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Salut monsieur l'avoir, adieu monsieur le savoir

par Benallal Mohamed

« Les sourds ne ferment jamais les yeux dans une situation de crise. La vue est leur seul système d'alarme. » (Citation)

Nous vivons aujourd'hui un temps, dans un pays qui ne respecte pas le temps et où ceux qui ont moins de vingt ans ne savent pas que les forces d'ordres sociales, économiques, financières, religieuses, médiatiques, éducatives et morales sont en train de nous métamorphoser et à même de modifier le monde actuel par de nouveaux modèles-types que ce soit économiques, sociaux, scientifiques, informationnelles et morales. L'Algérie n'est pas épargnée, sous peine de devenir un état périmé, dépassé et négligé car tous ces domaines en forme de modèles évoluent dans le sens de la négation dans les pays ploutocrates et dictatoriaux, autrement dans une décadence forcée, voulue et stupide. Devant cette situation ou état des lieux, il y a des faits qui dominent, des opinions qui stagnent et des intérêts qui consolident les relations en dehors du cadre des règles et normes. Notre existence actuelle au niveau national s'imprègne de tout moyen, elle est commandée par des institutions représentatives certes, mais délégitimées; des instances exécutives décrédibilisées qui n'ont aucun impact sur le système pour qu'ils fonctionnent selon les normes constituées et les règles de droit légiférées.

En ce temps plein d'incertitudes, d'indécisions, d'indéterminations, l'absence de visions (stratégies et modèles) tant politique, économique, sociale, éducative, religieuse et morale, par conséquent de risques, de périls, et de précarité, ceci exige de la part soit du pouvoir, du régime,de l'état ou du peuple en général des desseins fermes et continus pour de véritables changements. Nous ressentons et vivons de près tout ce qui a tendance à y aller vers le mauvais au pire par l'acceptation de l'incompétence, du clientélisme, de la collusion et de la paresse? en dégringolades malgré la consistance et l'aisance financières ou plutôt la rente.

A vrai dire, nous avons des institutions constantes et flottantes dans le même temps, mais pas fortes pour stimuler le bon sens car elles ne sont pas suivies d'une « politique » positive, ferme et active puisque le système de pensée ne saurait inspirer le bien-être, le bon sens, l'art, la culture du bien et le respect des règles et des normes de société.

Il faut évidement une force raisonnable et sensée pour bâtir un état fort et l'effort du peuple qui ne vaut qu'en vertu d'une politique lucide qui puisse transformer le peuple de façon général en citoyen de façon particulière, pour se prendre en charge par la revendication de ses droits, tout en instrumentalisant ses obligations dans la nécessité de rénover l'agriculture et l'industrie, de procurer les moyens de vivre, de travailler, de s'instruire, de se loger, d'associer les travailleurs à la marche des entreprises pour enfin pousser toutes les affaires publiques dans un dynamisme qui garantirait les droits institutionnels des citoyens.

Devant cet état de fait, il nous faudrait peut-être une insurrection citoyenne pour mettre et instaurer un équilibre entres les droits et les obligations des citoyens, mais le peuple ne peut à travers ses érudits penser que révolution quand la justice est absente ou mise au service de la puissance de l'argent. A l'intérieur de ce peuple, on trouve des partis, des associations, des individus, des riches, des pauvres, des intelligents, des imbéciles, des travailleurs, des chômeurs?. Mais seul dans un cadre juste, équitable et transparent ce peuple transformé en citoyen est en mesure de se consolider et de se fortifier.

Par conséquent, on peut parler de plusieurs sortes de peuples :

? Il existe des vieux peuples : que l'expérience ne peut influencer pour lui ôter ses vices qui l'occupent tantôt pour remplir sa panse, pour assouvir ses plaisirs bas, pour se mettre à la trempe du renouveau matériel sans idées, ni morale, ni règles, quant les affaires vont bien et que la paix sociale se négocie en pétrodollars, l'Algérie est bel et bien l'exemple type de ce modèle ou la décadence morale, économique, sociale, et religieuse se cultivent dans un champ politique frappé de léthargie.

? Un pauvre peuple : dont le plus grand fardeau n'est que la douleur morale, physique ou toute structure représentative est délégitimée par un système de fraudes, de la tricherie au détriment de la justice et ou le mauvais remplace le bon ; le fainéant est plus estimé que le travailleur et que la notion du mal ratisse toute la surface que devrait en principe être occupée par le bien, le bon sens, l'utile, l'agréable et le bon.

? Un grand peuple ou le combat quotidien dans l'entreprise matérielle, spirituelle et technique, de sciences,de morale, de règle, de bon sens et de bien être. Il ne peut être ce peuple que le premier en histoire ; le peuple vietnamien est ressorti avec une décennie de guerre meurtrière victorieux et aujourd'hui avec la force et l'art de ses bras et de ses idées, il est en train de mettre en place la culture d'une nouvelle civilisation que l'Algérie à perdue au début même de son indépendance.

? Un peuple fort : dont l'invincibilité est exemplaire pour être un grand peuple. Revenons au peuple algérien qui possède une richesse faramineuse séquestrée par une secte (maffia politico-financière). Cette dernière, par connivence avec le pouvoir, croit bien faire en économie, heureuse de sa croissance extensive ( spéculation à outrance) sans effet d'entraînement réel sur la sphère de production et dont aucun ne produit plus ( en excédent) de blé, de légumes, de lait, de viande de fruits et aucun ne fabrique aussi bien tout ce dont on s'habille, se meuble, s'outille, se pare, bien que l' on construit beaucoup partout avec une platitude exemplaire, nos ports sont les plus attractifs en matière d'import et nos quais ne possèdent point de place pour les containers « made in », nos routes sont les plus fréquentées par les machines mobiles d'outre-mer et la casse est aussi importante puisqu'il y a de l' importation, nos monuments ne sont plus visités car poussiéreux et déprimés par notre inculture ou l'admiration n'a plus de sens et la visite est une perte de temps ; tout cela est lié à une infécondité qui présage la décadence totale et qui fait ressortir les prémices plus d'une révolution que d'une insurrection. Une intense activité négative de lettres suivi de la négation de la science, des arts qui se fanent et ne rayonnent plus dans cette terre de la plus grande révolution armée du siècle passé, alors nous pourrons dire bonjour l'avoir pour faire rire, et adieu le savoir pour mieux se taire.

Devant ce lourd tribut qui engendre un lourd abus et qui trouble la nation et dérange l'état pour que le régime s'applique mieux dans son pouvoir d'affaires et d'avoir pour faire taire l'homme fort. Si nous sommes en proie à la médiocrité, combien d'autres eux aussi se traînent par l'excès de croissance de faits, d'idées et d'intérêts négatifs qui ne peuvent en fin de compte qu'engendrer la chute même si c'était un géant. Les leviers d'activité que constituent l'initiative et l'obtention légitime de bénéfice, le peuple sage du savoir est bien conscient que les richesses naturelles, le travail et la technique sont les trois éléments importants qui peuvent engendrer la prospérité de tout le monde et ne soient pas exploités au profit d'une caste de maffia politico-financière. La nation algérienne saurait faire en sorte que toutes les ressources économiques de son sol et de son sous-sol soient mises en œuvre pour l'avantage général et non d'après le bon plaisir des castes, carriéristes, arriérâtes et archaïstes? C'est cette rente qui censure l'art de la compétence des pauvres algériens).

Aujourd'hui, la nation algérienne est en train de payer très cher les erreurs peut être de naguères, mais plus des défaillances d'hier mais surtout de la trahison d'aujourd'hui. L'Algérie est connue sous tous ses gouvernements et ce depuis la fin du Boumédiénisme comme étant un pays qui a depuis procédé au développement par des modèles économiques et sociaux conçues sur des notions étriquées de campagne, d'opérations et de coup de poing ponctuels de développement qui sont érigés en mode de gouvernance. Avec cette méthode, l'Algérie a fait un outil de gestion, le moteur de sa démarche économique, sociale et culturelle, campagnes et opérations et ce depuis la campagne antipénurie? Jusqu'à aujourd'hui, une opération informelle.