Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Réalité entre indignité des uns et audace des forts

par M. T. Hamiani

L'importance réelle des hommes se tire moins des fonctions qu'ils remplissent que de la valeur qu'ils ont, de la position qu'ils occupent ou de l'influence qu'ils exercent.

A 90%, les responsables en Algérie sont nommés par erreur et maintenus par oubli. Dans notre société, les idées sont achetées, vendues, et le plus souvent volées.       

Quelqu'un, un travailleur par exemple, a une bonne idée concernant l'organisation de son poste de travail. Il l'exprime à la ronde, un patron s'en empare et la met en application en s'en accordant le mérite et en récoltant une prime au rendement. Ça se passe, la plupart du temps, comme ça dans les entreprises car ce sont les travailleurs qui connaissent le mieux les instruments de travail et comment en améliorer la performance. Les patrons observent les relations de travail bien davantage que les outils eux-mêmes.

Ils imposent d'ailleurs aux travailleurs des instruments de travail peu conviviaux, désuets par rapport aux technologies les plus modernes, ramassant toujours au passage la plus-value engendrée par le travail de leurs subalternes. On ne demande d'ailleurs pas aux patrons d'avoir des idées; on attend d'eux qu'ils policent l'environnement de travail de manière à ce que celui-ci génère un maximum de profits pour les propriétaires ou les actionnaires d'une entreprise.

C'est pour cette raison que l'on choisit généralement les patrons parmi les plus bornés d'une entreprise; ils sont là comme chien de garde et c'est à peu près tout. Il faut voir la folie non seulement comme une maladie mais comme une révolution de la pensée.         

C'est elle qui ouvre de nouveaux créneaux qui permettent de considérer la société sous un autre angle que l'angle dominant soutenu par la propagande massive diffusée par les médias de masse. Elle bouscule les idées reçues, remet en question les modèles établis, nous sort des cadres rigides de la philosophie dominante uniquement basée sur la recherche de profits.

La folie est révolutionnaire, elle est ouverte au changement et s'y applique même, elle est un vecteur de la pensée résolument opposé à celui du système.         En face de la norme, la philosophie des fous et des folles est saine. La normalité est responsable des manipulations, des atteintes à l'environnement, des inégalités sociales, de la brutalité avec laquelle on s'attaque aux opposants, elle est tout sauf saine. Ses tenants sont des malades qui devraient être soignés. Nos chefs sont de dangereux malades mentaux que rien ne peut arrêter. Leur folie est dévastatrice, paranoïaque; ils entendent des voix, celles de l'appel à la manipulation, ils sont tout sauf raisonnables. Ils nous préparent une société morte. Et entre-temps, ils agissent comme les féodaux qui sentaient venir leur fin et pratiquaient la politique de la terre brûlée. Nous devons réagir. En premier lieu, nous devons nous écarter des médias de masse qui déversent leurs propagandes et qui servent uniquement la mafia politico-financière.

Nous devons inventer d'autres modes de vie et les mettre en application. Nos solidarités doivent faire large place aux marginaux, à ceux qui ne pensent pas comme les autres; ils enrichiront notre réflexion. Face à la folie furieuse de la ploutocratie qui nous opprime directement ou indirectement, nous devons opposer une idéation nouvelle, riche en invention, basée sur le respect et la paix. Ce ne sont pas les fous qui sont violents, ce sont les autorités dans leur attitude face au peuple. Nous allons donc nous autoriser à ne pas jouer selon les règles établies par les tenants du pouvoir, mais par des moyens élaborés notamment par les plus originaux d'entre nous, par ceux et celles dont la société est incapable d'entendre le discours car notre avenir et celui de nos enfants en dépend.

Il n'y a pas une réalité, cela n'existe pas. Il y a nos perceptions subjectives de la réalité, dans lesquelles nous pouvons être faibles ou forts, selon nos choix. La plupart des gens décident d'être faibles, soumis à des réalités subjectives qui ont choisi, elles, d'être puissantes. Ils gardent le dos courbé, ils reçoivent des coups sans résister, ils sont définitivement les moins forts dans la réalité dans laquelle ils ont choisi de vivre. Ils sont des parties du troupeau de moutons que rien n'effraie. Ils vivent dans une réalité subjective qui leur est totalement défavorable, et ils ne savent pas comment en sortir. En fait, ils ne se posent pas la question. Ils ne voient pas que le problème se pose d'abord dans leur perception de leur réalité, sinon il ne leur resterait plus qu'à réagir, qu'à bouger au sein de leur réalité subjective pour se la réapproprier et devenir les plus forts. Bravo mesdames et messieurs les responsables, tout le peuple vous tire chapeau, vous avez de troublantes ressemblances et même plus avec ceux qui officiaient aux mêmes postes dans l'ancien régime: le silence, l'inaction, la lenteur et le profond mépris, la «hogra» à l'égard des citoyens, vos compatriotes et vos bailleurs de fonds qui ont droit à votre respect, à votre sollicitude, à votre intérêt et à vos réponses face aux problèmes posés et qui nécessitent une réaction claire et une action convaincante.

On ne trouve plus d'adjectifs pour qualifier l'attitude du politique et de l'administration dans toutes les affaires publiques; politiciens et administratifs qui, soit dit en passant, sont censés s'occuper des problèmes posés à la communauté nationale pour agir au mieux et en rendre compte au large public dans la transparence, surtout lorsqu'ils sont interpellés directement et publiquement comme ça été le cas de plusieurs problèmes.

Avant de terminer et pour rester juste, je vous fais part d'un doute qui me traverse l'esprit : est-ce que l'appareil judiciaire ne serait pas partie prenante dans ce désordre par sa lenteur ? Le politique, l'administration et la justice devraient clarifier et communiquer leur attitude publiquement et déterminer les responsabilités de chacun. Tout peut arriver si n'est pas prise en compte la désaffection des populations à l'égard d'un Etat qui n'écoute pas, ne va pas à leur rencontre et surtout ne partage pas avec eux les grandes décisions, ne les consulte pas, ne se concerte qu'avec lui-même...

L'omniscient n'est pas humain ! Il y a lieu d'aller vers une mobilisation accrue des compétences qui existent, contrairement à un certain discours gratifiant l'expertise étrangère à travers le copier-coller, mais demeurent marginalisées et jamais écoutées par les gouvernants. Savoir écouter et être accessible constitue les fondements d'un pouvoir populaire. Mais pour y arriver, il faudra extraire les gouvernants de leur bulle démagogique, populiste et autiste.

A bons administrateurs, responsables politiques au pouvoir, salut !