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Raqqa en point de mire de l'offensive aux abords de Damas

par Kharroubi Habib

Les observateurs et les experts militaires qui scrutent et commentent les développements du conflit armé en Syrie sont formels dans leur appréciation de l'offensive des insurgés qui secoue depuis dimanche les abords de la capitale Damas et d'autres villes du pays sous contrôle du régime. Même s'ils en soulignent la puissance, ils ne l'estiment pas pour autant à même de bousculer fondamentalement la situation sur le terrain qui est que les forces du régime ont pris l'ascendant militaire décisif et irréversible sur la rébellion armée.

La question se pose évidemment de savoir pourquoi cette rébellion s'est lancée dans l'opération vouée à l'échec. Pour en cerner les motivations qui l'ont poussée à la planifier et à l'entreprendre au risque d'essuyer une défaite pouvant se transformer pour elle en véritable déroute, il faut avoir à l'esprit que cette rébellion armée qui amalgame « modérés » et djihado-terroristes n'est pas maîtresse de ses décisions et initiatives militaires, mais subordonnée à la stratégie de guerre conçue pour le conflit syrien par ses parrains étrangers. Pour les états-majors politico-militaires de ces derniers, il y a pour l'heure la préoccupation de créer une situation leur permettant de réaliser le double objectif de fermer la porte à la poursuite des négociations intersyriennes qui ont débuté jeudi à Genève et de stopper l'avancée des troupes du régime en direction de Raqqa.

Il et clair que l'offensive rebelle sur Damas et d'autres villes du pays va inférer négativement sur les négociations en cours du fait qu'y prennent part des combattants de la rébellion prétendument modérée et censée être partie prenante du cessez-le-feu négocié par l'entremise de Moscou et d'Ankara. Comme il est également clair qu'elle contraint le régime à réviser le redéploiement de ses forces armées pour faire face à l'offensive qui menace la capitale du pays et d'autres villes d'intérêt tout aussi stratégique pour lui et ce faisant de dégarnir le dispositif militaire qui est en charge de la reconquête de la ville de Raqqa.

Il n'échappe à personne que Raqqa, dernier grand bastion aux mains de l'organisation terroriste autoproclamée l'Etat islamique, est l'enjeu d'une course de vitesse à qui en chassera celle-ci pour en prendre le contrôle. Elle oppose bien entendu les forces du régime à celles opérant avec l'aide et sous la direction de la coalition anti-Daech menée par les Etats-Unis, mais aussi celles sponsorisées par la Turquie. Ces deux dernières ont tout intérêt à ce que l'armée syrienne soit détournée de l'objectif Raqqa. Ce qu'elles espèrent avoir obtenu en montant l'alliance entre leurs combattants respectifs, qui mène l'offensive à laquelle fait face le régime, et pour en être certaines ont passé aussi alliance avec le Front El Nosra pourtant inscrit dans la liste des organisations terroristes par les états-majors de leurs parrains étrangers. A ces derniers peu importe les moyens, seul le but compte qui est pour eux obsessionnellement celui de faire chuter le régime.

La prise de Raqqa s'inscrit pour eux comme étant un objectif impératif car déterminant pour la poursuite de leur dessein. Elle est en effet le gage pour eux de continuer à avoir pied en Syrie et d'entreprendre leur travail de sape contre ce régime. Mais tout comme leurs précédents plans ont avorté à faire s'effondrer celui-ci, leur manœuvre de diversion qu'est l'offensive rebelle en cours est vouée à l'échec car l'ascendant militaire pris sur la rébellion armée par les forces loyalistes et leurs alliés est franchement irréversible comme le prouvera l'issue de cette offensive.