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Réanimation

par Mahdi Boukhalfa

Les chiffres des performances de l'économie nationale pour 2017 seraient plus ou moins bons, selon la Banque centrale. Les déficits restent certes importants et la croissance demeure faible à moins de 3% alors que le déficit commercial est plus important que prévu. Mais, dans l'ensemble, les signaux sont à l'orange, après avoir été au rouge il y a six mois avec l'arrivée d'Ouyahia au gouvernement. Tout n'est pas encore vert sur le front économique, il reste encore beaucoup d'efforts à faire pour redresser la situation, faire baisser le montant affolant des importations qui ont atteint le «pic» de 48,7 milliards de dollars, contre seulement 32,9 milliards de dollars d'exportations d'hydrocarbures qui, elles, ont baissé en volume après une hausse de 10,8% en 2016.

Bref, les grands indicateurs macroéconomiques sont encore en salle de réanimation, même si le déficit budgétaire, petite satisfaction, est en nette baisse, autour de 6 à 7% contre les 15% de 2016. Des indicateurs chiffrés communiqués par le gouverneur de la Banque d'Algérie qui a en même temps établi nos réserves de change à moins de 100 milliards de dollars, un montant révélateur de l'extrême fragilité de l'économie nationale, car elle n'arrive pas, en pleine tempête, à se détourner des hydrocarbures qui restent la seule ressource d'exportation du pays. Une fragilité et une dépendance qui doivent plus que jamais forcer le gouvernement à entamer le plus rapidement possible la mise en place d'une alternative à cette fatalité.

Il y a certes l'industrie, l'agriculture, mais ces secteurs ont autant d'énormes potentiels à mettre sur la balance qu'ils sont minés par des méthodes de gestion qui ont depuis longtemps montré leurs limites. D'autant que sur le front financier et bancaire, les investisseurs ne se bousculent plus au portillon depuis l'instauration de la fameuse règle des 49/51% pour apporter de l'argent frais et des projets pour irriguer l'économie nationale. L'introduction de cette condition a pratiquement, en dépit des dénégations de tous les gouvernements respectifs depuis 2009, fait fuir de potentiels investisseurs. Même dans le secteur pourtant attractif des hydrocarbures, l'Algérie n'a plus reçu d'offres pour ses appels d'offres depuis au moins six ans.

Rien, aucune compagnie pétrolière, hormis une ou deux majors, ne veut plus investir en Algérie. Toutes les grandes compagnies pétrolières mondiales, dont les françaises, connaissent pourtant parfaitement le potentiel de gaz et de pétrole, y compris les ressources non conventionnelles, que recèle le sous-sol algérien. Mais elles ne sont pas venues. Le gouvernement est parfaitement au courant des raisons qui ont fait que le pays ne fait plus partie des zones d'attraction des investissements directs étrangers (IDE). Et, malgré la crise, la baisse en volume et en recettes des exportations de brut, et donc des ressources extérieures, la montée de la pression et la demande sociale, l'exécutif ne veut pas céder au camp de ceux qui estiment qu'il faut abandonner au plus vite cette catastrophique règle des 49/51% qui bloque en réalité toute reprise économique du pays. Et, au-delà, aucun signe positif à tous les opérateurs et les partenaires étrangers qui attendent des solutions, une sortie, une bouffée d'oxygène.

Une certaine idée éculée d'un nationalisme économique non seulement débridé, mais politiquement malsain, fait donc que le pays est boudé par des grands groupes industriels, pétroliers ou de services qui font tourner l'économie mondiale. Ici, ils veulent aller à l'économie de marché à leur manière, à leur rythme.