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Les heureux élus

par El Yazid Dib

C'est la semaine des installations. Celle aussi des conciliabules, des conjoncturelles ligues et des temporaires coalitions. L'euphorie ou l'ineptie des jours passés s'apprête à rentrer dans les plis déjà en mode oublieux d'une énième élection qui aura, à son tour, fait des hauts et des bas. Faire une alliance contre-nature et se croire avoir remporté une élection ne serait digne que d'une pathologie bassement politicienne. Les bonnes alliances s'obtiennent au moins dans le cadre d'une éthique de comportement et non pas par souci de causer, à bon escient ou à tort, du tort à l'autre. Cependant, devant une léthargie hurlante d'un parti se croyant à son tour détenteur de tous les droits de propriété patrimoniale d'un pays, l'astuce d'alliance aurait à mettre à son profit toutes les motivations nécessaires. L'Assemblée de wilaya de Sétif, cette fois-ci, n'était pas dévolue à la liste majoritaire. A une voix, une seule minime mais importante voix, l'histoire locale a changé de camp. Toute la responsabilité incombe, selon les observateurs, non pas aux candidats mais à ceux qui dans une fausse posture, se prenant pour Redha Malek ou Krim Belkacem, allaient en négociations isolées, solitaires et fractionnelles. Le reste des intéressés étant mis en marge de ces manœuvres de quartiers ne semblaient pas appartenir à la même entité politique. Ils étaient comme des atomes libres et voltigeants. En aucun cas, la qualité de sénateur à l'arraché ou d'architecte à défaut d'angles ne donne le droit de brader au profit de son ego l'authenticité d'un parti pris en otage par ceux-là mêmes qui pensent détenir les clefs de toutes les victoires. La débâcle sétifienne est une débâcle individuelle, elle est personnalisée et identifiée dans le cloisonnement d'une tête mal charpentée malgré l'arithmétique ou l'inexacte géométrie qui semble s'y trouver. Le parti du pouvoir, de l'Etat, de l'histoire tel que défini par son secrétaire général était absent dans la présence factuelle d'heureux élus. La fête qui partait pour être assurée n'était pas au rendez-vous. Ailleurs, elle était collée à l'avance d'un scrutin décidé dans les communes, les douars et les décheras. La politique n'est plus cet art de compromis mais de complaisance.

Par contre, de l'autre côté, dans la minorité, recours y était fait à la stratégie du pire, à la roublardise du crépuscule et aux jeux de coulisses et de l'appétence. En fait, la politique tend en ces temps à justifier et corroborer toutes les mécaniques qui ramènent en bout un résultat à mettre en évidence. C'est dire aussi qu'en politique et pour savoir créer des élus heureux, il n'y a ni vainqueur ni vaincu, il n'y a que des circonstances adroitement mises en exploitation ou non. Quel que soit le partenaire qui aura à prendre les rênes des communes ou celles des présidences des Assemblées de wilaya, l'interrogation lancinante que se pose tout un chacun, c'est de savoir que va-t-on faire ?

Il est judicieux pour toute alliance de candidats heureux de se hisser vers une fédération d'efforts et une concentration de missions. Les attentes populaires sont longues en leurs diverses séries, leurs espérances plus langoureuses pour une satisfaction des plus minimales. Mettre son crâne, une fois élu, encore dans une boîte hermétique de partisannerie n'arrange pas les affaires publiques. Il ne reste qu'à se dénuder de son étoffe de meneur de campagne et s'insérer clairement, comme un gant, dans le service général public pour tous.