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Gülen ou Chemssou, à vous de voir !

par Moncef Wafi

Jamais l'image de l'islam n'a été aussi écornée, travestie et caricaturée que par ses propres ouailles. Religion de piété, de miséricorde et de paix, l'islam est devenu, au fil de l'agonie de la civilisation musulmane et l'émergence d'Etat-nation, un vecteur de violence et une propagande pour la haine dont les chantres sont protégés et financés par les monarchies pétrolières du Golfe sous l'œil bienveillant de la finance mondiale. L'islam souffre d'une médiatisation dirigée, orchestrée par les puissances occidentales avec pour l'unique objectif de donner une image exécrable des musulmans dans le monde et partant de la religion elle-même. Daech n'étant que le must de ce complot judéo-chrétien pour discréditer une religion universelle qui attirait de plus en plus d'adeptes occidentaux.

Guerre des civilisations, guerre des religions, quelle que soit son appellation, l'ennemi a avancé son cheval de Troie jusqu'au cœur de la citadelle musulmane et l'attaque à l'image a fait plus de mal à l'islam que les Croisades. Des prêcheurs cathodiques à la mine patibulaire vociférant des fatwas d'un autre âge à la télévision, relayées par les réseaux sociaux à n'en plus finir. Des spécialistes de l'islamisme invités sur des plateaux de télé français à chaque attentat pour affermir le lien entre terrorisme et islam. Des invités à la limite de l'ignorance qui déblatèrent, sans retenue, sur une religion qui leur est inconnue. Pourtant des voix intelligentes, des théologiens de renom s'élèvent çà et là pour remettre les choses à leur place, pour se faire entendre dans ce vacarme assourdissant d'inepties vomies au nom de l'islam. Parmi ces derniers, l'imam Fethullah Gülen, une figure importante de l'islam turc qui a influencé des millions de personnes dans le monde grâce à son mouvement Hizmet qu'il a lancé dans les années 60. Plus proche d'un Ahmed Deedat que d'un Tariq Ramadane, Gülen a toujours prôné le dialogue entre les religions, privilégiant l'écoute et l'action au prosélytisme sauvage. L'imam turc, farouche adversaire d'un Erdogan bicéphale, vient de publier une tribune intitulée « Musulmans, procédons à un examen critique de notre compréhension de la foi » dans plusieurs journaux majeurs. Gülen rappelle que les musulmans doivent non seulement combattre la «barbarie» qui s'est abattue sur notre «humanité commune» mais également «restaurer l'image ternie de notre foi ». Il condamne les djihadistes de Daech qui ont « drapé de religion leurs idéologies perverties ». Il appelle également à « procéder à un examen critique de notre compréhension et de notre pratique de l'islam, à la lumière des conditions et des exigences de notre époque et des interprétations de notre temps », sans pour autant que cela soit une « rupture avec la tradition islamique ». Un musulman ne saurait être une source de problèmes mais devrait faire partie de la solution, conclut Fethullah Gülen.