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Balayer devant chez soi avant de faire la leçon aux autres

par Kharroubi Habib

L'Algérie est unanime  ment encensée pour les inlassables efforts qui sont les siens pour aider le Mali voisin à résoudre sa crise nationale. Sans elle il est en effet peu probable qu'une médiation internationale serait parvenue à mettre d'accord les acteurs de cette crise sur un accord de paix mettant fin à la rébellion armée au Nord-Mali et traçant le processus à suivre pour en finir avec les causes qui en ont été le déclencheur.

Il se trouve pourtant que le rôle moteur que joue l'Algérie dans la crise malienne n'est pas du goût de certains milieux qui tentent de susciter la méfiance à son égard en l'accusant de s'adonner au Mali à un trouble jeu consistant d'une part à prôner la réconciliation entre les protagonistes de la crise, et de l'autre à soutenir en sous-main des groupes armés qui y sont irréductiblement hostiles. Parmi ceux qui s'en prennent de la sorte à l'Algérie, il y a évidemment le Makhzen marocain, lequel fait feu de tout bois en lui imputant la paternité de groupes djihado-terroristes qui sévissent au Mali. Nul n'ignorant la rivalité opposant ce pays à l'Algérie, il est étrange que son accusation qui n'est étayée par aucune preuve tangible trouve écho chez des partenaires de l'Algérie pourtant avisés que la propagande anti-algérienne du Makhzen fait dans l'intox la plus surréaliste pour ternir le prestige du pays voisin et en contrer l'influence régionale et internationale.

C'est ce qui semble être le cas de la France macronienne dont le président a donné l'impression d'avoir prêté l'oreille à l'accusation proférée par le Makhzen à l'encontre de l'Algérie. Au Nord-Mali où il s'est rendu pour visiter les soldats français déployés dans cette région dans le cadre de l'opération « Barkhan », le nouveau président de la France a en effet prononcé un discours dans lequel après avoir déclaré qu'il aurait « une exigence renforcée à l'égard des Etats du Sahel et de l'Algérie » pour qu'ils contribuent scrupuleusement à la mise en œuvre de l'accord de paix au Mali et la lutte antiterroriste dans la région, il a poursuivi en soulignant « qu'on ne peut manifester quelque faiblesse que ce soit à l'égard de groupements terroristes quelles que soient les raisons politiques ».

Pour les médias qui ont rapporté la déclaration d'Emmanuel Macron, il n'a pas fait doute qu'en l'occurrence il aurait délivré une mise en garde voilée à l'Algérie à laquelle s'en était pris quelques jours auparavant l'un des plus hauts responsables sécuritaires du Makhzen en l'accusant précisément d'être derrière des groupes djihado-terroristes agissant au Sahel. Cette « sortie » du président français est pour le moins malencontreuse si elle n'a pas été voulue comme signifiant l'alignement de la France sur la politique anti-algérienne du Maroc.

Macron estime à bon droit qu'il n'y a pas de faiblesse à avoir à l'égard de groupements terroristes. Sauf qu'avant de faire la leçon en la matière à d'autres, il devrait faire cesser celle que la France a à l'égard des groupes terroristes qui sèment la mort et le chaos en Syrie. Il n'ignore pas en effet que dans ce pays la France soutient et aide de tels groupes dont le Front El Nosra, le plus sinistrement criminel d'entre eux, à qui ses plus hautes autorités politiques ont délivré le satisfecit de faire du « bon boulot ». Alors avant de faire la leçon à qui que ce soit, la France devrait d'abord commencer par balayer devant chez elle.