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A Astana une lente mais encourageante démarche de paix

par Kharroubi Habib

Le format « Astana » donné à la recherche d'une solution politique négociée au conflit syrien a incontestablement permis d'encourageantes avancées sur cette voie. Cette démarche à laquelle ont souscrit les puissances parmi les plus impliquées dans le conflit syrien, en l'occurrence la Russie et l'Iran alliés du régime syrien et la Turquie en tant que celle des principaux groupes armés de la rébellion, a permis en effet l'enclenchement de négociations sur des bases excluant les préalables « non négociables » qui ont fait systématique capoter les rencontres de Genève sur la Syrie organisées sous l'égide de l'ONU.

Les parrains du format « Astana » ont fait preuve de pragmatisme en ne fixant pas d'emblée pour objectif à leur initiative la conclusion d'un accord qui mettrait fin à la crise syrienne, mais en les poussant à s'entendre sur des compromis dont la concrétisation sur le terrain créerait une situation qui permettrait d'envisager la fin de leur affrontement et alors d'avancer vers la solution politique du conflit. Il est indubitable que les « rounds » d'Astana ont produit une situation de la sorte au vu que les affrontements entre les forces du régime et celles de la rébellion qui y est partie prenante ont diminué d'intensité et que les belligérants privilégient désormais de négocier localement leurs fins quand ils persistent.

La lente mais encourageante démarche à l'œuvre à Astana n'est pas toutefois à l'abri des mauvaises interférences dont les acteurs sont les puissances pour lesquelles le conflit syrien ne peut avoir de règlement que celui qu'elles lui ont fixé dans leur agenda respectif. De ces jusqu'au-boutistes qui veulent entretenir la guerre par procuration qu'ils livrent au régime syrien à des fins n'ayant rien à voir avec la défense du peuple syrien, il faut s'attendre à ce qu'ils feront tout pour ranimer la guerre qui se déroule en Syrie. La carte dont ils disposent à cet effet est celle de ces groupes armés exclus du processus d'Astana en raison de leur nature terroriste.

Bien que les puissances impliquées dans le conflit mais absentes du processus d'Astana n'ignorent pas la nature de ces groupes, elles ne manqueront pas de prendre prétexte de leur poursuite de la guerre pour ne pas faire cas de ce qui se négocie dans la capitale du Kazakhstan. Peu leur importe en réalité que ces groupes armés soient terroristes et qu'en les soutenant elles entretiennent en fait ce fléau contre lequel elles entendent se battre sans compromis ni compromissions.

En Syrie, ce n'est pas une guerre antiterroriste que mènent l'Amérique et ses alliés régionaux et leur accointance démontrée avec des groupes terroristes le prouve. L'une et les autres sont acharnés à réaliser un agenda géopolitique répondant à leur ambition d'imposer dans ce pays et par voie de conséquence dans la région proche et moyen-orientale un ordre politique qui en permettra la concrétisation.

Il faut craindre que se voyant perdre pied en Syrie et leur projet mis en échec par les parrains du format Astana ces puissances perdent conscience qu'en tentant de reprendre la main quitte à provoquer l'élargissement du conflit qu'elles entretiennent dans ce pays, elles mettront du même coup en péril certain la paix du monde.