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Cette islamophobie qui progresse !

par Kamal Guerroua

Malgré l'inanité de l'argumentaire des islamophobes, leurs propos haineux continuent malheureusement d'influer négativement sur les médias occidentaux.

Force est de constater que les attentats terroristes commis ces derniers temps à Berlin, Londres, Paris et ailleurs en Europe, ont cristallisé, avec la montée en puissance du djihadisme islamiste, cette peur, jusque-là latente, du musulman. Celui-ci étant symboliquement dessaisi à chaque levée de boucliers des propagandistes dans «une approche essentialiste» de sa qualité du «citoyen» en faveur de celle du «croyant»! Ce qui fait étrangement de «l'ethnicisme religieux» un critère subtil d'évaluation de la citoyenneté par des sociétés et des médias pourtant longtemps acquis à l'idée de la laïcité.

On se rappelle d'ailleurs que lorsque Oriana Fallaci aurait écrit en 2001, suite aux attentats due World Trade Center aux Etats-Unis, dans son fameux ouvrage «La rage et l'orgueil» que «les musulmans se multiplient comme des rats», beaucoup de voix se sont manifestées en Occident, non pour s'en indigner mais pour la soutenir. Parmi elle, celle d'un certain Alain Finkielkraut. Un philosophe «médiatique» très branché qui en avait même fait l'éloge, affirmant en mai 2002 dans «Le Point», que cette écrivaine italienne : « ? met les pieds dans le plat, elle s'efforce de regarder la réalité en face. Elle refuse le narcissisme pénitentiel qui rend l'Occident coupable de ce dont il est victime...».

A vrai dire, sous les apparences d'une guerre contre le terrorisme, presque toutes les démarches de l'intelligentsia occidentale s'assimilent beaucoup plus à «une croisade civilisationnelle contre l'islam» qu'à une tentative de le comprendre. Celui-ci étant partout confusément cité, interrogé, analysé, disséqué, revu dans ses moindres détails dans les journaux, les médias, les conférences, etc., mais faussement interprété et surtout mal compris ! En plus, depuis 2001, le monde musulman vit des attaques répétées et sournoises repeintes au nom de la liberté d'expression en analyses et en diagnostics objectifs d'une réalité sociologique : l'islamisme en Occident. Ces campagnes sont orchestrées généralement par une médiasphère à la fois réactionnaire, mythomane et nombriliste. Or, facilement manipulables et source d'affects réactionnels rapides, les masses musulmanes sont vite tombées dans le piège qu'on leur a tendu.

Ainsi, en septembre 2006 par exemple, la petite polémique suscitée par les propos du pape Benoît XVI sur la violence en islam, a provoqué un grand incendie qui aurait pu être évité s'il y avait, de part et d'autre des deux mondes (Occident et Monde musulman), cette main tendue pour un dialogue objectif, honnête et sincère. Tout cela a fait en sorte que l'encre ait coulé pour rien et que l'islamophobie devienne un sport oratoire sur les plateaux de télévision.

La montée fulgurante des groupuscules néonazis et la droitisation des sociétés européennes illustrent bien cet abîme d'incompréhension qui sépare les deux mondes.

Puis l'affaire des agression sexuelles «prétendument» commises par «des migrants» en 2016, durant la nuit de Saint-Sylvestre dans la ville de Cologne en Allemagne, perçue par d'aucuns comme le signe d'une «colonisation» de l'Europe, n'aurait fait que renforcer l'islamophobie dans ces sociétés d'accueil, gagnées par les stéréotypes.