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Comme un nuage d'été ou la visite d'un invité !

par Slemnia Bendaoud

Ce titre symbolique résume pourtant la durée de toute une vie ! La nôtre, la vôtre, la leur, ou encore celle de tout être humain. Si importante ou très prolongée soit-elle, elle est ainsi synthétisée ou de la sorte tout le temps schématisée et, au besoin, caricaturée. D'ailleurs, le prophète Noé (ayant pourtant vécu 950 Ans) en était, lui, des plus gourmands et catégoriques, en affirmant à son sujet : « Ce fut comme si on entrait par une porte et on en ressortait aussitôt ou immédiatement après par une autre » !

Puisque rien ne vaut la vie, personne n'est donc contre le fait qu'elle soit le plus possible extensible ou à l'infini très prolongée. On y savoure ces moments de grand plaisir ou de vrai désir dont on ne pourra jamais s'en passer, s'en lasser, fussions nous-mêmes ces très embarrassants ou très encombrants fagots d'os et de chair, ou même ces plutôt immobiles culs?de-jatte, rendus inaptes à la locomotion !

L'élément-clef de notre vie a rapport avec le facteur temps. Et si on inclut la vitesse à laquelle il est soumis, nul ne disconvient que quelque en soit sa durée, celle-ci reste toujours très prisée, vraiment choyée, si espérée et vénérée à l'envi.

Aussi longue soit-elle, elle nous procure ce grand plaisir d'en profiter à satiété. A l'infini ? ! Mais l'important n'est-il pas de marquer sa vie de son empreinte ? De se procurer une place de choix au sein de l'Histoire de l'Humanité ? De s'engager déjà de son vivant dans la sphère magnifique de la postérité ?

De tenter de passer en force à ce statut du véritable acteur plutôt que de se contenter de celui d'un quelconque ou très passif spectateur ? D'oser user de ses propres forces au lieu de se soumettre à l'usure du temps et au dictat continu et inévitable des hommes et de la nature ?

Lutter contre la mort n'est-il pas en soi ce combat si pénible et très ardu pour rester encore (ou toujours) en vie ? Aussi longue (ou prolongée) sera notre vie, aussi longtemps durera encore notre plaisir d'en profiter ou même ce grand désir de la mettre à profit.

Si téméraires à vouloir constamment lui tracer un nouvel itinéraire, nous ne faisons finalement que conduire notre vie à son terme. A son ultime étape. Même si à chaque étape réussie nous ne manquons visiblement de manifester publiquement notre triomphe, notre geste ne fait, par ailleurs, que s'inscrire dans cette logique, dont nous ignorons fondamentalement la réelle tangente tout comme d'ailleurs sa fin subite et bien réelle.

Simple nuage d'été ou au contraire toute une éternité, notre vie est si chère au point où nous voulons tout le temps en disposer. Très largement ou même à l'excès ?si possible- en profiter. Sans jamais nous lasser de la croquer à pleines dents. Ni même nous en passer ou encore l'abandonner à jamais dès lors qu'il lui arrive qu'elle nous tourne carrément le dos, ou alors dans nos moments de grande misère ou de furieuse colère !

« Toute une vie » est devenue cette formule magique ou très pratique qui résume si parfaitement et très hardiment sinon bien hâtivement et de manière très expéditive notre présence sur le sol de ce monde ici-bas, avant notre départ imminent ou jamais différé pour l'au-delà.

Mais dès lors que la vie de tout être humain tire son identité et tient ou revendique son ancrage à un sol (territoire) déterminé et que celui-ci s'identifie à une Nation donnée, nul besoin donc de chercher ailleurs après cette chose sacrée dont il est prêt à lui consacrer toute son existence.

L'appartenance au sol combinée au lien du sang auxquels s'ajoutent aussi d'autres constantes constituent des déterminants de choix dans la vie des êtres humains et communautés dont ils s'identifient, s'y accrochent, s'y attachent, s'y agrippent et s'y fondent en un moule unique ou commun.

A l'appel de cette patrie, tous se sentent concernés de près, surgissent des fourrés des bois comme des lions provoqués, fusent comme des flèches lancées à toute vitesse et se battent farouchement sur tous les terrains pour défendre son nom, sa position, sa liberté, ses intérêts, ses acquis, son territoire, ses limites géographiques et autres prestige ou gloire?

Rien qu'à la voir transcrite sur une carte géographique ou parmi les Nations du monde contemporain nous réconforte, nous soulage, nous engage, nous interpelle et nous revigore dans notre vécu et sens donné à notre vie, sans laquelle nous perdrons à jamais, à la fois, notre identité et surtout la raison de vivre !

Et que faire donc lorsqu'un manuel scolaire d'un pays frère et ami l'efface d'un seul trait de main (traitre ou anodin) ou même vienne si distraitement ou encore très maladroitement ( ?!) à lui substituer une toute autre nation conquérante ou communauté étrangère qui nous dispute depuis plus d'un demi-siècle déjà notre territoire, espace géographique et mère-patrie ?

Dans ce cas-là, le nuage d'été aura enfanté tout un irrésistible ouragan ou bien une terrible tempête, et la visite de l'invité aura été malheureusement des plus malvenues ! Car comment interpréter un tel agissement, jugé des plus graves, pour être finalement imputable à la responsabilité du seul lampiste d'un infographe d'une institution publique d'édition, fut-il finalement le véritable artisan du scandale révélé.

Dans les usages connus de tous de l'édition générale, la tache de l'infographe contribue favorablement en mettant à profit l'art graphique dans l'optique de l'amélioration réelle du produit édité. Jamais dans le choix des textes ou des supports graphiques s'y rapportant, qui restent, eux, du domaine privé de l'auteur du titre à publier ou des concepteurs de l'ouvrage à imprimer.

Comment donc un simple infographe s'arroge-t-il ce droit si important ou exorbitant au vu et au su de tous ses nombreux supérieurs hiérarchiques, et surtout à l'insu de l'organisme ordonnateur (ministère de l'éducation) de changer des graphiques, effectuer des rajouts ou encore de procéder à des retraits sur un ouvrage ayant reçu l'approbation de tout un comité de lecture de ce même organisme ?

Mais comment donc ce même comité ne s'est-il pas aussitôt aperçu de ce changement lors de son contrôle post-impression ? Existe-t-il, en fait, un quelconque un contrôle à postériori en pareille situation ?

Contentons-nous donc d'adhérer tous à cette version très officielle qui consiste faire porter le chapeau à ce très distrait infographe afin d'éviter d'écorcher l'honneur des Palestiniens. Ou plutôt dans la perspective de sauver le reste (des meubles de la maison ou encore tout le groupe du peloton de tête du secteur de l'éducation), mais aussi de ne pas beaucoup spéculer sur l'écho que véhicule cet incident jugé comme très grave par ceux-là même à qui incombe la lourde mission de la gestion de ce département ministériel.

Que nos frères palestiniens nous en excusent ! Gageons tout de même que la très lourde bourde commise par inadvertance ou même à dessein ( ?!) soit circonscrite à sa juste mesure et utile interprétation. Car à vouloir s'étendre sur le sujet abordé, l'on risque non pas de complètement rayer de la carte notre déjà très éprouvée Palestine mais aussi de l'envoyer en enfer.

Plutôt que de malencontreusement la provoquer, venons donc en aide au profit de cette Nation. Fusse-t-elle coupable de son crime d'occupation sioniste ou au contraire traine-telle à jamais et si longtemps ce sinistre statut de grande victime des méfaits du colonialisme qui la prend à la gorge et en otage depuis 1948 !

Cet attachement ancestral à la terre natale trouve toute sa signification dès lors qu'il s'agit de gens vivant très difficilement leur exil forcé, choisi ou même celui consenti ou encore négocié. Le rapport au sol d'attache premier marque dans ce cas-là indélébilement les esprits de ceux qui le subissent dans leur propre chair et souffle continu de leur vie quotidienne.

Sur une carte géographique génialement caricaturée ou physiquement hissée et érigée sur son territoire de gloire, la patrie demeure cette mère-communautaire qui mérite tous les sacrifices pour nous impliquer dans toutes les guerres qui la mettent en cause. Puisque notre vie en dépend et notre honneur y est fermement attaché. .ement hissée et érigée sur son territoire de gloire, la patrie deme

Le statut des harkis* astucieusement évoqué avec insistance ou grande persistance, notamment dans les temps présents, par la classe politique française s'inscrit justement dans ce cadre précis. Pourquoi alors avoir tant attendu pour finalement reconnaitre le tort imputable à la France officielle à l'égard de la communauté harki(e) et non envers tous les indigènes du pays jadis colonisé, laquelle guerre avait justement produit le phénomène des harkis, objet de ce discours fanfaronnant de mea-culpa de circonstance ?

Pour paraphraser un ancien responsable algérien, assez énigmatique, du reste, dans ses déclarations et positions affichées publiquement, pourquoi donc la France officielle n'est-elle pas aussi sentie responsable et surtout comptable de ses actes abjects et autres crimes de guerre et génocides jadis commis avec sang-froid et plutôt préméditation contre des indigènes sans armes par la France coloniale, pour justement traiter le problème des harkis dans son contexte général de la guerre d'Algérie, même si le sujet ayant trait à cette communauté n'est autre qu'une question « franco-française » ?

Il va de soi que le problème palestinien est dans sa nature, complexité, origine, essence et contexte très différent de celui propre aux harkis ; cependant, il reste que le seul lien commun entre celui-ci et celui-là réside dans l'aspect stricto sensu de cette appartenance au sol, plus haut développée et expliquée.

La patrie (ce bout de territoire ou de Paradis) ne représente-telle pas toute une vie pour l'humanité ? Et parfois bien plus? ? Même si la nôtre (la vie) qui risque des fois jusqu'à égaler ou même dépasser trois générations bien accomplies (99 ans), pour celui qui goûte et trempe aux tout derniers actes du crépuscule de sa vie, celle-ci ne dure finalement (dans son esprit) que l'espace d'un orage d'été ou le temps furtivement accordé à la visite d'un invité !

Voilà qui symbolise au plus haut point l'importance de la patrie dans le quotidien des humains. L'un y a donc été manu militari chassé, l'autre l'ayant volontairement abandonné. Mais les deux lui vouent une vénération sans bornes. Jusqu'à en perdre la raison? d'exister !

L'un combat toujours, sans relâche, et fait pour elle la guerre, cette guerre qui dure démesurément dans le temps. L'autre lui a fait la guerre, en optant pour le parti de l'ennemi d'hier ! Le premier la chérit, le second l'a trahie.

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(*) ? Supplétifs de l'armée française durant la guerre d'Algérie (1830 - 1962).