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Atmosphère crispée à la veille de la rentrée sociale

par Abdelkrim Zerzouri

La rentrée sociale qui rime avec mouvement syndical, sous-entendant grogne et contestation socioprofessionnelles, s'annonce sous des airs de crispation politique. Peut-être que c'est le propre de toute rentrée sociale qui, après une parenthèse de vacances, voit les revendications socioprofessionnelles reprendre leurs droits sur un front social en apathie, ainsi qu'une reprise des activités du gouvernement sur fond de changements attendus à la tête de plusieurs départements ministériels. C'est pour cela, d'ailleurs, que les gouvernements appréhendent ce rendez-vous, tentant par divers moyens de le dépasser sans trop de casse. En cela, la rentrée scolaire, qui se confond avec la rentrée sociale, constitue l'axe le plus sensible de cet évènement qu'on prépare avec soin depuis la fin du mois d'août, avec la reprise des personnels administratifs et aujourd'hui avec la reprise des enseignants.

Ce n'est pas de tout repos, d'autant que les préparatifs se trouvent plus compliqués depuis l'apparition de l'épidémie du choléra. Le branle-bas de combat est justement mené sur ce terrain sanitaire par le département de l'Education nationale, avant de passer aux choses sérieuses, en l'occurrence les rounds de discussions avec les syndicats, annoncés à partir de la deuxième semaine après la rentrée scolaire, soit à partir du 10 septembre. Des discussions et non des négociations. Ce qui fait la faiblesse de cet anneau qui risque à tout moment de lâcher prise dans le milieu de la chaîne pédagogique. Déjà, l'UNPEF annonce la couleur à travers un préavis de grève lancé dès les premiers jours de la reprise de travail du personnel administratif, le mercredi 29 août. Il s'agit des économes, affiliés au syndicat UNPEF, qui engagent les premiers un bras de fer avec la tutelle, en entamant une grève du 9 au 13 septembre, avec sit-in devant les directions de l'éducation le 11 septembre, en signe de protestation contre la non satisfaction de leurs revendications, restées lettre morte, selon les termes de leur communiqué.

D'autres syndicats pourraient suivre la cadence de la protesta, certains l'ont clairement laissé entendre, puisqu'il n'y a aucune évolution sur ce chapitre des revendications socioprofessionnelles depuis l'année scolaire écoulée. Il y a tout juste des bras de fer qui se sont terminés non pas sur la base de négociations entre les partenaires sociaux, mais suite à des décisions de justice qui déclarent les grèves illégales ou dans le sillage d'interventions des hautes autorités qui mettent fin aux conflits en garantissant la prise en charge des revendications. Chose qui laisse les portes ouvertes à tous les vents. Enfin, il y a également les médecins résidents qui renouent avec la protesta ce dimanche 2 septembre. Et il faudrait s'attendre à ce que d'autres syndicats affichent leur ras-le-bol.

C'est l'air du temps de toute rentrée sociale, et c'est au gouvernement de désamorcer les crises et les conflits. Et, il y a surtout le fait qu'il est attendu que cette rentrée sociale soit empreinte d'une ambiance très politique. On parle en effet d'un imminent remaniement au sein du gouvernement qui toucherait de nombreux postes ministériels, dont celui du Premier ministre. Sans oublier que c'est la rentrée sociale qui précède immédiatement l'important rendez-vous des élections présidentielles, prévues en 2019, faisant immanquablement peser le politique sur le social.