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Législatives, est-ce aussi de l'obsolescence programmée ?

par Salim Metref

Les élections législatives algériennes passées, le temps de la réflexion est venu. Ces élections ont eu un seul mérite, celui de s'être déroulées dans un climat serein et sans incident majeur. Mais au-delà de cette satisfaction, jamais une «assemblée élue» ne sera aussi peu représentative que celle qui se prépare à s'installer au palais Zighoud-Youcef pour une mandature qui ne sera certainement pas un long fleuve tranquille.

Mais reprenons en guise d'entame de ce texte une déclaration à chaud faite sur un média établi à Londres, El Magharibia pour ne pas le citer, par Monsieur Mohamed Benhamou qui, intervenant en direct sur cette chaîne, a fait une confidence, ce sont les propos utilisés par lui-même, à l'animateur de l'émission en déclarant que ce parlement ne durera pas.

Cette étonnante prédiction d'un avocat et homme politique connu pour sa proximité avec le pouvoir en place a été reprise par d'autres analystes sous différents prismes et pour différentes projections.

Mais il est évident que le désintéressement exprimé par le corps électoral à l'égard de ce scrutin le rend pour certains caduc et pour d'autres sans légitimité. Et les pouvoirs publics, qui seront sans doute inspirés par les véritables décideurs de ce pays conscients qu'une séquence dangereuse à court terme pourrait se produire en Algérie si les leçons évidentes de cette élection n'étaient pas tirées et actées, doivent dès à présent réfléchir et le faire sérieusement.

La scène politique algérienne est désormais devenue inutile et le peuple en s'abstenant massivement lui a signifié non seulement sa non représentativité mais pire son obsolescence programmée par les conséquences d'un monde qui, en se recomposant sous l'influence d'un ordre nouveau en gestation, produit nouvelles élites et nouveaux discours dont nous ne devrions pas, encore une fois et sous différents prétextes, tenir compte.

Alors que faut-il faire lorsque l'on ne représente désormais plus que les militants de son parti où accessoirement les membres de sa famille et de son quartier?

La machine habituée à faire les élections n'a pu ou pas voulu, semble-t-il, sévir comme d'habitude et y a renoncé peut-être pour laisser «jouer l'urne» comme le prétendent certains «spécialistes informés». En tous les cas, si les résultats sont discutés, voire contestés par certains, le taux de participation ne pouvait être «manipulé» sans délégitimer toute la machine mise en branle d'autant plus que l'opinion internationale, les médias et tout le monde ont acté la désertion des lieux où se déployaient les opérations de vote.

Une refondation totale et complète de la scène politique est inévitable et nécessaire. C'est un chantier qui doit être lancé le plus tôt possible. La désaffection continue des Algériens à l'égard de la politique à cause de l'offre qui existe actuellement est inquiétante pour l'avenir. L'Algérie a désormais besoin de nouveaux visages. Pourtant la jeunesse a démontré son niveau de conscience politique et son refus de l'arnaque en le signifiant le jour du vote. Alors plus que jamais, une véritable alternative à toutes celles et tous ceux qui veulent redonner vie à la puissance de ce pays et qui refusent d'être tentés par l'aventure sous toutes ses formes doit être vite construite et par tous !