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La main de Dieu ou de Satan ?

par Slemnia Bendaoud

Voulant sans nul doute effacer d'un seul trait l'impact de cette « Main de Dieu » de la triche de la demi-finale de la coupe du monde de 1986, le petit lutin de Diego Maradona dut user de tout son génie de son pied gauche magique lors de cette rencontre opposant l'argentine à l'Angleterre, sans jamais pourtant y parvenir ! Le ver n'était-il pas déjà dans le fruit ? Nul besoin donc de chercher après une fin en apothéose : la seule triche avait déjà hypothéqué la gloire du triomphe.

Des années plus tard, le plus «french» des «Tricolores» remettra ça lors des phases éliminatoires, tout en avouant cependant publiquement son petit péché ou macabre forfait. Mais rien n'y fit ! La main maudite était encore passée par là, étant de nouveau d'actualité. Le public et surtout la morale sportive ne pouvaient encore le rater. Plus jamais le pardonner !

« Main de Dieu » pour le premier ou « Main de Satan » pour le second, le public refusait en bloc autant leur triche que leur jeu de mots, en guise de justification. Pour eux, le crime était parfait au point où il avait même échappé au châtiment approprié ! De quoi les rendre encore plus fous de colère !

Les excuses à ce niveau-là ne valent plus rien. Mieux vaut en faire l'économie, a l'exemple de Diégo Maradona. Car l'honnêteté est antinomique avec la triche, fut-elle dans un simple jeu d'innocents enfants. A plus forte raison dans celui à si grand enjeu !

Ils auront beau réaliser plus tard les plus exceptionnels exploits du monde, ils seront toujours considérés comme les plus grands tricheurs de la balle ronde. Une triche d'une telle importance à un si haut niveau ne pouvait que ternir leur image de marque, pour les jeter en pâture à la vindicte populaire et totalement les décrédibiliser aux yeux du public pour les dépouiller de leur titre de mérite.

Cette tache noire les poursuit comme une ombre maudite qui les pourchasse même en dehors des terrains de football. Ils peuvent parfois tout oublier de leur marque ou modèle déposés sans jamais effacer de leur mémoire ce geste vraiment déplacé qui leur valut la colère des spectateurs, la rancœur de l'adversaire mais surtout ce coup très dur ou très malhonnête porté au fair-play et à la morale sportive.

En contrepoids, elle vaut presque tous les buts qu'ils auront marqués, toutes les feintes de corps qu'ils auront tentées et plutôt bien réussies, tous les fabuleux gestes techniques qu'ils auront réalisés non sans grand succès, toutes les nombreuses victoires qu'ils auront brillamment remportées. C'est dire qu'à ce niveau-là, ils touchent aux profondeurs abyssales d'une importante carrière sportive qui vire vers le mauvais côté, pour s'écourter si précocement sur une fausse note qui met à mal toute une si grande réputation. Etre taxé de tricheur déteint sur tout un grand palmarès, pourtant longtemps conçu prouesse après prouesse, pièce liée à une autre pièce et titre succédant à une autre distinction, jetant par-dessus le marché l'artiste au talent confirmé parmi les déchets de l'humanité ou les ratés de la société.

Ainsi finissent fatalement et inévitablement ces « artistes malfaiteurs » qui quittent la scène la tête basse et la conscience vraiment dérangée. Ils iront tous grossir les rangs de ces nombreux opportunistes de la politique qui ne manquent pas, eux aussi, de malhonnêteté et surtout de cupidité.

« Main de Dieu » ou « main de Satin », dans un jeu qui n'admet que l'usage du pied, cela reste cette faute impardonnable qui aura complètement faussé le résultat de la rencontre, faisant monter sur le podium ou donnant la victoire à une équipe qui n'était pas forcément la meilleure sur le terrain des opérations.

Pendant que cette terrible tempête battait son plein sur les autres terrains de football du monde, le sport algérien n'en était plutôt concerné qu'à titre de spectateur intéressé ; mais dès lors que le feu a désormais pris au sein de la Maison Algérie, les braises qu'il aura produites apparaissent comme très violentes, beaucoup plus brûlantes encore.

Ainsi donc, dans une toute autre demi-finale, de coupe d'Algérie, celle-là, une autre main (toujours une !) est venue si maladroitement ou bien malhonnêtement se mêler à ce jeu fait uniquement avec les pieds, pour en définitive tout chambouler dans l'ordre des valeurs des normes admises et dans la hiérarchie des rangs et positions affichées.

A la seule différence que cette main-là, celle du joueur Karim Ghazi du NAHD de Hussein-Dey, est plutôt admise, car bien conforme aux règles de la pratique footballistique puisque s'agissant d'une remise en jeu comparativement à celles qui sont plus haut développées.

Néanmoins, ce joueur n'avait aucun droit de remettre le ballon en jeu à partir du moment où celui-ci avait touché en dernier son co-équipier avant sa sortie en dehors de l'aire de jeu. C'est plutôt à la formation de l'USM Bel Abbes qu'échoit ce droit de faire reprendre le jeu. Bien malheureusement, ce ne fut guère le cas pour les raisons sus-évoquées.

Et seize secondes plus tard, le NAHD de Hussein-Dey se verra accorder un but qui le qualifiera et propulsera en finale de la coupe d'Algérie qui se déroulera le 1er Mai 2016 au stade du 5 juillet face au Mouloudia d'Alger (MCA), suite à cette faute monumentale d'arbitrage laquelle, en revanche, disqualifie injustement son adversaire du jour.

En refusant ou omettant de légalement sanctionner cette « indue main chaude », le référée du matche en question, Monsieur Redouane Necib, aura indirectement mais surtout publiquement (et peut-être même volontairement) donné ce « coup de pouce » ou « coup de main » à l'équipe du NAHD Hussein-Dey qui la portera en finale. Perdre une très sérieuse occasion de jouer une plus que probante possibilité d'une si prestigieuse finale de la coupe d'Algérie à cause d'une aussi flagrante faute d'arbitrage a de quoi rendre bien fous les plus timides joueurs bien avant de l'être pour les plus turbulents et acariâtres fans et autres spectateurs.

Car la faute a de quoi mettre en boule tout son monde alentour et lui faire, en plus, perdre la boussole. En particulier, celui très séduit par le beau football ou celui qui roule pour les couleurs de la Mekerra ! Et si les uns y voient de la méchanceté, d'autres y trouvent plutôt de la provocation. D'autres encore y suspectent les dessous d'une vraie combine.

Quel qu' en soit le remord du directeur de jeu, la conscience du joueur incriminé est plus que jamais mise à rude épreuve. Il trainera, en plus, toute sa vie durant ce vrai boulet qui le poursuivra jusqu'à sa tombe.

Et à mesure que la rue Bel Abbessienne rumine son insupportable colère et gronde sa grande frustration, la côte du joueur Ghazi décroit vertigineusement pour ne signifier inéluctablement que fraude, truquage, tricherie, vice, malhonnêteté et tout autre qualificatif qui anéantit le mérite et détruit l'effort.

La main traitresse ne peut nullement produire de la véritable joie. Une juste liesse ! Une totale allégresse ! Toute consécration subordonnée à un tel acte ne suscitera une quelconque suprématie au plan des valeurs universelles. Et même si le NAHD Hussein-Dey sera « sacré » détenteur de cette coupe d'Algérie, il ne pourra que triompher sans gloire !

Car l'histoire de Ghazi supplantera celle de son club. Elle lui effacera tout mérite à monter sur le podium, pour finalement juste le reléguer au rang des tricheurs que condamnent très fermement et sans rémission la morale sportive et les valeurs humaines.

A vrai-dire, la carrière sportive de Karim Ghazi est vraiment bien loin d'égaler celle de Diego Maradona ou encore celle de Thierry Henry. Et si ces deux étoiles du football mondial ont eu à pâtir de la même cause ou pour les mêmes raisons, la sienne volera probablement en éclats. A un moment où il était ?le pauvre !- sur le point de raccrocher ses crampons avec cet espoir de la terminer en beauté ! Avec les honneurs d'une carrière si bien étoffée !

Quel gâchis pour ce pourtant si sympathique Ghazi ! Son geste était vraiment de trop ! Connaissant le grand abattage que fournit de façon très constante le joueur sur les terrains de jeu, on aurait parié qu'il ne pouvait manger à ce pain ! Sauf que parfois c'est le vice qui l'emporte sur l'honnêteté, l'égo sur les valeurs humaines, l'instinct « grégaire » sur la règle du jeu, le résultat sur la manière, le présent sur le futur? et que sais-je encore ?

Notre foot est-il à l'image des autres volets de la vie en société ? Apparemment, la main de Karim Ghazi nous y invite, nous y renvoie, nous y plonge très profondément, en permanence et sans la moindre réflexion !

Etre si proche du Bon Dieu ou même de Saton importe peu ! Car notre intérêt personnel passe bien avant !