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Vulgariser les notions de création et émission de la monnaie

par Ali Derbala*

« Si la Terre produit assez pour les besoins de chacun, elle ne produit pas suffisamment pour l'avidité de tous » Gandhi.

La monnaie est définie comme étant des pièces de métal ou billets émis par un Etat pour servir aux échanges. Création et émission de la monnaie sont deux actions différentes. Malgré une publication abondante et volumineuse sur la monnaie, on n'est pas arrivé à expliquer le pourquoi de la création de la monnaie. De nos jours, il y a au moins trois types de monnaies légales, électronique, fiduciaire ou en papier ou en billets de banque et en pièces sonnantes et trébuchantes. La Banque Centrale d'Algérie, actuellement la Banque d'Algérie, imprimait les billets de banque à la rue des fusillés à Bir Mourad Rais. Elle n'était pas autorisée à produire de la monnaie en pièces. Ce rôle était imparti au Trésor Public. Mais tout a changé, seule cette banque assume tous les rôles de création de la monnaie. Tout virement fiduciaire postal ou bancaire sur un réseau ou sur Intranet ou sur Internet constitue une monnaie électronique. Une monnaie appelée « bit coin » circule sur le « DarkNet », de la toile secrète, illégale et parallèle à l'Internet.

1. De la création de la monnaie

Tout simplement, il faut dire que, par exemple, si la SNVI, anciennement la Sonacome, produit un camion d'une valeur de 10 millions de dinars, la Banque d'Algérie est autorisée, suite à cette créance née constatée, à imprimer 10 millions de dinars en papier pour que le citoyen ou le transporteur ou l'entrepreneur puisse l'acquérir ou le payer. C'est une contre valeur à un produit crée. Il est le seul cas légal ou le seul cas où on ne crée pas d'inflation et de dévaluation de la monnaie du pays. L'émission de l'argent doit être en rapport au moins avec une production nationale de biens. Une monnaie nationale est créée sur un travail fourni.

2. Planche à billets ou l'impression des billets de banque sans contre-valeur

Il y a peu de temps, l'insolente prospérité de l'Etat était gagée sur un baril de pétrole brut qui dépassait les cents dollars. Les revenus crées par des prix du pétrole et du gaz élevés ont permis aux Algériens de mener grand train. Les hommes, en général, n'aiment point les entreprises qui présentent de grandes difficultés. Cette situation nous a réservé des surprises assez désagréables. Les progrès sont lents, tardifs et faibles. Au lieu de se retrousser les manches ou de rapatrier de l'étranger les devises de la surfacturation, de détournement, de la corruption, des origines connues par les institutions mondiales de la finance, la voie salutaire est d'emprunter le chemin le moins sinueux et le plus facile : la planche à billets. Imprimer de l'argent pour payer les fonctionnaires et les députés n'est pas la bonne résolution. S'il faut imprimer des billets de banque, il faut le faire pour nourrir les mendiants et les empêcher de s'exposer dans la rue. Les pauvres resteront toujours avec nous. En dehors des grandes villes, elle est éloquente la misère muette des villages. La privation des libertés publiques empêche toute contestation. Les libertés donnent un sens à la démocratie. Quand la démocratie règne, le politique ne cherche plus à faire peur, mais à plaire, à entraîner en utilisant toutes les armes de la séduction et du raisonnement. Les libertés tiennent le politique en respect, le contraignent à être discuté, contredit, observé, mis en cause. Il se voit retirer le pouvoir par la décision du peuple et non plus la force brute aux mains d'un petit nombre [2]. Les effets pervers de la planche à billets sur la société sont de type inflationniste et de dévaluation.

3. Dévaluation de la monnaie nationale, un corollaire de l'inflation

La planche à billets fait ressentir au citoyen un sentiment de frustration et d'injustice face à l'effritement de son pouvoir d'achat. Au lieu de prendre de l'argent chez les riches par un impôt légal et non contraignant, l'Etat imprime des billets de banque sans contrepartie de production nationale, des faux billets quoi, mais légal ! Car selon Weber [3, p.xvi et xvii], l'Etat est le monopole de la violence physique légitime. Si un jeune homme photocopie en couleurs quelques billets et les file à la caissière d'un super marché pour acquérir des baskettes « Nike » ou d'une autre grande marque, il écopera des années de prison. Le Gouvernement se fait plébisciter pour son exploit dans les deux chambres d'élus, députés et sénateurs. Il compte aussi tendre la main une seconde fois ou une autre façon de demander de l'aumône aux banquiers du FMI et de la Banque mondiale.

Ces emprunts extérieurs seront difficilement remboursables. L'emprunt représente une émission de lettres de change au gouvernement, contenant une obligation à un certain taux, proportionnel à la somme du capital emprunté. Si l'emprunt est taxé à 10%, en dix ans l'Etat aurait payé un intérêt égal à l'emprunt et en vingt ans une somme double, et la dette reste toujours une dette non acquittée. Suite à notre banqueroute des années 93, les mises en œuvre des réformes économiques néolibérales, imposées par le FMI et la Banque Mondiale, ont été douloureuses pour la majorité des Algériens. Il faut savoir qu'une perte chronique de compétitivité dans l'industrie et le commerce de biens nationaux ne peut être corrigée que par des dévaluations de la monnaie [1, p.46].

Conclusion

Un responsable qui a attendu d'être aux prises avec des situations difficiles pour apprendre à s'en sortir n'est pas éclairé. Un responsable qui se préoccupe à l'avance de toutes les situations et solutions possibles est sage. Il doit se préoccuper des détails de l'action, avant l'heure. Un responsable imprévoyant laisse, au contraire, la pénible impression de patauger dans un imbroglio [4]. N'y a-t-il pas d'espoir pour le simple citoyen de vivre en paix, en sécurité, à l'abri du besoin et de la maladie ? La critique n'est pas une déloyauté. La corruption des élites, le pillage de nos ressources par les multinationales et ainsi que la balkanisation politique du continent africain sont les freins à notre épanouissement. Accomplir une véritable révolution sociale sans violence?ça s'est un défi lancé à l'intelligence.

*Universitaire

Références

1. Patrick Artus et Marie-Paule Virard. Le capitalisme est en train de s'autodétruire. La découverte/Poche, 2007.

2. Edouard Balladur. Le nouvel Observateur, hors série, N°66- Juillet- Août 2007, pp. 6-8.

3. Max Weber. Le savant et le politique suivi de : essai sur la neutralité axiologique. Enag/Editions 1991.

4. Jocho Yamamoto. Hagakure. Le livre secret des Samourais. Guy Trédaniel Editeur, 2000, p.13.