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L'enjeu est ailleurs

par Moncef Wafi

A moins de trois semaines du début de la campagne électorale des législatives, et alors que tous les indicateurs présagent une élection fade et une abstention record, la question des programmes ne semble pas se poser tant les enjeux sont ailleurs. En effet, pour les partis qui s'apprêtent à investir la course à l'APN, il est plus question de vie ou de mort que de programme électoral à préparer et présenter à leurs électeurs. Ce souci en tête réduit considérablement le champ de réflexion de ces formations dont certaines n'ont jamais brillé par leurs idées ou propositions concrètes de sortie de crise.

Qu'ils soient des partis satellitaires gravitant dans la périphérie du pouvoir, partis du pouvoir ou de l'opposition, toutes chapelles idéologiques confondues, les campagnes électorales volent souvent en rase-motte. Les débats d'idées engagés entre les partis frisent souvent l'indigence et reflètent fidèlement le niveau des intervenants qu'ils soient candidats à la chambre basse ou portés sur les listes APW et APC. Les législatives et les locales ont de tout temps été un baromètre de la crédibilité intellectuelle des candidats trahissant une ignorance crasse pour certains, des limites de logique pour d'autres. Si tous excellent dans le verbe facile de la politique et dans la surenchère populiste, la majorité ou presque, par contre, cale lorsqu'il s'agit de développer un argumentaire solide sur un modèle économique à proposer dans le programme électoral. En effet, c'est de l'économie dont il est question actuellement où tous les discours s'orientent vers le nouveau pacte du gouvernement à travers la diversification industrielle pour échapper au tutorat des hydrocarbures.

En effet, ce qui était vrai lors de la campagne pour les législatives de 2012 ne l'est forcément pas pour celles de mai du fait que les donnes sont tout autres. Si le baril était à son maximum pendant cette période où la crise n'était qu'un mauvais et lointain souvenir, la chute drastique des cours de pétrole a convoqué l'urgence d'une réflexion davantage tournée vers l'économique. Plus qu'un constat, c'est un fait pointé du doigt par les experts qui essayent d'analyser l'absence des sujets économiques dans les campagnes électorales. Ce qui est vrai pour la présidentielle l'est autant pour les législatives où le niveau des interventions s'avère encore plus faible.

Sujet hautement qualifié et technique, l'économie n'est pas à la portée du premier candidat qui pourra discourir pendant des heures sur la corruption ou dire du bien sur la mandature de Bouteflika, c'est selon, que d'aborder de véritables sujets d'ordre économique peu accessibles pour la majorité des Algériens pour peu qu'ils ne soient pas vulgarisés. Si dans la nature des élections, de par le monde, est de rendre public pour les partis politiques leur programme électoral et partant économique, en Algérie la prévalence de l'Etat-providence, distributeur de richesse, a limité les débats.