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A quand la fin de l'import-import ?!

par Slemnia Bendaoud

Le grenier de Rome a-t-il les moyens de reconquérir son lustre d'antan et espace de prédilection ?

La projection future de l'Algérie est-elle à même de nous faire toucher du doigt cette tangible réalité de sa glorieuse Histoire ? Le compter sur soi peut-il à terme vraiment se substituer à cette légendaire mauvaise habitude de l'import-import qui pollue notre sang et coule dans nos veines ?

Comment donc nous organiser ? Comment plutôt nous fédérer et agir de concert ou ensemble dans cette perspective qui nous impose de conjuguer nos efforts et de faire converger vers ce même but toutes nos réflexions ? Et que faut-il privilégier comme nouvelle stratégie de sortie de cette crise aigüe de dépendance de l'Algérie des seuls dividendes tirés du produit des richesses de son sous-sol ?

La chute libre des prix du brut peut-elle nous renvoyer sine dieà au plus vite refaire nos classes ? La nouvelle donne économique risque-t-elle de nous réveiller de sitôt de notre profond sommeil qui ne date malheureusement pas de la veille ?

Peut-on désormais rapidement passer à cette opération offensive dès lors qu'on s'est toujours contenté de regarder dans le miroir de la vie le temps s'écouler et les pays de l'occident travailler, dans cette quête effrénée de se disputer juste la consommation du produit de leur créativité nouvelle ou invention récente ?

Mais que faut-il tirer comme leçon de cette crise profonde ? Existe-t-il une quelconque idée bien féconde en mesure de renverser la vapeur et nous remettre immédiatement au travail ? Sommes-nous encore disposés à lutter de toutes nos forces afin de nous remettre en cause et ensuite sur orbite ? De quoi dispose-t-on à présent ? Et de quoi manque-t-on vraiment ?

Remuer quotidiennement et si profondément dans les méandres de nos comportements anciens et attitudes passives ou négatives peut-il vraiment aider à trouver la bonne solution ? À vraiment éclairer nos chandelles en ces temps de vaches maigres ?

Dans l'absolu, cela peut constituer une piste à explorer, sinon la solution toute indiquée à sur le champ appliquer. Seulement, au plan purement pratique, il se posera avec acuité ce problème récurrent : peut-on faire du neuf avec du vieux ?

Celui à l'origine de cet échec impardonnable peut-il vraiment être celui-là même par qui le miracle arrivera de remettre le pays sur ses rails et l'Algérie au travail ? En d'autres termes, un groupe aussi dispendieuxétait-il à même d'observer, à l'opposé, rigoureusement ces autres vertus cardinales d'une véritable austérité en guise d'économie des deniers publics, hier encore complètement ratées ?

Peut-on imiter à notre façon ce brave peuple des Pays-Bas, ayant construit tout son empire économique et infrastructurel sur du sable comme pour démentir un vieux proverbe, en intimant l'ordre à nos cigales des temps cléments de rapidement passer à ce statut de petites fourmis besogneuses des temps durs que nous impose la conjoncture du moment ?

Pour un peuplement depuis longtemps en perte de vitesse et de ses vrais repères, car non vacciné contre les règles les plus élémentaires des notions du respect du temps et de l'assiduité dans le travail, maux auxquels est venu plus tard se greffer ce « virus de l'assistanat propre à un système socialiste incohérent et inopérant », il est évident qu'il bascule inévitablement dans la tentation, dans l'opportunisme et dans l'allégeance à un pouvoir finissant, vacillant, cherchant surtout à gagner du temps faute de pérenniser son système et d'imposer durablement son règne.

Le défi qui consiste à renverser la tendance, pour passer presque sans transition, de la dépendance des marchés extérieurs à une approche progressive d'autosuffisance en produits alimentaires de base, d'une sorte de débouchés sûrs (réceptacle acquis) de biens étrangers à un véritable vivier de production de ses besoins de consommation en biens de première nécessité, doit inévitablement s'articuler autour d'une stratégie bien pensée et d'un plan de sortie de crise adaptée à la situation actuelle du pays sous forme de « vision prospective ».

Dans un contexte économique pareil, la situation du pays suscite de très sérieuses inquiétudes quant à son proche avenir. Elle laisse entrevoir le pire si, au demeurant sa trajectoire n'est pas soumise à une correction soutenue et durable de sa tendance décroissante.

Aujourd'hui que le pays se retrouve au cœur d'une forte tempête (semblable en tous points de vue à celle de 1986), un besoin urgent de sauver le navire algérien doit nous dicter notre manière d'agir pour conditionner tous nos actes et autres réflexions à ce sujet.

Le gros de la bataille à mener sans tarder se situe d'abord à l'intérieur même de nos mentalités ! La vrai guerre à entreprendre est celle de nous préparer dans notre mental de manière sérieusement affronter une donne économique des plus complexes à élucider.

Il nous est, en clair, demandé de nous départir à jamais de nos attitudes passéistes et très passives, et de nous transposer dans un projection futuriste « très agressive », de nature à mettre en évidence, à la fois, nos capacités managériales et compétences prouvées en la matière, mais aussi nos produits susceptibles d'être placés et mieux valorisés sur les marchés extérieurs.

Cela a valeur d'une véritable révolution qui doit concerner nos esprits. Une refonte totale de la nature de nos réflexions doit désormais nous imposer une toute autre manière d'agir. Faut-il encore préciser que notre élite est plus que jamais interpellée sur cette ébauche de sortie de crise à penser, structurer et mette en œuvre ?

Un simple rappel de l'historique de nos relations commerciales avec l'occident nous situerait à propos des produits qu'il faudrait cibler en vue de leur valorisation et exportation, en substitution à ceux générés par les hydrocarbures.

Dès lors que les choix sont définitivement arrêtés et que les élites devant accompagner cette profonde transformation au sein de nos « mœurs commerciales » connues et identifiées, interviendra alors tout un large et très solide programme de réhabilitation de notre appareil de production afin de le placer au niveau des standards internationaux.

Il est question aussi de la nécessité absolue de réorienter dès à présent le climat des affaires au sein de la sphère économique du pays grâce notamment à une « approche Marketing » rigoureuse ayant une portée de grande envergure.

Se posera ensuite la question d'opérer sans tarder un diagnostic profond et très complet des produits algériens éligibles à l'exportation à l'effet de leur mise en valeur et fortification au prix d'une large campagne de vulgarisation au plan interne et externe.

Tout ce travail de fond impeccablement mené en amont se doit de converger en aval vers une grande maitrise des outils de la communication moderne au travers de très sérieuses et durables relations à tisser avec les opérateurs étrangers.

Aussi, n'est-il pas encore venu le temps pour que nos produits du terroir, autrefois véritable miroir de tous nos grands espoirs, tels les maraichers (les primeurs surtout) et ceux agrumicoles, oléicoles, dattiers et autres très rustiques retrouvent de nouveau les étals des marchés européens et asiatiques, dans les mêmes formes et conditions qui furent les leurs durant les toutes premières années de notre indépendance, du temps où le label algérien occupait cette place de choix qu'il n'aurait jamais dû la quitter ?

Tenter en ces temps de vaches maigres une « si grande révolution » de notre économie suppose à la base une redoutable stratégie de notre sortie de crise qui doit reposer essentiellement la mise à contribution de toutes nos énergies et savoir-faire.

Sommes-nous, en fait, bien capables de résonner ensemble dans la même direction et avec les mêmes arguments ?

De la réponse à donner à cette problématique dépendra la solution à apporter à la question plus haut soulevée.