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Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

par Cherif Ali

Je n'agirais pas comme mes prédécesseurs en VRP de nos voisins de l'Est et de l'Ouest en leur envoyant par légions entières, les touristes al gériens et, partant, sauver leur économie du désastre ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? J'essaierais d'avoir de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps, je ne m'occuperais pas de tout, et j'aurais toujours le souci de la proximité non seulement avec mes collaborateurs mais aussi avec tous les investisseurs qui ont à cœur de promouvoir le tourisme algérien, de lui faire rattraper son retard sur la Tunisie et le Maroc notamment. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

Je reconnais que le ministère du Tourisme - c'est là son principal défaut- a toujours voulu évoluer en solitaire, dans une insularité criarde, sans aucune complémentarité. Il lui manque, à ses côtés, et cruellement, un ministère de la Culture fort de ses compétences et de son budget, un ministère de la Communication percutant et un ministère des Collectivités locales géré par des experts ; il lui faut aussi, en appoint, un secteur bancaire réformé, affranchi de ses carcans et des partenaires privés mus par l'esprit gagnant-gagnant ! Je ferais en sorte avec le soutien du Premier ministre d'apporter tous les correctifs nécessaires. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Dès ma prise de fonctions, j'engagerais une réflexion à tous les niveaux, avec tous les opérateurs concernés, pour dégager, enfin, une véritable politique touristique bien pensée, bien structurée et bien projetée qui reposera surtout sur une implication fiable, convaincue et convaincante. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je donnerais la priorité au tourisme interne en faveur des nationaux ; je commencerais déjà par réhabiliter les 220 plages interdites à la baignade pour cause de pollution pour qu'elles soient traitées selon les normes requises et mises à la disposition des vacanciers au plus tard en 2018 ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

Je livrerais bataille aux gardiens de parkings qui font la loi ainsi que les «gros bras» qui sont les maîtres des plages où la baignade est autorisée et dont l'accès, selon les pouvoirs publics, était censé gratuit ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je ne me poserais plus la question de savoir s'il faut commencer par réanimer le tourisme domestique et donc commencer par satisfaire une demande intérieure, pesante et urgente ou alors tout miser sur une demande extérieure, hypothétique et virtuelle, soumise de plus en plus à une impitoyable concurrence ? Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

Je m'engage dans mes toutes premières réunions d'examiner toutes les propositions, d'où qu'elles viennent, à même d'augmenter les capacités d'accueil des infrastructures hôtelières dès lors que le pays reste le même, dans ses constantes : plus de 1200 kilomètres de bord de mer, des montagnes boisées surplombant plusieurs vallées et même des cours d'eau ; des sources minérales à ciel ouvert ; dans le Sud et l'immensité saharienne, on trouve les ergs, les oasis, et les parcs du Tassili du Hoggar ; en amont, des installations touristiques louables mais franchement insuffisantes ; en aval, une demande interne de plus en plus croissante de vacanciers, effectifs ou potentiels, aspirant à la détente ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je militerais pour la réduction des tarifs des billets d'avion du réseau intérieur, même si la compagnie nationale Air-Algérie a réduit de moitié ses tarifs à destination du sud du pays. Là aussi, il y a à dire sur cette compagnie qui fait parler d'elle avec ces retards, reports et annulations de vols et de mauvaise prise en charge des passagers. Je militerais également pour l'allégement de l'octroi des visas aux étrangers désirant visiter notre pays ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

J'aurais aussi à cœur de relancer le tourisme saharien de l'extrême Sud en organisant des circuits d'expédition en véhicules tout-terrain, et le tourisme itinérant en autobus, à travers la boucle des Oasis et celle de la Saoura ; ensuite le tourisme culturel avec notamment des promenades et des séjours dans les sites de Tipaza, Djamila, Timgad, Hippone, Madaure, Taghaste entre autres? Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je serais celui qui encouragerais les investissements touristiques dans les Hauts-Plateaux et le Sahara qui seront exonérés d'impôts pendant 5 ans ! Tous les investisseurs bénéficieront ainsi de réduction de 50 à 80% sur le coût de la concession des terrains et aussi des coûts bancaires qui seront bonifiés. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?Je plaiderai lors de l'établissement de la loi de finance pour 2018 pour un faible taux de douane, jusqu'en 2020, en faveur des investisseurs qui importeront des équipements et des ameublements hôtelier non produits localement. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

Je soutiendrais la réduction de la TVA sur les prestations liées aux activités touristiques, hôtelière, thermales, de restauration, de voyages et de location de véhicules de transport touristique, car je suis convaincu, tout comme vous, que cette mesure permettra aux hôteliers et aux restaurateurs de réduire les prix de leurs prestations et d'attirer le maximum des clients nationaux, y compris ceux qui ont fait de la Tunisie leur destination annuelle ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je suis bien sûr convaincu que la beauté de l'Algérie ne suffit pas pour le retour du tourisme qui reste tributaire de notre capacité à transformer ce potentiel en produits touristiques de qualité en lui conférant une dimension à la hauteur de ses atouts. Pour cela, il faut des hommes, non pas pour porter le tourisme national sur des fonts baptismaux, pas encore, mais pour, au moins, «secouer le cocotier», maintenant ! Je saurais les recruter. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

J'agirais auprès de toutes les institutions, politiques et privées, jusqu'au moins planifiable possible, l'Algérien et sa mentalité pour réanimer le secteur touristique et mettre de l'ordre dans les hôtels et les complexes ; c'est déjà une priorité. Intervenir sur les mentalités des opérateurs touristiques, c'est aussi une urgence à prendre en considération ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je sais que les Algériens ne sont pas difficiles. Pour eux, il suffit de créer ceci et cela pour que les choses aillent mieux et que tout le monde puisse profiter de ses vacances ! En cette période, ce sont au moins 2 millions de vacanciers qui vont se ruer sur les sites et structures du pays et les responsables de la promotion touristique, publics ou privés, doivent profiter de cette demande et proposer des prestations en rapport. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je ferais de la formation de la ressource humaine une de mes priorités premières. J'encouragerais l'ouverture des instituts de formation dans le domaine, notamment par le privé. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

Je m'engage à sauver l'artisanat, protéger le patrimoine archéologique, rendre nos villes plus attrayantes, conserver une politique de loisirs, améliorer nos transports, renforcer la sécurité partout, promouvoir la gastronomie et l'habit traditionnel algérien, sortir le tapis de Ghardaïa du néant dans lequel il se trouve, rendre nos banques agréables, mettre le wifi partout. Voila un programme plus qu'alléchant pour sortir le tourisme national de sa régression ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je livrerais une lutte sans merci à la bureaucratie, celle-là même qui empêche l'exploitation des zones d'exploitation touristiques (Z.E.T.), dont seulement 22 sur les 205 auraient été approuvées par le gouvernement. Avec Si Abdelmadjid Tebboune, le Premier ministre qui m'aurait investi de sa confiance, je mettrais un point final au «gel du foncier» qui n'en finit pas et qui impacte négativement sur la libération de quelque 50.000 hectares de terrain, destinés aux projets touristiques ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

Je me ferais un devoir de débarrasser le secteur de tous ceux qui font fuir les investisseurs, lassés d'être rackettés par des responsables beaucoup plus soucieux de leur avenir que de celui du tourisme national ! Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? J'engagerais des réformes notamment concernant l'Office national de tourisme (ONT) qui semble à court d'idées, après s'être dépensé inutilement dans les salons internationaux de second plan, voire insignifiants, et dont la cible de clientèle en termes de marketing ne correspond pas aux deux produits algériens phares «saharien et balnéaire» ; il s'agit des salons de Moscou, Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Tunis, Casablanca et Le Caire. En conséquence, un changement de braquet dans la politique touristique est plus que nécessaire. Les pays qui doivent être ciblés à l'avenir sont l'Allemagne, à travers le salon de Berlin et la France via les salons de Deauville et de Cannes où réside une forte communauté de pieds-noirs, avides de visiter l'Algérie. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Tout autant que mes compatriotes, je constate avec regret que l'Algérie n'a jamais dépassé le seuil d'un million de visiteurs étrangers, depuis 1963 ; ce chiffre inquiète, bien sûr, mais en même temps rassure, car il peut être un atout dans le sens où des destinations voisines (Maroc et Tunisie) peuvent connaître la saturation contrairement à la Turquie et la Croatie, ces nouvelles destinations en vogue qui en profitent ; pourquoi notre pays n'en profiterait-il pas ? Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat?

Je voudrais être celui qui respecte les Algériens, qui les considère ! A l'orée de cette saison estivale, l'un des premiers actes positifs que je serais amené à signer sera destiné aux gestionnaires des infrastructures hôtelières publiques ou privées pour leur demander, d'ores et déjà :

- de mettre en place des équipes personnalisées et des espaces d'orientation pour accueillir les vacanciers d'ici et d'ailleurs,

- de réviser à la baisse leurs prestations hôtelières avec un très bon rapport qualité-prix,

- de veiller à la gratuité des plages et des piscines,

- d'élargir leur éventail des loisirs.

Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Tout comme mes compatriotes, je reste convaincu que la crise que vit l'Algérie en matière de tourisme n'est pas le résultat d'une fatalité, mais la conséquence directe des errements de tous mes prédécesseurs qui, pour le moins, n'avaient pas les compétences requises pour gérer un tel secteur. Moi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat? Je n'accrocherais pas dans la galerie destinée à cet effet le portrait du ministre «éphémère» Messaoud Belaggoune qui, malgré lui, a contribué à ternir encore plus l'image du tourisme algérien. Je remiserais également les portraits de tous ceux qui ont contribué au grand gâchis touristique qui est à inscrire en caractère gras sur le registre des faillites de l'Algérie indépendante.