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Les nuées de drones sur Hmeimin: un message à l'adresse de Moscou

par Kharroubi Habib

Depuis le début août, la base aérienne russe de Hmeimin en Syrie, le dispositif névralgique de la présence militaire russe dans ce pays est la cible d'attaques quasi quotidiennes à l'aide de drones systématiquement interceptés et détruits à l'aide des moyens de défense aérienne et de guerre électronique déployés par Moscou pour la protéger. Avant cette date, la base avait été la cible de tentatives de la sorte mais pas au moyen de véritables flottilles de drones comme c'est le cas depuis.

La nuée de drones qui tentent de l'atteindre est le signe que c'est une opération qui ne peut être taxée d'artisanale comme cela a été quand ceux qui l'ont montée ne parvenaient à envoyer qu'un ou deux drones en direction de la base russe. Les responsables militaires russes savent désormais que leur base est la cible d'une menace qui va grandissante parce que les radicaux disposent à l'évidence des moyens d'une guerre électronique et qu'ils sont probablement aidés dans leur maîtrise par des parties étrangères qui à l'évidence ont opté pour cette sorte de guerre afin d'essayer de neutraliser le fonctionnement de leur base aérienne qui abrite l'essentiel de l'aviation russe qui assure à l'armée syrienne le soutien aérien qui lui est indispensable pour ses offensives ou contre-offensives contre les groupes armés qui persistent à l'affronter.

Etant établi que les drones ont pour point de départ la province d'Idleb contrôlée quasi totalement par le Front El Nosra, il n'est pas exclu que ce groupe terroriste soit celui qui a été doté de l'arsenal de drones qui sont utilisés contre la base de Hmeimin. Il n'est pas du tout fortuit que l'on assiste à l'intensification d'attaques au moyen de drones alors que se sont élevées des mises en garde contre toute tentative qu'entreprendraient les forces gouvernementales pour reprendre aux groupes jihado-terroristes le contrôle de la province d'Idleb, la seule qui échappe encore à celui de Damas, et qu'il est question d'une réunion internationale en Turquie sur la Syrie regroupant la Russie, la Turquie, la France et l'Allemagne qui aurait justement pour point central de négociation le sort de cette province.

Il y a certitude quasi certaine que les attaques à répétition contre la base de Hmeimin sont montées pour faire pression sur la Russie pour qu'elle se montre plus conciliante sur le dossier d'Idleb et qu'elle pousse le pouvoir syrien à en faire de même. Ce que veulent en fait leurs commanditaires et probables véritables opérateurs c'est le maintien du statu quo qui permettrait à leurs protégés syriens de conserver le contrôle de la province et d'être par là même en mesure d'empêcher la réunification de la Syrie sous l'autorité du pouvoir de Damas. Un tel compromis n'écartera pas la menace qui pèse sur la base russe de Hmeimin tant l'expérience a prouvé que les groupes jihado-terroristes que ces parties prétendent contrôler s'affranchissent de leur tutelle et font un usage de l'armement qu'elles leur fournissent dès lors que leurs buts de guerre ne sont pas pris en compte par ces parties.

Il n'est pas en tout cas dans l'intention du pouvoir syrien de céder sur sa détermination à faire retour de la province stratégique pour la souveraineté et la sécurité de l'Etat syrien. La sécurisation de la base de Hmeimin est un objectif vital tant pour la Russie que pour Damas qui ne peut être atteint qu'en expurgeant de la province les reliquats jihado-terroristes qui y ont trouvé refuge.