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L'Amérique d'abord et l'Europe à la remorque

par Kharroubi Habib

Les Européens qui ont pu penser que Donald Trump ne pourrait soumettre leurs pays alliés constants et fiables de l'Amérique au même traitement cynique et humiliant auquel il a soumis les pétromonarchies arabes qu'il a contraintes de «cracher au bassinet» des sommes colossales pour espérer conserver l' «amitié» et la protection des Etats-Unis ont eu à découvrir atterrés qu'il est dans l'exacte même disposition d'esprit à leur égard.

Depuis son investiture, le président américain n'a eu en effet cesse d'exercer en direction de l'Europe le chantage qu'à défaut d'augmenter significativement leurs contributions financières au budget de l'alliance militaire américano-européenne qu'est l'OTAN, les Etats-Unis réduiront la leur, voire même qu'ils s'en dégageraient purement et simplement. Il faut reconnaître à Donald Trump qui s'est fait élire en promettant à ses concitoyens que sous sa présidence l'Amérique établirait tant avec ses alliés que ses ennemis potentiels des rapports ne tenant compte que de son intérêt national d'avoir visé l'Europe à ses points faibles: ceux de la dépendance de ses économies au marché américain et de sa sécurité régionale qu'elle a placée sous le parapluie nord-américain. Sa mentalité d'homme d'affaires a fait entrevoir au président américain qu'en soumettant l'Europe à des pressions et exigences sur ces deux volets de son partenariat avec les Etats-Unis, il en obtiendra inévitablement des concessions qui dans l'esprit de la doctrine de «l'Amérique d'abord» sont un impératif qu'il se doit de lui faire accepter.

L'Europe a naïvement pensé que ses relations spécifiques et assurément stratégiques avec l'Amérique dissuaderont le fantasque Donald Trump d'entreprendre à son égard la même stratégie agressive du rapport de force qu'il a adopté à l'encontre de la Russie ou de la Chine pour ne citer que ces puissances auxquelles il a décidé de faire prendre la mesure des capacités de dissuasion dont l'Amérique dispose à leur encontre. Pour avoir fait de l'alliance économique et militaire avec les Etats-Unis «l'alpha et l'oméga» de ses relations internationales, l'Europe se retrouve totalement désemparée par la situation dans laquelle la placent les exigences de Donald Trump et de son administration. Elle n'a à moyen terme qu'à s'y plier, d'autant que l'union qu'elle constitue est loin d'être un bloc interétatique aux intérêts identiques et solidaires.

Il ne faut pas s'attendre de sa part à ce qu'elle défie le président américain qui pour toute vision qu'il a d'elle est qu'elle doit rester à la remorque des Etats-Unis et renoncer à son objectif d'être un acteur sur la scène internationale indépendant des Etats-Unis dans ses positionnements. C'est bien ce que lui a signifié Donald Trump hier à Bruxelles et sans ménagement comme il est coutumier.