Le Hamas
national a décidé de boycotter l'élection présidentielle si le candidat
briguait un cinquième mandat. Les islamistes BCBG du MSP ne veulent
certainement pas verser dans le ridicule en envoyant l'un des leurs jouer aux
lièvres, et Dieu sait combien de prétendants rêveraient d'être dans la peau
d'un Roger Rabbit, une carotte à plusieurs milliards
entre les lèvres. En effet, si les jeux sont faits et l'identité du locataire
d'El Mouradia connue, pour peu que l'autre se
représente, le suspense entoure le reste de la course. Qui seront les autres
candidats aux starting-blocks ? Si le favori a déjà franchi la ligne d'arrivée
avant même le coup de starter, l'opinion nationale veut bien connaître le CV
des autres coureurs, histoire de se marrer un bon coup surtout en ces moments
de grande dépression. Même si, officiellement, la campagne n'est pas ouverte,
on n'hésite pas à vendre son poulain, à placarder les affiches électorales
avant l'heure, à se vautrer par terre, espérant garder toujours sa place parmi
les courtisans. On se prosterne, à qui touchera terre le premier, à qui restera
le plus longtemps dans cette posture d'avilissement et on surveille du coin de
l'œil l'ami le plus proche. Pour les lièvres, c'est une autre histoire. Celle
d'abord de ramasser 60.000 signatures pour les indépendants, autant ranger les
vagues et les compter au clair de lune pour certains qui veulent s'essayer à la
chose politique. Parmi les candidats à la candidature : des noms, des prénoms,
des sigles et des prétentions démesurées doublées d'un ego surdimensionné. On a
les sérieux qui croient pouvoir changer quelque chose. Il y a les rêveurs qui
se voient déjà en sauveurs de la patrie. Et pêle-mêle : les clowns de service,
les habitués, les professionnels, les opportunistes, les revenants, ceux qui
sont en service commandé, ceux de passage, les courants d'air, les potiches,
les faire-valoir, les mauvais comédiens, les improbables figurants, Bolt, Lennon, Takfarinas, Nacer de Bel-Abbès? De toute
façon, il y en aura pour tous les goûts, à toutes les sauces, à se les farcir
pour donner plus de sérieux à une élection qui ressemblera, à s'y méprendre,
aux trois derniers scrutins présidentiels. Cette galerie de lièvres en
décomposition est pourtant un mal nécessaire à notre démocratie claudicante si,
en haut lieu, on ne veut pas revivre le scénario de 1999 lorsque Bouteflika
s'est retrouvé, à la dernière minute, seul candidat, lui enlevant tout crédit
d'une joute électorale équitable. C'est qu'en ces temps-là, les candidats
n'étaient pas encore briefés sur le rôle à jouer ni sur l'attitude à adopter.
Mais c'était en ces temps-là, pas aujourd'hui. Reste l'autre scénario, si
l'actuel président de la République ne se porte pas candidat à sa propre
succession pour une raison ou une autre. L'inénarrable Ould
Abbès, l'homme de la Suède, l'a clairement dit : «Le
futur président de l'Algérie sera issu du FLN, point barre». Alors, faites vos
jeux et que les meilleurs lièvres soient sélectionnés.