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Quand les Algériens défendent le pays

par Moncef Wafi

Pourquoi les Algériens ont cette tendance à réagir épidermiquement à toute attaque contre le pays ou ses symboles ? La réaction disproportionnée des Algériens aux propos dénigrants et réducteurs d'un obscur gouverneur de l'émirat de Sharjah illustre cette situation et s'inscrit dans le système de défense génétique d'un peuple qui se retrouve souvent seul en première ligne.

La montée au créneau des Algériens à travers les réseaux sociaux et leurs commentaires peu amènes sur cheikh Sultane Ben Mohamed Al Kacimi ont obligé ce dernier à s'excuser officiellement auprès d'eux. A propos de ses affirmations quant à l'indépendance de l'Algérie offerte par De Gaulle à Abdel Nasser, l'agence de presse émiratie, citant le gouverneur, rapportera que ses déclarations ont été mal interprétées. Ces excuses arrachées ne le sont que grâce à l'implication spontanée et patriotique de simples citoyens, dont la plupart n'ont pas connu la guerre de libération. Cette riposte citoyenne vient combler un vide institutionnel puisque, et ce n'est pas la première fois, les déclarations outrageuses et irrévérencieuses de cet émir quant à la Révolution du 1er Novembre n'a suscité aucune réaction officielle de la part du gouverneur ou de ses représentants.

Les Algériens n'ont entendu ni le Premier ministre ni le département des Affaires étrangères s'offusquer de tels propos ou du moins demander des explications à la diplomatie émiratie. Ce silence radio, devenu trop fréquent ces dernières années lorsqu'il s'agit de défendre l'honneur et l'histoire du pays et des Algériens, repose avec acuité la pertinence de la diplomatie algérienne, sans la remettre complètement en question, et surtout l'image que renvoie l'Algérie vue de l'extérieur. Même si le gouvernement a ses canaux loin de la médiatisation pour signifier sa désapprobation sur un sujet donné, il est légitime pour le commun des Algériens de s'interroger sur cette inertie coupable et suspecte. Ce cas de figure contribue à grever un peu plus le crédit du pays à l'étranger et fragilise surtout son statut de leader régional. Mais il est aussi un indicateur de l'engagement citoyen jaloux de l'histoire de son pays, de sa révolution et de ses martyrs. Ces réactions font chaud au cœur et nous changent de cette image de l'Algérien éternel critique de son pays.