Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

De bonne guerre !

par Kamal Guerroua

«Les guerres commerciales sont mauvaises et faciles à perdre», c'est ainsi qu'a répondu Donald Tusk, le président du Conseil européen, le 7 mars dernier, au président américain Donald Trump. Et pour cause, celui-ci aurait tweeté quelques jours plus tôt que «les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner», pour justifier les droits de douane qu'il veut instaurer sur l'acier, à hauteur de 25%, et sur l'aluminium, à hauteur de 10%. Une décision que Wilbur Ross, le secrétaire d'Etat au Commerce, aurait qualifiée de «mûrement réfléchie». En effet, les penchants protectionnistes du locataire de la Maison-Blanche n'arrangent plus les membres de l'Union européenne d'autant que, si une telle mesure est mise concrètement à exécution, elle pourrait coûter au Trésor public de l'UE environ 2.8 milliards d'euros. Une perte sèche difficile à accepter en ces temps durs de crise économique. En conséquence, un plan de riposte immédiat est déjà envisagé et détaillé par Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce. Selon cette dernière, une liste de produits américains, comme le matériel industriel en acier et plusieurs biens comestibles (orge, beurre, cacahuètes, airelles), et des produits textiles tels que les t-shirts, les jeans, les cigarettes, le tabac à rouler, etc., seraient fort probablement taxés dans les semaines à venir. De même, l'Union européenne peut aller loin dans ses mesures de rétorsion, en restreignant temporairement les importations européennes d'acier pour sauver les filières d'industrie locale. Un coup dur, à moyen terme, pour l'économie américaine sans doute. En outre, Bruxelles peut porter plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce tant que des Etats, comme le Japon ou le Canada par exemple, impactés par quelques mesures américaines, pourraient s'y joindre. Bref, loin d'apaiser les tensions, le dernier passage à l'acte de Donald Trump est un prélude à une levée de boucliers de part et d'autre de l'Atlantique. Cela est d'autant plus probable que la Maison-Blanche aurait indiqué que le Canada et le Mexique, et éventuellement d'autres pays, pourraient être exemptés s'ils renégociaient le Traité de libre-échange nord-américain en faveur des Etats-Unis alors que le sort de l'Europe reste jusque-là incertain. Au sein de l'administration américaine, les réactions ne sont pas toutes en faveur de Trump. D'ailleurs, Gary Cohn aurait déjà claqué la porte de la Maison-Blanche. Principal conseiller économique de Trump et artisan de la majorité des réformes économiques depuis l'arrivée du magnat de l'immobilier au pouvoir, celui-ci s'est dressé contre cette imposition des taxes douanières. Sa démission s'ajoute, en effet, à celle de Hope Hicks, la directrice de la communication et la confidente du président américain.