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Le choix des hommes

par Moncef Wafi

Le Premier ministre a tenu à démentir un quelconque remaniement ministériel donné comme acquis par certaines «sources». Le communiqué de ses services a affirmé qu'il n'existe aucun projet allant dans ce sens ou suggérant une restructuration du gouvernement. Ouyahia, en écartant, droit dans ses bottes, un quelconque remaniement ministériel, ne compte pas révolutionner le mode managériale du pays en optant pour un gouvernement de crise afin de répondre à une situation exceptionnelle.

Le Premier ministre aurait dû composer, en parallèle des décisions prises sur la planche à billets et l'octroi de plus de crédits au secteur privé, avec un gouvernement restreint, regroupé autour des portefeuilles clés pour mieux gérer l'urgence économique. Le processus de gestion de crise doit avant tout passer par celle des hommes qui sont appelés à y faire face et Ouyahia a apparemment raté une occasion de trancher dans le vif en opérant une rupture avec l'ancien système de gouvernance. En effet, et comme dans toute gestion, la première étape est la mise en place d'une cellule interministérielle de crise pour optimiser l'action des ministères que le Premier ministre peut conduire personnellement ou en confier l'autorité au ministre de l'Economie en l'état actuel des choses. Mais voilà, rien de tel n'a été proposé puisque Ouyahia fait des réformes engagées la seule porte de sortie de la crise. Si la démarche reste critiquée dans le fond par les partis de l'opposition et les économistes, elle l'est aussi dans la forme parce que le Premier ministre se repose sur une équipe qui a montré ses limites dans la gestion publique. Le choix des hommes étant aussi important sinon plus que celui de la stratégie à adopter, il aurait été judicieux d'opter pour un gouvernement de technocrates à même de remettre le pays sur les bons rails.

Une option qui s'impose d'elle-même du fait même de la nature de la crise qui exige de mandater des personnalités fortes, des visages connus et des compétences avérées en la matière. Ouyahia aurait pu gagner plus de crédit en se reposant sur des CV de gestionnaires et non des cooptations politiciennes, lui qui cherche à imposer sa propre vision de sortie de crise au détriment des appels à la raison des uns et des autres. Si le constat est consensuel, les solutions divergent et le Premier ministre aura tout à gagner à s'entourer de voix contraires pour équilibrer les risques.