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Pensées et idées

par Chadouli Ahmed

Des pensées naissent des idées, des idées se nourrissent les pensées.

Quand le social s'appauvrit culturellement, la religion devient le refuge de la pensée. Par un surplus d'apparat religieux, les opportunistes pleins d'ambitions, si bien dissimulées, s'approprient l'espace. Le commerce devient leurs activités, l'éloquence verbales leurs vertus, et les réseaux leurs organisations.

Le materiel effrite nos habitudes, de nouvelles mœurs naissent qu'on croit valeurs. Elles nous égarent, la vue est là et la vision est nul part. Nous sommes dans l'eternelle insatisfaction.

La libre pensée laisse l'imaginaire developper des idées qui, souvent, vont au-delà de l'entendement. La libre pensée engendre des logiques insensées. La religion evite à l'esprit cette dérive.

Voir les choses de la vie sous l'angle du bien et du mal, accroit le calcul et limite le choix. La vie devient une medaille avec un avers et un revers, alors qu'en réalité, la vie est un champ où le bien est le travail où nous moissonnons ce que nous avons semé et nous vivons avec. Le mal c'est l'expectatif. Les jours passent, les années grippent les muscles et le temps fragilise les mouvements. Le passé devient l'actualité, le present une lassitude et l'avenir une incertitude. Au bonheur, on remercie Dieu et on demande assistance pour le partager avec les autres. Aux malheurs, on remercie Dieu, on demande aide pour le subir et d'en épargner les autres.

L'indigence spirituelle entraine la stagnation et le recul de la pensée et la facilité devient maitresse. Le debat est infecond et tout se justifie de réligiosité et s'apparente à un idéal utopique.

Cette facon de raisonner inhibe le progres et toute vision empreinte de valeurs universelles devient une héresie.

Faire du bien laisse l'âme sereine, faire du mal laisse l'âme douteuse. Ces actions résultent de notre vision de la vie. Plus nous pensons vivre grâce aux autres, plus le sentiment de faire du bien dépasse tout sentiment. Plus nous pensons vivre independant, plus nous sommes emprisonnés par notre égoisme et ligotés par notre cupidité.

Sommes-nous récompensés ou sanctionnés par le Créateur ? Un bien acquis, la santé ne sont guère une récompense. Un échec, une maladie ne sont non plus un châtiment. Nous sommes ni récompensés ni punis par le Créateur. Nous vivons et subissons ses décisions.

La souffrance de la dignité est plus douloureuse que toute autre souffrance. La faim peut disparaitre par un repas. La pauvreté peut disparaitre par une aubaine. La santé reste le bienfait à préserver.

L'enrichissement des nos us et coutumes impulsent à la culture des élans civilisationnels et rend l'âme plus compatible avec son milieu et l'esprit plus clairvoyant.

La vie est évolutive, toute rigidité culturelle emprisonne l'homme dans ses habitudes mentales. Sa pensée oppose un refus à toute évolution et la pauvreté spirituelle pense que la religion est la clé, alors qu'en fait, elle est les réverbères des pensées et des lampadaires des idées.

La raison doit s'appuyer sur la religion et orienter la pensée vers l'avenir et en faire de l'homme un acteur du jour et un utilisateur des toutes les innovations qui sont une bénédiction du Créateur.

Un bien occupe une place, mais donne t-il un sens à la vie. L'humilité est le trésor de tout un chacun.

Sommes-nous forts ? Sommes-nous puissants ? Sommes-nous supérieurs ? Ces sentiments nous bernent. Les biens acquis nous perdent et nous entrainent dans l'errance et nous font oublier notre petitesse et pis encore, notre faiblesse.

En partageant le bonheur, on s'ouvre l'espoir et les défis. En partageant le malheur, on soulage la douleur et le meilleur est possible.

L'âme est parfaite et recèle tous les caractères de l'homme (bon, mauvais, sot, intelligent, génie, fou). Certains sont nés avec un caractère, d'autres les développent involontairement et avec, ils deviennent des uniques inscrivant leur nom dans l'histoire. Bien heureux, celui dont le caractère rayonne sur l'esprit humain, heureux celui qui enrichit l'âme humaine.

Malheur à celui dont les caractères engendrent la douleur. Avec l'âge, l'homme se refugie dans les moments de joie de l'enfance. Plus les années passent, plus ces éclipses deviennent fréquentes. Ces moments éphémères de rêve, ravivent la flamme de l'âme usée par le temps. Un effort spirituel courageux guérira des escarres et débloquera toutes les énergies qui mettront la société musulmane en diapason de l'universalité.

La pensée doit suivre les réalités et de ressourcer des valeurs. Bâtir la pensée sur le passé, bien que glorieux, c'est le refus d'assumer et la faiblesse de se hisser à l'universalisme.

Une idée est utile si elle résout une contrainte, elle devient importante si son effet est conséquent. L'utilité et l'importance sont les deux bras de l'idée.

Peut-on différencier entre utilité et importance ? Doit-on s'appuyer sur l'une pour justifier l'autre. Une utilité avérée est conséquente dans le temps et l'espace et devient importante par ses effets. Une idée est utile quand elle ouvre des perspectives et génère des actions qui entrainent un mouvement vers un objectif dont l'importance n'a d'égal que les résultats escomptés.

On a beau avancer dans l'âge, le temps nous dépasse toujours. Toutes les choses importantes s'effritent et deviennent désuètes. Tout ce qui a été fait, peu ou prou est essentiel, nous gardons ces moments et nous oublions que le jour d'aujourd'hui n'est que la conséquence de la somme des vécus.

L'action du bien est acte universel qui émane du cœur avec un esprit social. Ce geste est empreint d'une franchise et d'une sincérité au nom de l'altruisme. Quand cette action devient religieuse, elle perd son universalité et son essence, elle devient une action mercantile, son auteur est dans l'attente d'une récompense, alors qu'un réconfort moral est plus enrichissant.

La perte d'un être cher vous désappointe, vous chagrine. Le mal est profond et vous couvre de douleur. Les souvenirs ravivent cette douleur, mais ranime un bonheur éphémère.

Le musulman d'aujourd'hui n'est pas en mesure de se situer sur la scène. Son incapacité se justifie par la crainte d'une éventuelle désobéissance et un souci d'autosatisfaction quitte à se contredire avec ses pairs où les justifications sont à foisons dues à de multitudes sources. La mort mérite tous les qualificatifs. Face à elle, point de résistance. Malgré nous, nous l'acceptons. Malgré nous, nous la supportons. Sans elle, point de pérennité. Sans elle, point d'amour. Sans elle, point de mémoire. L'aimons-nous ? Non, l'haïssons-nous ? Oui. La résignation reste la seule issue face à une destinée matérielle de tout être vivant. La liberté, est elle absolue ? Sans limites, elle obéit aux desiderata de l'être, comme la concupiscence, la turpitude qui deviennent des sentiments légaux. Cette liberté conduit vers l'errance de l'âme où l'assouvissement devient la foi, et la légitimité de ces instincts devient une raison. L'esprit demande, l'âme désire, la morale régule, la religion oriente et les lois guident. Quand obéir, quand suivre, quand écouter, quand entreprendre. Les méandres de la vie nécessitent une approche morale, une clarté de l'esprit et une voix tracée. La pureté de l'âme est le moyen d'y arriver.

Le bien utile valorise l'âme est enrichit l'esprit, Ce bien est le grain de blé qui donnera des épis. Le bien sans modestie rend l'esprit mercantile et l'âme aventureuse en quête d'un profit moral.

Un bien qui comble un déficit n'est qu'un éclair dans la nuit, illumine le quêteur pour le replonger dans le noir, ce bien est un plaisir de l'esprit et une joie de l'âme. La joie et le plaisir sont éphémères. Un bien moral soulage l'âme et éclaire l'esprit et renforce les valeurs universelles.

Les joies matérielles sont en fonction des disponibilités, c'est pour ça qu'il y a des riches et des pauvres. Les joies morales sont en fonction des possibilités, c'est pour ça qu'il y a des contents pour le peu et des mécontents pour beaucoup.

Les joies spirituelles sont en fonction de l'acceptation de la vie, c'est pour ça qu'il ya des humbles, des dévots et des marginaux. La joie de la vie c'est l'amour de toute les choses, c'est pour ça qu'il ya des hommes bons et des mauvais hommes. Le parfait est à Dieu, la reconnaissance des ses limites est toutes les joies du monde.

Avec l'âge l'insouciance diminue, la sérénité augmente, l'assurance est de mise et la sensibilité devient très perceptible. La douleur se cache, le cœur pleure plus que les yeux, le rêve se fige sur les moments heureux de la jeunesse. Le passé devient la joie, le présent la préoccupation et le futur des questions.

Ah ! Cette liberté d'expression qui permet à l'homme d'errer en quête de solution à des facilités de la vie au nom de la sacro-sainte liberté individuelle.

La liberté sans le respect des valeurs humaines n'est que du mépris, et la liberté sans le respect de la dignité humaine n'est que de l'arrogance. Peut-on standardiser les valeurs humaines ? Peut- on harmoniser la dignité humaine ? La démocratie veut, la science cherche et la morale s'interroge. La perte et l'omission des repères nous entrainent dans le tourbillon des inassouvis et nous autorisent tous les dépassements inimaginables. Que recèle l'esprit humain de sa vision des choses de la vie et de leur compréhension ? Que lui recommande sa pensée de faire de son imagination ? ?uvre-t-on pour un intérêt instinctif ou pour un intérêt relatif ? Une logique s'impose pour œuvrer dans l'objectivité.

Allons-nous vers la mort ou c'est-elle, qui vient à nous ? Beaucoup d'événements peuvent nous y conduire où le temps est en décompte. Mais c'est indéniable, la mort est là, tout prés tout loin.

Ce que l'homme entreprend est logique et se situe dans sa destinée, ou s'inscrit au fur et à mesure qu'il vit. Il est intéressant de situer une limite, même imaginaire, entre ce qui est écrit (destinée de l'homme) et ce qui inscrit (destiné à la l'homme). Il faut réfléchir, plus en détail à ces deux facteurs.

L'homme agit il dans ce sens ou avec ce sens, tout en ayant à l'esprit que tout ce que fait l'homme est prévu bien avant d'être pensé ? Hormis les choses de la vie, pour qui et pour quoi l'homme vit- il ? Sa vie n'est elle pas faite de choses qu'il a faites. Son existence n'est elle pas lie à ce qu'il a fait ? Et son être n'est il pas un fil d'araignée tendu entre une vie théâtrale et une existence circonstancielle ?

S'accrocher aux futilités spirituelles, c'est détourner son regard et fuir la réalité et délaisser les vrais matériaux spirituels qui illumineront l'avenir. A l'état actuel le salut vient de l'Islam et le Musulman n'a pas les aptitudes nécessaires de se hisser à la hauteur des événements que nous vivons.