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Les enfants d'un programme

par Moncef Wafi

A entendre le patronat, les partis de la majorité, le syndicat agréé et le gouvernement se revendiquer du programme du président de la République comme seule ligne de conduite a ce quelque chose de révoltant. D'inquiétant. La critique n'est pas dans ce programme tant vanté, quoique, mais dans la manière de l'utiliser. On le porte en étendard, on le présente pour se dédouaner, on le conjugue pour justifier sa bonne foi même si on vient d'hypothéquer l'avenir de tout un pays. Un alibi sur mesure pour se prémunir de toute poursuite et défendre l'indéfendable.

A chaque analyse critique, à chaque demande d'explications, on brandit cette carte du programme pour dire que ce n'est pas nous. Nous, nous sommes les hommes du Président et, à ce titre, on est au-dessus de tous. Oui, voilà leur réponse à toute intrusion dans leur univers des affaires. Haddad, Sidi Saïd, Ouyahia, Sellal, Ould Abbès et tous ceux qui s'accrochent à El Mouradia vous répondront qu'ils ne font que suivre le programme du Président. Et puis après ? Où nous a menés cette feuille de route ? La question mérite qu'on s'y arrête alors que se profile à l'horizon la présidentielle de 2019. Certains, parmi les plus zélés, parlent déjà d'un cinquième mandat. D'autres d'une lutte ouverte pour la succession mais toujours sous le parapluie de ce programme. N'est-il pas temps de passer à autre chose et de s'atteler à remédier à la triste destinée de ce pays ?

Si les voyants sont au rouge, n'en déplaise aux discours rassurants et lénifiants, c'est bien la faute à un système qui a fait de la rente sa seule arme de survie. L'industrie, l'agriculture ou le tourisme ont été minés par des politiques désastreuses menées par des gestionnaires à l'incompétence avérée et à la fin on vient nous expliquer que c'est le programme du Président. C'est vraiment prendre les Algériens pour plus cruche qu'ils ne sont que de leur faire croire que le programme de Bouteflika a pour but de ruiner le pays.

Le problème est indéniablement ailleurs, même si le chef de l'Etat a sa part de responsabilité dans la déliquescence de l'Algérie puisque c'est lui qui a nommé ces hommes qui se revendiquent aujourd'hui enfants de son programme.

Le problème est dans ces appétits insatiables d'argent public qui, en plus de puiser dans le Trésor, contribuent à la déchéance de tout un Etat.