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La faute à la forte natalité !

par Abdelkrim Zerzouri

Rien de nouveau sur le front de l'éducation. Pas de nouveautés à annoncer pour cette rentrée scolaire 2017 / 2018. Excepté quelques nouveaux manuels scolaires introduits cette année, aucune autre primeur à signaler dans le secteur, le baccalauréat est gardé tel quel, le volume horaire des cours reste inchangé, les tabliers seront à la même couleur et c'est reparti pour une nouvelle année scolaire qui peut tout juste atteindre le niveau médiocre.

Certes, une éducation de base de qualité est promise pour tous les élèves, mais cette ambition sera difficile, voire impossible à réaliser. Rien ne plaide, en effet, en faveur de la «qualité» dans cette atmosphère sous pression. A commencer par les classes surchargées. Il y aura de la surcharge dans les classes, surtout dans les régions qui ont connu l'arrivée massive de nouveaux locataires, avoue la première responsable du secteur. Et, selon les pédagogues, il est impossible de chercher la qualité dans des classes à 40 et 50 élèves. Sans être alarmiste, c'est tout juste si on peut éviter la catastrophe dans pareille circonstance.

Enfin, on nous apprend que la surcharge des classes ne touchera pas uniquement les nouveaux sites d'habitation, car même dans les endroits qui n'ont pas vécu des mouvements dans la composante de population, et qui sont demeurés stables sur le plan résidentiel, la surcharge des classes sera également au rendez-vous. C'est la faute à la forte natalité, soit l'explosion démographique, considère la ministre de l'Education nationale. 270.000 nouveaux élèves sont attendus sur les bancs des classes pour cette prochaine rentrée scolaire.

Les Algériennes, qui ont fait beaucoup d'enfants ces dernières années, ont surpris les autorités qui n'ont pas planifié en conséquence la réalisation de nouveaux établissements scolaires. Oubliant les nombreux chantiers d'écoles qui n'ont pas été achevés dans les délais à cause du non paiement des «petits» entrepreneurs qui exécutent généralement ce genre de projets. Il y a également ces départs massifs d'enseignants à la retraite qui peut déteindre négativement sur la gestion des classes et la qualité de l'enseignement. Les nouveaux enseignants, recrutés sur le tas, qui sortent à peine d'une formation accélérée en pédagogie, ne peuvent pas s'en sortir dès les premiers mois de leur prise de fonction. Et il n'est pas dit qu'on ne va pas souffrir d'un déficit d'enseignants. On ira puiser, dans ce cas, dans les listes de réserve des candidats qui ont passé le dernier concours pour combler le vide.

Juste un décor. L'école à l'ère du bricolage, nous y sommes toujours. Lieu où s'entrechoquent les vagues de tous les maux sociaux, l'école reste encore otage des incohérences. Et on n'a pas parlé du malaise socioprofessionnel qui risque cette année de rompre avec le pacte de la paix sociale. Tous les corps confondus du secteur de l'éducation se lamentent, revendiquent, menacent de renouer avec la protesta, certains sont prêts à engager le bras de fer dès le premier jour de la rentrée, à l'enseigne des adjoints de l'éducation et les proviseurs, soit les administratifs. On n'est pas loin d'une rentrée scolaire sous le signe de la contestation. Et si on arrive à calmer les esprits en cette occasion qui se veut une fête nationale, la suite de l'année s'annonce dure, très dure.