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Le mal du moi

par Ahmed Farrah

Au moment où, quelque part dans l'Algérie de l'Est, un maire sortant et candidat à sa propre succession tente de s'immoler par le feu parce que son parti l'aurait déclassé de la tête de liste pour les prochaines élections communales, les Libériens élisent le successeur d'Ellen Johnson Sirleaf à la présidence de la République.

La présidente sortante a passé deux mandats successifs de six ans à la tête du pays. Elle est la première femme élue présidente d'un État africain et s'apprête à passer le pouvoir au prochain chef d'Etat élu ce mardi au suffrage universel. En 2011, elle obtient le prix Nobel de la paix pour avoir participé à pacifier son pays qui s'était embourbé dans une guerre civile ayant coûté la vie à des dizaines de milliers de Libériens. Bien que son bilan soit jugé en demi-teinte par l'opposition qui l'accuse de népotisme, elle a su attirer des investissements, rebâtir un État en ruine et développer les infrastructures nécessaires au décollage économique de son pays, qui reste encore l'un des plus pauvres au monde.

La dame de fer du Liberia se prépare donc à tirer sa révérence tout en gardant encore son poids politique très convoité par tous les candidats qui aspirent à lui succéder et aussi son prestige la destinant à occuper une carrière dans les instances internationales.

Voici donc une leçon de démocratie que donne au reste de l'Afrique sclérosée, ce tout petit pays de l'Afrique de l'Ouest qui se débat encore dans des problèmes économiques et sociaux mais qui semble avoir réglé les causes qui l'avaient basculé dans la violence, l'émiettement et l'appauvrissement de sa société, en s'attelant sérieusement à fortifier la légitimité de ses institutions et en respectant leur continuité et leur fonctionnement.

Cela ne semble pas être encore la particularité de l'élite algérienne qui porte en elle les gènes hérités de ceux qui n'ont jamais cessé de tirer la couverture à eux seuls, les impérieux. Comme cet intellectuel et politique qui revendique son droit d'auteur sur une initiative prise par trois personnalités politiques allant dans le même sens que son appel, en les sommant de se taire pour que le monde n'entende qu'une seule voix, au lieu de chercher à les additionner toutes pour qu'elles résonnent mieux et fort. Comme il est dit dans la chanson populaire : «Moi seul, j'éclaire la ville», malheureusement personne n'est, ni la pleine lune d'une nuit d'un ciel dégagé, ni le soleil avec toute sa majesté ! De petites lanternes rapprochées pour rendre clairs quelques lopins ou îlots seraient plus efficaces, messieurs de l'élite.