Que reproche-t-on à Tebboune ? Le fait de vouloir faire le ménage et d'assainir le monde des affaires ou de séparer la politique de l'argent ? Difficile challenge que celui relevé par le Premier ministre lorsqu'on devine la totale imbrication entre les cercles du pouvoir et les affaires. Les révélations sur les entreprises des responsables au pouvoir ou qui l'ont été un temps sont une preuve indéniable de cette collusion d'intérêts et trafic d'influence qui ont gangrené l'économie nationale. Il est un secret de polichinelle de voir des entités économiques appartenant aux fils et aux filles de? prospérer et envahir le marché du jour au lendemain. Passe-droits et avantages en tous genres accompagnent la progression du chiffre d'affaires au nom du poste de responsabilité.

La pratique étant devenue la norme, on voit mal Tebboune s'attaquer à ce système rentier mis en place. On ne parle pas ici d'une quelconque intelligence dans le délit ou une ingéniosité dans les affaires, mais d'une pratique cannibale qui consiste à se couvrir du nom de pour faire de l'argent. Terrains, prêts bancaires et abattements fiscaux contre une promesse de promotion ou une menace de licenciement. Voilà où en est aujourd'hui l'Algérie, livrée aux mains de leur progéniture et gare à celui qui, par esprit patriotique et par amour du pays, s'oppose à cette gabegie. Tebboune a-t-il les reins assez solides pour passer à l'action ? La réponse peut faire craindre le pire puisque de l'issue de sa bataille dépendra le moral des Algériens.

La majorité espère le voir réussir là où personne ne s'est encore essayé. Si la suite des opérations débouche sur le retour au statu quo sellalien, alors plus aucun espoir ne sera permis à cette Algérie. Une certitude ancrée dans la plupart des consciences qui voit mal un échec de la politique de Tebboune relancer l'avenir du pays. La démarche et les mots du Premier ministre ont redonné espoir au peuple, populisme ou démagogie, règlements de compte ou enjeu d'intérêts, l'important c'est que quelque chose a bougé. Si le feu s'éteint, c'est toute l'Algérie, bien sûr celle d'en bas, qui continuera à vivre dans l'obscurité. Si le feu prend et s'étend à tous les cercles d'influence, l'Algérien le regardera brûler pour travailler de nouveau la terre.