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C'est pourquoi, est-on amené à ne plus y croire

par Farouk Zahi

Il est fréquent d'aimer les abîmes, il est juste de s'y précipiter, mais il est étrange d'accepter d'y descendre lentement, pas à pas, et d'envelopper cette déchéance d'une douceur qui trompe tout le même et soi-même (Roger Nimier).

De toutes les étapes, heureuses ou douloureuses, qu'a traversées le pays, l'actuelle est, sans nul doute, la plus humiliante d'entre toutes. Chanter les vertus du syndicat du crime et applaudir à la chute d'hommes reconnus intègres, est cette déchéance morale que le citoyen lambda n'arrive pas à saisir dans tout ce qu'elle a de tragique. Ignorer superbement un ancien ministre de la République qui vient d'être honoré par la plus grande distinction de la cour impériale nippone ou ce professeur de médecine reconnu mondialement et plébiscité parmi les cinq (5) personnalités arabes les plus en vue, relève ou de la cécité politique ou d'une tendance suicidaire sous jacente. S'intéresser plus que de raison à un transfuge, qui des salons feutrés new-yorkais verre ballon en main, se retrouve, par on ne sait quelle rédemption à faire le tour des zaouïas égrenant un chapelet relève du démentiel.

Plus que la presse partisane, faite d'ailleurs pour la sale besogne, celle, dite indépendante, est inconsciemment instrumentalisée par des cercles occultes en offrant une publicité gratuite à ce jeu de rôle nauséabond.

Des opportunistes, mis en avant par ce flamboyant acronyme partisan qui, d'ailleurs, est patrimoine national, avant d'être pris en otage, se prévalent de défendre la République en jetant l'anathème sur tout ce qui peut s'opposer à leurs desseins sordides. Chantres de l'Etat civil, ils démontrent à chaque occasion leur face cachée de réducteurs de la parole libre. Abderrahmane Belayat, vient d'en faire les frais et d'une manière fracassante. Pleure, si a des larmes encore, pays mal aimé. Sinon, pourquoi mettre tant de cœur à déconstruire ce qui a été patiemment édifié. Où est passée donc, cette équité sociale dont les Ben M'hidi et ses compagnons en ont fait leur crédo et dont Moufdi Zakaria en a fait le serment ? De ténébreux individus sortis de nulle part, en font un tremplin pour accéder à de hautes fonctions électives et de là, à des fonctions exécutives au plus haut sommet de l'Etat. L'acquisition effrénée de biens est, probablement, leur seul parcours patriotique dans le sens qu'ils auront donné au nationalisme. Comme le ridicule ne tue plus, ce sont ceux-là mêmes qui s'évertuent à « défendre » le pays contre les visées néocolonialistes et qui élisent domicile chez l'ancien occupant colonial, et c'est toute honte bue qu'ils font croire à la plèbe que le pays est ciblé par des dangers externes quand leurs frasques sont mises à nu. Ils osent se confondre avec la nation toutes composantes confondues.

Non et mille fois non ! Vous n'êtes pas mandatés pour parler de l'Algérie des Ouled Riah, des Zaatcha, de Si El Haouès, de Meriem Bouattoura et de Abdelhak Benhamouda. Votre servilité légendaire fera de vous, un jour qui n'est pas lointain, des proscrits par les hommes et l'histoire. Assurés d'une bienveillante permissivité, vous usez de dobermans et de gros bras pour intimider vos opposants soucieux de préserver ce qui reste, encore, comme crédit au vieux parti dont la vocation originelle était de libérer le pays des griffes de la spoliation. Et voilà que l'ironie du sort, jette ce glorieux parti dans les griffes de prédateurs sans foi, ni loi. Prenant appui sur le paravent que leur offre la présidence du Chef de l'Etat, ils sévissent en toute impunité. Ce conglomérat maffieux, se veut être l'élite de ce pays, il pousse l'outrecuidance d'interdire l'accès au Parlement à un membre de ce gouvernement qui les a conduits au pinacle de la notoriété publique et à l'enrichissement par la grâce de la friperie. Que le lecteur bienveillant, nous pardonne ce déversement de bile car l'heure est grave et les inconséquences incommensurables. Nous ne terminerons pas le propos, sans paraphraser le défunt Abdelhamid Mehri qui disait en visionnaire averti ceci : « Li radaati, ridjalouha ! » ( La médiocrité a ses hommes)