Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le droit de tuer ou la paix confisquée

par Mahdi Boukhalfa

Hier, les Algériens, à l'instar d'autres peuples épris de paix dans le monde, ont célébré pour la première fois la Journée internationale du «vivre ensemble, en paix». Une journée, d'ailleurs instituée par l'ONU sur proposition de l'Algérie, qui rappelle en ces moments tragiques et douloureux pour le peuple palestinien et tous ceux qui luttent contre l'oppression et la barbarie dans le monde, en particulier celles de l'entité sioniste, combien les chemins de la paix, de la liberté sont semés d'embûches. Jamais le principe du «vivre ensemble, en paix», autant que la primauté du dialogue des civilisations sur le reniement de l'autre n'ont été convoqués par l'histoire contemporaine, ni menacés par les velléités guerrières d'un Etat terroriste, créé de toutes pièces au sortir d'un second conflit mondial, qui a sonné le glas du peuple palestinien.

La journée du 15 mai, celle de la Nakba, si elle a rappelé au monde dit civilisé et moderne que les Palestiniens ont été chassés de leurs terres et leurs maisons détruites en 1948 pour que soit fabriqué un Etat-bourreau de la paix et de la sécurité dans la région, elle a également servi de prétexte pour que soient assassinés les descendants des Palestiniens chassés de leurs terres par cette armée d'un Etat terroriste. Au-delà du nombre de victimes palestiniennes, toutes assassinées de sang-froid par Israël, car les soldats de l'entité sionistes obéissent aux ordres, il s'agit surtout de relever que cela met à mal cette volonté des pays épris de paix, de partage et surtout du désir de mettre de côté les différences et les clivages politiques, ethniques, confessionnelles et autres pour bâtir un autre monde. Celui où les Palestiniens, comme tous les peuples spoliés ou chassés de leurs terres par la force du colonisateur, pourront revenir et vivre sur leurs terres et donner un sens humain à une paix retrouvée, partagée, même avec l'ennemi d'hier.

L'exemple de «Madiba» est là pour éclairer les chemins de la dignité humaine, d'une liberté «sans vainqueur ni vaincu», et pour dire qu'une réconciliation entre les ennemis d'hier est politiquement, humainement préférable à une guerre sans fin. Destructrice de l'avenir des nations. C'est également cette philosophie, cette vision d'un destin commun entre Juifs et Arabes, Palestiniens et Israéliens, qui a été assassinée par les extrémistes de tous bords, y compris les militants du Likoud, opposés à tout accord de paix entre les deux peuples. En 1995, Itzhak Rabin, fervent soutien à une «paix des braves» avec les Palestiniens, avait été assassiné par les mêmes courants extrémistes israéliens qui sont à l'origine aujourd'hui d'un véritable crime contre l'humanité. Rabin assassiné, Yasser Arafat, également assassiné, avaient pensé ensemble que Palestiniens et Israéliens ne pouvaient indéfiniment se faire la guerre et s'ignorer, alors qu'ils vivent sur la même terre.

Cet espoir de paix, du vivre ensemble que l'Algérie prône plus que jamais pour éteindre les feux des conflits et des guerres ne peut devenir une réalité en Palestine tant que l'entité sioniste comptera sur le soutien zélé d'un Occident, toujours prompt à condamner les Palestiniens même quand ils sont systématiquement assassinés. Rabin et Arafat, tout comme les espoirs d'une paix confisquée, avaient été liquidés par ceux-là mêmes qui, aujourd'hui, sont en train de réinventer les méthodes nazies au Moyen-Orient. L'enclave de Ghaza a été construite sur le modèle des tristement célèbres camps d'extermination nazis.