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Réflexions autour des horaires de travail en été : l'exemple de ramadan

par Bouchikhi Nourredine

Chaque année ramadan arrive pour nous sortir de notre quotidien synonyme de routine marquée par la fameuse triade : boulot dodo et encore dodo, à défaut de métro pour la plupart des citoyens.

Malgré ce chamboulement dans nos habitudes la majorité s'adapte à cette réalité et se retrouve en pleine symbiose avec cette ambiance, preuve en est que cet aménagement répond mieux à notre contexte climatique.

Les veillées ramadanesques sont plus longues ; l'activité se prolonge tard dans la soirée ; synonyme d'une journée mieux remplie.

En fait voilà plusieurs années que ramadan coïncide avec l'été. Il nous offre ainsi une expérience unique et un test grandeur nature sur ce que pourraient être nos journées et soirées dans un pays comme l'Algérie où le climat assez chaud et les températures caniculaires nous imposent un train de vie assez rigoureux.

Les horaires de travail légales sont calquées souvent sur les pays au climat plus clément ne peuvent avoir les mêmes effets ; le rendement ne pourrait être le même ; il n'y a qu'à faire un saut dans beaucoup de nos services publics pour se rendre compte. Sur ce point, nous pouvons leur accorder des excuses.

Les activités de service et de commerce sont forcément influencées par ce régime horaire et obéissent à une logique commerciale facilement maniable.

Ramadan comme expérience nous offre l'occasion de revoir les horaires de travail durant la période estivale (qui dure chez nous presque cinq mois ; de mai à début octobre) de l'administration et par conséquence des activités libérales qui pourront mieux en tirer profit et par conséquent en faire profiter le citoyen.

Comme nous pouvons le constater pendant ramadan, il est rare de trouver un commerce ouvert avant 10 heures du matin. Cependant, les commerçants assurent ensuite pour la plupart une continuité de service jusqu'à 14 ou 15 heures et pour beaucoup ils sont ouverts de nouveau juste après le ftour ou la prière des tarawihs minimum pour 2 ou 3 heures ce qui leur fait un volume horaire total équivalent ou parfois supérieur aux horaires classiques. La différence réside dans le fait que beaucoup plus de gens ont l'occasion de vaquer, souvent en famille, à leur besoins en soirée par températures clémentes sans être contraints d'abandonner leurs postes -en ce qui concerne les fonctionnaires- et d'entraver ainsi la bonne marche des services.

Pour les commerçants et activités similaires ils profitent d'une affluence plus importante et mieux disponible qui fait bien leur affaires c'est gagnant-gagnant.

Certains pays dont le climat est proche du notre tel que l'Espagne par exemple ont depuis longtemps adapté les horaires estivales pour tirer au mieux profit de cette conjoncture : entre midi et 16 heures il existe un silence de mort dans les villes ibériques, la plupart des services administratifs répondent aux abonnés absents pour reprendre de plus belle à partir de 16 heures, une fois la sieste finie.

Les commerces et les grandes surfaces sont souvent ouverts jusqu'à des heures tardives dans la nuit à la différence de la France dont on a hérité les horaires, où à partir de 18 heures règne un air de couvre-feu. Impossible alors d'avoir une baguette de pain ; seuls les cinémas ou restaurants sont ouverts. D'ailleurs même dans l'Hexagone beaucoup commencent à remettre en question ce système contre-productif pour l'activité commerciale et de consommation.

Revenons à notre contexte. Il va falloir entamer une réflexion sérieuse sur le sujet. A ce propos, nous pouvons par exemple proposer de commencer la journée pour le personnel administratif plus tôt dans la journée, à 7 heures par exemple, avec une interruption de midi trente à 16 heures pour reprendre jusqu'à 19 heures.

Cela permettrait aux fonctionnaires de se reposer pendant les heures les plus chaudes, de profiter d'un petit somme ou de répondre à des préoccupations personnelles ou familiales urgentes sans que cela puisse avoir de conséquences sur la continuité du service public.

Et même si ces horaires n'arrangent pas un certain nombre de gens des villes côtières qui préfèrent en découdre d'un seul trait pour se rafraîchir au bord de la mer, ce système pourrait s'appliquer au reste des villes algériennes beaucoup plus nombreuses.

D'un autre point de vue, ces horaires pourront donc permettre aux travailleurs libéraux de s'atteler à régler leur problèmes administratifs entre 7 heures et 10 heures (l'après-midi entre 16 et 19 heures). Heure à laquelle ils pourront démarrer leur activité jusqu'à 14 ou 15 heures pour reprendre en fin de journée sans être contraints de baisser rideau, les fonctionnaires pourront alors à leur tour faire leur emplettes entre midi et 16 heures et le soir après les heures de travail.

Nos villes et villages sentent le désarroi et la morosité en été ; le matin la chaleur suffocante limite les déplacements et influe sur l'efficacité, le soir les gens restent confinés chez eux faute d'alternative. Nous devrions donc créer les conditions nécessaires pour ressusciter une tradition de sorties et d'activités nocturnes favorisant les retrouvailles entre familles et une activité commerciale prospère il n'y a qu'à voir ce qui se passe chez nos voisins et dans la plupart des pays chauds, en Afrique et en Asie, pour se rendre compte de l'énorme gâchis en terme de temps et de création de richesse et de postes de travail.

Nous devons donc faire face aux aberrations telles que celles subies par les gens du grand sud et surtout les élèves qui souffrent du calendrier et d'emploi du temps inadapté à leur contexte.

Alors profitons de ce mois sacré pour tirer les conséquences qui s'imposent et nous remettre en question car dans les années à venir ramadan sera en automne et puis en hiver et nous aurions raté une occasion pour remettre les pendules à l'heure algérienne et non européenne.

Certes, beaucoup de questions resteront en suspens mais j'espère que le débat est lancé. L'objectif est de répondre aux attentes de la majorité des citoyens qui partagent la même réalité.