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De l'annexion de Jérusalem à celle de la Cisjordanie

par Kharroubi Habib

Les instances dirigeantes palestiniennes qui en réaction à la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale « indivisible » d'Israël ont décidé de ne plus accepter le parrainage exclusif de l'Amérique sur le processus de paix israélo-palestinien sont désormais plus que jamais convaincues qu'elles ont eu raison d'adopter cette position, tant il apparaît que ce pays après avoir donné son onction à la dépossession des Palestiniens de la ville de Jérusalem envisage la possibilité d'une annexion pure et simple par l'Etat sioniste de la Cisjordanie occupée.

Selon le porte-parole de Benyamin Netanyahu, cette option ferait bel et bien en effet l'objet de discussions entre le président américain et le Premier ministre israélien et ce n'est pas le démenti que lui a opposé la Maison Blanche qui rassurera les Palestiniens et ceux qui avec eux soutiennent la solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien. De Donald Trump ils s'attendent à tout sur ce dossier car étant lui-même peu favorable à cette solution, il a en outre confié sa gestion à une équipe de sionistes militants qui rêvent de l'accomplissement du projet d'un « grand Israël » dont l'annexion de la Cisjordanie serait une étape naturelle. Cette équipe a d'autant aisément rallié Trump à ses vues qu'elle est parvenue à le convaincre que le rejet de la décision des instances palestiniennes de sa décision sur Jérusalem a été tout à la fois une « insulte » au président de l'Amérique et la preuve que les Palestiniens ne veulent ni la paix avec Israël, ni de négociations avec lui.

Benyamin Netanyahu n'aurait pas pris le risque de révéler que le projet d'annexion de la Cisjordanie fait l'objet de discussions entre Américains et Israéliens s'il ne savait pas le président américain prêt à l'envisager comme option qu'il soutiendrait. Donald Trump qui, rappelons-le, n'a pas exclu qu'une autre solution au conflit israélo-palestinien que celle à deux Etats serait à la base du plan qu'il annoncera en vue de son règlement, a lancé il y a quelque temps un « ballon-sonde » sur la possibilité qu'il y aurait d'en finir avec la question palestinienne en rattachant comme cela était le cas avant 1967 la Cisjordanie à la Jordanie et la bande de Gaza à l'Egypte.

Le refus compréhensible de ces deux Etats arabes d'entrer dans ses vues et sa répugnance à faire droit à la revendication palestinienne d'un Etat indépendant et viable ont dû lui faire prêter l'oreille aux partisans israélo-américains de l'annexion pure et simple des territoires occupés.

Ce serait désarmer les Palestiniens que d'essayer de leur faire croire que Trump ne peut tremper dans le complot consistant à faire prévaloir cette annexion. La révélation par la partie israélienne que ce complot est réellement en maturation devrait au contraire inciter tous les partisans de la solution à deux Etats à s'y opposer franchement et par des gestes forts.

Pour les puissances occidentales qui soutiennent cette option, il consisterait en une reconnaissance par elles pleine et entière de l'Etat palestinien tel que le leur demande Mahmoud Abbas et qu'elles diffèrent en prenant prétexte que l'Etat sioniste en connivence avec les Etats-Unis ne ferme pas toutes les voies à un processus de négociations qui mènerait à la création de cet Etat. Elles n'ont plus d'échappatoire si elles tiennent à être considérées comme des nations qui ne transigent ni sur la légalité internationale, ni sur les droits des peuples reconnus et défendus par elles.