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L'organisation pédagogique responsable du massacre dans l'éducation en Algérie

par Hakem Bachir

Aujourd'hui, tout le monde crie haut et fort que l'école algérienne est sinistrée, sans chercher à se poser la question : ne sommes-nous pas tous, administration, enseignants, parents d'élèves, ministère, média, société, responsables de ce fait.

L'Organisation Pédagogique dans une wilaya dans l'éducation et son apport sur le niveau actuel dans l'éducation peut être commenté à deux niveaux celle proposée par la direction de l'éducation ainsi que celle appliquée à l'échelle des établissements.

- Tout d'abord, l'organisation pédagogique au niveau des directions de l'éducation n'a aucun rapport avec le domaine pédagogique puisque la politique d'austérité appliqué par les directions de l'éducation ne peut permettre à celles-ci de pouvoir d'appliquer une organisation pédagogique qui est devenue depuis plusieurs années administrative.

Oui, les postes budgétaires sont distribués suivant une moyenne de 18 heures par professeur à raison d'un minimum de 36 élèves par classe.

Donc à chaque fin d'année nous assistons à un surnombre d'enseignants dans la plupart des établissements avec une augmentation de nombre d'élèves par classe et à une déstabilisation aussi bien de l'établissement que des enseignants souvent appelés à enseigner très loin de leur domicile ce qui a donné un premier coup fatal au niveau car au lieu de diminuer le nombre d'élèves par classe pour atteindre la moyenne internationale pour appliquer la réforme dans de bonnes conditions sauvegarder la stabilité de l'établissement, l'organisation pédagogique des wilayas fait l'inverse car elle gère le domaine éducatif comme on gère une administration de société.

Au moment où l'on aurait cru qu'un jour on atteindra des classes de moins de 25 élèves, notre politique d'austérité au niveau de l'éducation, nous donne des classes entre 36 élèveset 60 élèves, une augmentation de la violence, un niveau qui ne cesse de régresser, une déstabilisation du staff pédagogique, un départ précoce des enseignants à la retraite vu la pénibilité du métier dans des classes surchargées qui demandent des efforts surhumains que mêmes les parents d'élèves reconnaissent et se posent la question comment ces enseignants arrivent à prendre en charge leur enfants dans ces conditions.

Même l'élève qui apprend dans ces conditions ne peut plus suivre et n'a plus aucune motivation ce qui est grave.

- L'organisation pédagogique à l'intérieur de l'école, celle-ci d'abord elle est appliquée sans aucun projet d'établissement.

Chaque proviseur chaque année, suivant une carte scolaire conçue au niveau de l'OP (organisation pédagogique de la direction de l'éducation) reçoit en première année secondaire un certain nombre d'élèves qu'il doit mettre dans les différentes classes proposées par la carte scolaire.

C'est à ce niveau que commence le second mal de l'éducation après celui causé par l'organisation pédagogique au niveau des directions de l'éducation.

Oui, l'égalité des chances des élèves et la démocratisation de l'éducation sont bafoués à la vue de tout le monde, parents d'élèves et professeurs.

Tout d'abord ce n'est un secret pour personne de voir aujourd'hui certains parents d'élèves choisir les enseignants et l'emploi du temps favorable de leurs enfants et participer secrètement avec la complicité de certains administrateurs que ce soit au niveau de l'établissement lui-même ou des directions de l'éducation ou du ministère de l'éducation ou d'autres ministères à cette situation.

C'est ainsi que nous assistons aujourd'hui dans la plupart des lycées à une discréditation d'un grand nombre d'enseignants au profit d'autres soit par manque de formation ou manque d'expérience ou par intégrité ou par renommée ou par méchanceté ou par jalousie ou parce que l'enseignant ne joue pas leur jeu ou parce que c'est pour des cours particuliers ou autres et tout cela souvent par diffamation ou par publicité mensongère faites par les responsables?

Les élèves victimes de cette discrimination nomment les classes non pas par leur numéro 1AS1 ou 1AS2? mais par la classe du père de tel élève.

Certains connaissent la liste des professeurs de leurs enfants et son emploi du temps avant que les concernés ne le sachent eux-mêmes

Donc les établissements sont dirigés par des particuliers qui peuvent mêmes intervenir au niveau des directions de l'éducation pour changer les cartes scolaires car celles-ci n'ont jamais été fixes.

Nous sommes arrivés aujourd'hui à voir des lycées de premières zones et de deuxièmes zones ou à des classes de super enseignants et ceux d'enseignants normaux ou à des élèves de premières classes et ceux de deuxièmes classes.

C'est ainsi chaque début d'année les enseignants se plaignent des classes non homogènes qui leur ont été donnés par rapport à leur collègues ce qui a créé un climat de mésentente entre les collègues gâtés par leur proviseur au profit d'autres chaque année ; Ils se plaignent aussi des emplois du temps anti-pédagogiques pour les mêmes raisons. Même le nombre d'élèves par classe n'est pas homogène.

L'école publique ne l'est plus ; tous les principes de la loi d'orientation ou de la constitution garant de la démocratisation et l'égalité des chances des élèves ne sont plus appliqués dans les établissements soit par égoïsme parental ou par intérêt financier.

Aujourd'hui parler de projet de l'établissement c'est se mentir. Nous sommes les premiers responsables du mal de l'école et les élèves en sont les victimes.

Nous n'avons pas le droit de demander à nos élèves d'être des modèles si nous-mêmes parents ou ministère ou administrateurs ou enseignants nous ne le sommes pas.

L'élève regarde et juge tous nos gestes et nos comportements qu'on soit parents ou enseignants ou responsables et sa motivation vient son jugement.

Mensonges, violences tricheries, corruption, indiscipline, injustice, drogue, vol, manque de motivation ne sont pas innés chez l'élève il les a appris et vu à travers notre société à travers l'école ou à travers ses parents.

L'école publique est le lieu sacré qui devait tout d'abord éduquer avec justice et égalité de chances tous les enfants de l'Algériefuturs hommes de demain, a été détournée de sa vocation pour devenir le lieu de la corruption, de l'inégalité des chances, de la violence et de l'injustice, le vice ?

Tous les maux sont dans l'école car c'est le reflet de toute notre société.

Il n'est jamais trop tard pour remettre les choses à leur justes valeurs mais à condition que tout le monde soit conscient de sa responsabilité et de sa volonté de vouloir sauver avec force ce qui peut être sauvé sans égoïsme et de ne plus faire de long discours de langue de bois habituel et tout ce qui se passe au baccalauréat depuis des années n'est que le fruit de ce qu'on a semé.

Alors retroussons nos manches et mettons tout d'abord les hommes de la situation à leur place et arrêtons le massacre créé par tous ces incompétents aux beaux discours l'Algérie des compétences existe.