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La guerre est déclarée

par Moncef Wafi

Flou artistique sciemment entretenu ou simples lectures d'observateurs en panne d'inspiration, l'avenir du Premier ministre est l'une ou l'actualité brûlante de la politique algérienne. Les informations rapportées par certains sites électroniques et organes de presse provoquent des aiguillages et défendent par intérêt des chapelles. Le buzz n'étant pas forcément le but recherché, on avance que l'action de salubrité économique initiée par Tebboune ne peut que nuire aux intérêts du pays et donner une fausse image du climat des affaires. Cette sortie ne peut que contribuer à formaliser cette idée reçue, donnant du Premier ministre l'image d'un communiste fou et dangereux, le couteau entre les dents, prêt à trucider les hommes d'affaires algériens.

Aujourd'hui, on reproche au Premier ministre d'avoir mis ou essayé de mettre un terme à une prédation de l'argent public. En imposant des licences d'importation, Tebboune savait qu'il ne s'attaquait pas seulement à un clan «mafieux» selon sa propre expression du temps où il était ministre du Commerce par intérim, mais à des intérêts étrangers. En ciblant certains produits, Tebboune s'attirait les foudres des Espagnols et des Français pour ne citer que ceux-là. Et quand on parle d'importation, on touche forcément à une chasse gardée de cercles d'intérêts assez puissants pour décider du sort d'un Premier ministre. C'est là et aussi dans sa volonté de séparer les sphères décisionnelles de l'argent des affaires que Tebboune s'est retrouvé en première ligne des attaques de ses ennemis.

Son entretien privé avec son homologue français a ainsi été commenté affirmant que si l'ENTV n'a pas couvert la rencontre c'est que l'homme est déjà en disgrâce. Que faut-il encore penser du pays si cela venait à se confirmer ? Est-ce la fin des illusions et cette certitude quasi pesante du pouvoir de l'argent des affairistes sur l'Etat de droit ? Il est à se demander réellement où nous en sommes de notre droit de vivre dans un pays qui respecte les règles du jeu et qui respecte surtout ses citoyens. Tout le monde sait que ce qui se trame aujourd'hui n'est qu'une plateforme de lancement pour 2019 et que les cercles d'intérêts placent leurs pions. Un prélude pour la succession de Bouteflika et que l'élimination des candidats potentiels a débuté il y a un moment.