Les tombes
sont scellées et plus aucun mort ne s'en échappera pour aller jouer des tours à
l'urne. Par petites touches, en effet, on tente de fignoler un environnement
électif exempt de tout soupçon de fraude. Bien sûr, chat échaudé? Les partis
restent très prudents, voire réticents, face à ce nouvel ordonnancement du
cadre réglementant les élections, y trouvant toujours quelque chose à redire
sur la probabilité forte de la fraude, mais toujours est-il, le problème du
??vote des morts'' et le ??vote des électeurs fictifs'' est réglé d'une manière
radicale. Les candidats aux élections passées, qui ont toujours dénoncé cet
aspect sur le chapitre de la fraude, soit l'inscription des morts sur les
listes électorales ainsi que des personnes fictives ou qui n'existent pas sur
les registres de l'état civil, et qu'on fait voter, devraient être rassurés à
présent avec cette nouvelle donne qui exige de joindre le numéro de l'acte de
naissance devant chaque électeur (opération en cours depuis le 1er octobre).
Avec ces numéros des actes de naissance, biométriques s'il vous plaît, joints à
la liste des électeurs, on est sûr que l'électeur existe bel et bien et qu'il
est bien vivant, la garantie qu'il peut, donc, voter dans le réel. Les morts
peuvent ainsi reposer en paix et les candidats aux prochaines élections n'en
seront que plus tranquilles. Un gage de transparence pour les prochaines joutes
électorales, les listes des électeurs seront assainies des intrus, morts ou
fictifs. C'est fait, on a la garantie que les morts ne voteront plus. Mais, il
y en a de ces « voix mortes » que personne ne tente de réveiller, ou qu'on
laisse sciemment endormies. Les abstentionnistes qui, selon une règle
statistique établie depuis des années, constituant au moins la moitié du corps
électoral, ne semblent pas faire le débat ni du côté des pouvoirs publics, ni
de celui des formations politiques. Pourtant, le problème des abstentionnistes
est bien plus important, et plus imposant, que le vote des morts. A quoi cela
sert-il d'avoir un nom sur la liste des électeurs, un numéro de l'acte de
naissance collé dessus, si la case reste blanche, sans signature, ou si
quelqu'un d'autre s'amuserait à y apposer la sienne ? La nature ayant horreur
du vide, l'abstentionniste offre une facilité déconcertante aux fraudeurs pour
prendre sa place et voter en son nom. Lui, il est vivant, son numéro d'acte de
naissance faisant foi, mais sa « voix » est morte. On
peut aisément continuer, en empruntant une voie détournée, à faire voter des
voix mortes. Comme on peut le voir, le vote des morts n'est rien, n'est pas
tant préjudiciable aux candidats, à côté du vote des voix mortes. Les élections
resteront ce qu'elles sont, tant que l'abstention restera la hantise. Toute
cette agitation autour de l'arrangement des textes qui plaident pour la
transparence des élections sera vaine lorsque le jour J, la moitié du corps
électoral tournera le dos à l'urne. Sans tourner autour du pot, la
problématique essentielle des élections reste ce taux trop élevé des
abstentionnistes, qu'on n'a pas pu réduire et qui, pis encore, se creuse
davantage au fil des ans et des expériences amères avec ces élus qui pensent
plus à se servir qu'à servir leurs électeurs.