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Syrie : le risque d'une escalade militaire mortifère pour la paix mondiale

par Kharroubi Habib

Il ne fait aucun doute pour les experts militaires que la confrontation en Syrie entre les forces gouvernementales et la rébellion armée, toutes obédiences confondues, a tourné à l'avantage décisif des premières et qu'il ne faut pas par conséquent s'attendre à la chute du régime, objectif pour lequel cette rébellion armée a été provoquée et soutenue militairement et financièrement par les puissances étrangères ayant fomenté la crise et le conflit syrien.

Ce retournement de situation dans le conflit est pour sûr difficilement digérable pour les parrains de la rébellion d'où il faut par conséquent s'attendre qu'ils tentent de provoquer sur le terrain une situation qui justifierait une intervention militaire directe de leur part qui mettrait en difficulté les forces progouvernementales syriennes et permettrait à la rébellion armée de reprendre pied face à elles. C'est ce à quoi tendent les frappes militaires dont ont été les cibles ces derniers temps les forces du régime tant de la part de l'armée israélienne que de l'aviation de la coalition sous commandement américain. Il est clair que les frappes israéliennes et de la coalition ont eu pour but de pousser Bachar El Assad et le régime à des réactions donnant prétexte à élargir l'intervention militaire contre eux et ainsi atteindre l'objectif que la rébellion armée n'est pas parvenue à réaliser.

Jusque-là, le régime et ses alliés se sont gardés d'entrer dans le jeu de l'escalade militaire à laquelle veulent les pousser les agresseurs israéliens et coalisés. Mais il est certain qu'ils ont fixé des lignes rouges à ces agressions dont la transgression aura pour réplique de leur part des ripostes de dissuasion. Il est à espérer que ni Israël ni les Etats-Unis ne franchissent le pas d'une intervention militaire directe dans le conflit syrien qui entraînerait un inéluctable et non mesurable embrasement. C'est là hélas un espoir ténu du fait qu'à Washington et Tel-Aviv prédominent les partisans de la solution militaire du conflit syrien.

La stratégie de la provocation devant ouvrir la voie à celle-ci a été (il ne faut pas en douter) arrêtée lors des entretiens que Donald Trump a eus en Israël et en Arabie saoudite l'autre Etat régional acharné à la chute du régime de Bachar El Assad. Comme à leur habitude, ces va-t-en-guerre s'abritent sous des prétextes aussi fallacieux que cyniquement mensongers tout en sachant que l'opinion internationale n'en est pas dupe. Celui qu'a invoqué la Maison Blanche pour préparer cette opinion internationale à une intervention militaire étrangère contre le régime syrien est hallucinant par ce qu'il donne de justificatif à celle-ci. L'opinion internationale est en effet sommée de croire que l'intervention militaire s'impose car les services secrets et de renseignement américains seraient parvenus à la certitude que le régime s'apprêterait à faire usage de l'armement chimique contre la population civile. Certitude que n'étaie aucune preuve mais qu'il faut considérer comme telle car venant de services ayant la « capacité » d'anticiper les intentions de l'ennemi.

L'on sait où cette prétention a conduit et les horreurs qui en ont été la conséquence en Irak, en Libye et partout où elle a entraîné l'intervention de la puissance militaire américaine. Il est à craindre qu'en Syrie l'on va assister à un enchaînement d'évènements dramatiques qui transformeront le conflit dans ce pays en une confrontation généralisée qui s'étendra à toute la région et même au-delà.