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Manipulations

par Mahdi Boukhalfa

La semaine qui s'achève aura été marquée par une extrême agitation au sein de l'ancien parti unique autour de l'autorité morale chargée de désigner le prochain candidat du parti à la présidentielle d'avril 2019. Forcer le destin politique du pays, monter des groupes de soutien à un 5ème mandat pour le président Bouteflika est devenu, par la force de l'indigence du champ politique, un sport favori national. C'est donc à celui qui prendra le premier l'initiative de soutenir un 5ème mandat que devrait, selon ces personnages, briguer le président Bouteflika.

Le coup de poker du député d'Annaba Baha Eddine Tliba, qui veut embrigader dans son aventure des personnalités de premier rang de l'échiquier politique algérien, a été démasqué. Mais, avant que le FLN, son parti, ne le désavoue, il aura quand même jeté un pavé dans la mare, provoquant des irritations inavouées et, surtout, un silence coupable. Hormis l'ex-SG du FLN Abdelaziz Belkhadem et l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui ont publiquement désavoué cette initiative malvenue et inappropriée, les autres personnalités mentionnées dans le carnet de Tliba n'ont pas désavoué publiquement la démarche. Autant dire que le silence d'anciens ministres dont le nom figure dans la liste de Tliba a pris des relents opportunistes, si ce n'est une couardise politique de se démarquer par rapport à une démarche dénoncée par le SG du FLN, lui aussi, mais pour d'autres raisons, outré par le geste de Tliba.

Et, comme les choses semblent être réglées comme du papier à musique pour cette candidature du président Bouteflika à la prochaine élection présidentielle, toute initiative qui sort du cadre officiel que sont en train de monter les partisans du 5ème mandat est vouée à l'échec. D'autant que le mot d'ordre au sein du FLN, imposé par Djamel Ould Abbès, un fervent partisan pour la candidature de M. Bouteflika à l'élection présidentielle d'avril 2019, est que personne ne doit pour le moment en parler de cette échéance électorale. Un black-out imposé par Ould Abbès aux militants du parti comme une tentative déguisée de monopoliser le soutien à ce 5ème mandat et de bloquer les prétendants, au sein du FLN et ses satellites, à s'accaparer du privilège d'être les premiers à annoncer que le chef de l'Etat est candidat à sa propre succession.

Le fond du problème est là, pour ce qui concerne le FLN, et son SG, très chatouilleux sur cette question de 5ème mandat de Bouteflika, au moment où une autre partie de la classe politique algérienne estime que le président Bouteflika doit passer maintenant la main et ouvrir la course à la présidentielle. Dans le cercle rapproché du chef de l'Etat, on reste bien entendu loin de ces gesticulations partisanes, de ces appels ouverts de personnalités politiques à un 5ème mandat et la concentration reste sur les questions sensibles de gestion des affaires de l'Etat. Un fait que ne semble pas transgresser le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, patron par ailleurs du RND, un des soutiens politiques du président, qui semble beaucoup plus concentré sur l'actualité économique et sociale explosive du pays. Ce qui n'est pas le cas du FLN dont l'agitation actuelle en dit long sur sa désorganisation, sur le poids de l'opposition interne à l'actuelle direction. Sur les appétits politiques insatiables de ses responsables.

Pour le reste, à la présidence de la République, les appels du pied ou formels à une candidature de M. Bouteflika à un 5ème mandat ne sont pas d'actualité, ni une priorité. Ce qui explique autrement le calme affiché par le chef du RND devant les déclarations, à droite et à gauche, de responsables du FLN qui ne se soucient pas de la situation sociale et économique difficile du pays, mais d'une élection présidentielle officiellement encore dans les cartons. Loin des préoccupations des Algériens.