords ce qui nous est pourtant très cher contre ce produit douteux qui nous vient d'ailleurs ? Mais lorsque ce rire « si rédempteur » ou « très coutumier » prend des allures d'une « véritable raillerie » à cause justement de la « fourberie politique » d'un système gagné par la gérontocratie, la plaisanterie devient vraiment difficile à supporter. Elle fera à coup sûr basculer le pays dans l'insensé et l'Histoire de toute une si Grande Nation dans une véritable tragédie.

La coupe est vraiment pleine ! La toute première goutte qui débordera de son récipient fera tout capoter de cette Histoire si chère à ce vaillant peuple, qui aura longtemps mis à profit comme efforts soutenus, pour enfin la consolider.

Continuer à nous mentir peut-il encore servir à quelque chose ? Se voiler encore la face a-t-il une raison d'exister ? Tout ce délitement inquiétant dans nos comportements peut-il nous mener quelque part si ce n'est dans cette fausse piste qui ne conduit qu'à l'errance et à l'égarement ?

Que c'est rigolo de se gaver des ces étranges trémolos de nos personnages politiques qui ne reculent devant rien pour à tout moment davantage nous replonger la tête dans les fins fonds de la bêtise humaine et inextricables fourrés d'une ruse inopportune !

Leur discours n'a plus cours. Sans aucun recours ! Bien souvent, il tourne court. Il est toujours le même : côté jardin ou côté cour. Comme ils sont drôles, en jouant à ce rôle de vulgaires diablotins ! Eux qui trainent derrière eux toutes ces casseroles, ne ratent aucune occasion pour s'exhiber dans leur show hautin truffé de tout un ennuyeux et si agaçant baratin.

Avant le jugement dernier, on est souvent d'abord jugé par nos pairs. Nos propres amis ou membres de la même famille biologique ou politique. Bien avant que ne le fassent à notre sujet nos très farouches ennemis et redoutables adversaires.

Le verdict est donc prononcé sous la forme d'un quitus qui résume notre vie dans ce monde ici-bas avant d'atterrir forcément dans celui de l'au-delà. Aussi, la sentence est souvent sans appel.

L'autre verdict, à huis clos celui-là, est quant à lui des plus sévères. Plus lourd encore de conséquences que celui fait par nos pairs et semblables d'ici-bas, sensés nous juger. Car, c'est en vrais experts en la matière que ces derniers s'expriment. Parfois par déprime, si ce n'est au regard des référents qui touchent à la conscience collective du groupe auquel nous appartenons.

Le mentir-vrai (celui qui fait rire) ?comme unique devise- est donc de mise, toute honte bue, généralement très solidement accompagné de tous les stratagèmes de pure forme à l'effet de faire convenablement passer la pilule.

A l'origine, il est obligatoirement fait appel à une sémantique des plus rigoureuses, faisant référence à beaucoup de marketing au plan de la ruse utilisée quant au but visé, cependant habilement camouflé ou encore non avoué. Phénomène si amusant dont on ne se gène plus !

Ce jeu-là peut toutefois paraitre comme très anodin, un peu plaisantin, dès lors que l'usurpateur donne libre cours à des fantasmes dont il ne peut tenir court la bride, juste pour satisfaire à une convenance d'un quelconque divertissement, en tentant de jouer à une véritable superstar.

Mais à mesure que l'appétit d'assouvir un plaisir tantôt mesquin, tantôt peu humain, plutôt vilain, monte crescendo et en perpétuel mouvement, l'essai esquissé prend donc la véritable forme d'un vrai danger sociétal. Surtout lorsque le costume exhibé pour la circonstance par l'indiscutable intrus ou le très opportuniste homme politique laisse à penser sinon transparaitre cette impression que son tout frêle ou gracile corps nage complètement dans l'habit d'emprunt séquestré sous les auspices de l'autel d'une politique dangereuse et mensongère à souhait qui nuit énormément à la société et au devenir de la Nation Algérienne.

Dès lors qu'on refuse de vieillir dans notre giron qui colle avec l'ancien temps, on ne peut véritablement singer les nouvelles générations. Le manque de réflexe dans nos idées et mouvements trahit nos actions pour nous immédiatement décaler au second rang. Sinon loin derrière ce monde qui fait notre quotidien !

Cette brave Révolution qui a enfanté Larbi Ben M'Hidi et ses nombreux frères d'armes a-t-elle un quelconque lien avec celui dont se prévaut aujourd'hui la gouvernance Algérienne ? Sans doute aucun !

La différence de leur combat se situe au niveau de leur allégeance à l'idéal idolâtré ou au Chef vénéré de leur époque respective. La première a vigoureusement combattu la soumission, ouvrant la voie à l'indépendance du pays et de la Nation. Tandis que la seconde en fait tout un programme !

Pas question d'être expert pour faire désormais dans cet humour décapant au moindre geste qu'on entreprend. Il suffit tout juste de bien observer l'aspect factice, le faciès imbécile, l'acte sot, le geste déplacé et la parole osée et non fondée de nos politiques visiblement idiots qui font dans le rôle du bon valet, pour tout deviner du premier coup et trouver la formule déjà prête à l'emploi.

Survint alors ce rire plutôt triste qu'on ne peut malheureusement réprimer, exprimé en catimini ou encore engagé à gorge déployée à nos dépens, et qui marque de son empreinte sonore notre manque d'assiduité, sinon désigne notre indigence en comportements humains intelligents et sérieux ainsi que notre entrain à vivre en marge des sociétés évoluées.

Et que dire encore lorsque le clownesque le dispute au guignolesque dans nos habitudes et comportements quotidiens ?! Le constat est des plus accablants : nous manquons terriblement de sérieux dans nos idées et actions !

Vendre le mirage de l'image d'un Président absent reste la seule préoccupation du moment d'une gouvernance qui balaie d'un revers de la main toutes celles pourtant bien réelles des nombreux citoyens Algériens.