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Du G19-03 à l'heure de la 4G !

par Slemnia Bendaoud

Une fois n'est pas coutume : cette semaine l'actualité vous est livrée, expliquée et finement décortiquée dans son volet assez singulier mais très chiffré ! A vous donc de bien la déchiffrer. De plutôt mieux la décoder !

Toute histoire ?de par le monde- est faite ainsi : de chiffres immuables, de faits implacables. Parfois considérables, sinon souvent vraiment effarants ! Et la nôtre ne déroge bien évidemment, elle aussi, pas à cette règle pratique, drastique et très mathématique.

Lorsque l'on évoque la révolution algérienne, le premier chiffre qui la symbolise et qui nous vient au galop à l'esprit est celui de son très lourd tribut, très chèrement, évalué à plus d'un Million et demi de Martyrs.

Son succès est surtout l'œuvre héroïque de tout un brave peuple, ayant longtemps cru en son destin, avenir et nation, mais aussi sans relâche milité pour son indépendance.

Par contre, la stratégie de sa mise en œuvre est plutôt le fruit d'un travail minutieux de vingt-deux brillants acteurs et tout aussi jeunes militants, tous acquis à la cause algérienne, mais surtout complètement engagés et très dévoués au profit de sa révolution, réunis discrètement à la ville du 1er Novembre 1954, en vue de la propulser en avant.

De ce groupe des vingt-deux rebelles, six d'entre eux sont donc passés directement aux commandes des actions opérationnelles, les armes à la main. Depuis, la révolution est encore à ce jour en marche ?

Ainsi, côté très chiffré de notre révolution, nous retenons sans risque de nous tromper et sans bien évidemment un seul instant d'hésitation, à la volée et dans la foulée, dans l'ordre chronologique historique des évènements, le nombre ?'Un'', c'est-à-dire le premier jour du Onzième mois (Novembre) de l'année de référence, celle de 1954, en l'occurrence.

Première donnée chiffrée d'envergure et très symbolique à laquelle sont donc venus au fil des jours se greffer et s'imbriquer à tous les niveaux tous ces nombres interminables qui gravitent autour d'elle, en vue de donner plus de poids et de volume à la révolution algérienne.

Cette date de référence, puisant l'essentiel de sa légitimité et précieuse utilité dans d'autres dates et dans d'autres chiffres de référence, allait bien évidemment -des années durant- donner naissance à d'autres nouvelles dates-phares de notre grande Histoire, mais aussi enfanté tous ces nombres en série que constitue l'équation chiffrée de notre révolution.

Dans ce mélange synchronique et symphonique, savamment orchestré de chiffres qui nous font vibrer de joie pour avoir justement produit notre glorieuse histoire, souvent bien des plumes, parmi les plus fidèles comme celles les plus efficaces et très perspicaces, auront donc toujours su y trouver leur muse ou leur terrain de prédilection, mais surtout matière à remuer davantage leur encre dans les méandres des profonds tréfonds de notre valeureux combat, à l'effet d'en extirper parfois des portraits significatifs d'inlassables artisans et légendes de notre très grande révolution, menée tambour battant contre la toute dernière occupation coloniale de l'Algérie.

Dans le sillage de cette révolution, d'autres dates-clefs ?et non des moindres- sont donc venues dès son coup d'envoi matérialiser des faits saillants et des évènements forts importants, enrichissant d'année en année son palmarès pour se situer dans son prolongement jusqu'à la proclamation de l'indépendance de l'Algérie.

Néanmoins, ce qui intéresse aujourd'hui le peuple algérien, au tout premier plan, n'est autre que ce chiffre se rapportant au groupe des dix-huit personnalités qui s'étaient alors spontanément soulevés au lendemain des douloureux évènements du 8 Octobre 1988 ?dont l'actuel président de la république- dans leur quête de proposition de solution à apporter au plus vite à une crise de gouvernance des plus aigües, initiative presque identique (à quelques variantes ou exceptions près) à celle menée, de nos jours, par cet autre groupe, celui des dix-neuf personnalités, réduites quelques heures seulement plus tard tout juste seize, après le retrait volontaire ou même provoqué de trois d'entre elles.

Ainsi, du groupe des dix-huit initial, nous sommes donc remontés ou passés dans la hiérarchie des chiffres à celui du dix-neuf pour redescendre ensuite en cascade à celui de seize seulement.

Et quelque en soient les objectifs assignés ou buts visés et très recherchés, savamment simulés ou légalement affichés et bien haut revendiqués par les uns ou par ces autres, il reste que l'attitude assez singulièrement manifestée par les deux groupes en question démontre, on ne peut mieux, ce grand malaise que couvent deux situations de gouvernance présentant beaucoup de similitudes ou de ressemblances, à tout le moins assez remarquables.

A quelque pourtant plus d'un quart de siècle d'intervalle dans le temps, le constat établi par l'un ou l'autre des deux groupes considérés est pratiquement le même, d'où d'ailleurs presque les mêmes griefs, remarques et observations retenus contre le système pour être justement relevés ici et là avec forts argumentaires.

Cependant, une question de poids et d'envergure s'impose d'elle-même et de droit dans ce débat de sourds et à distance entre les grands maitres du système, d'un côté, et les tenants à l'instauration d'une véritable démocratie dans le pays, de l'autre côté : quel a bien été l'impact réel du développement des techniques de communications sur notre système de gouvernance durant la période considérée pour que nous nous retrouvions après toute cette trop longue période de temps à reformuler sans discontinuité et à l'envi les mêmes souhaits en vue de traiter des mêmes problèmes de notre gouvernance ?

Depuis 1988 à ce jour, ces mêmes techniques des TIC auront donc évolué de plusieurs crans, à différents échelons et autres étapes très stratifiées des générations, à un moment où notre gouvernance est malheureusement restée, elle, plutôt très statique, énigmatique, bien immobile, en dépit de tous ces changements opérés entre-temps à la tête de l'état et surtout des innombrables opportunités qui s'étaient présentées telles de véritables aubaines à saisir au vol devant nous durant cet intervalle de temps jugé comme très important, aussi bêtement perdues en conjecture !

Que dire donc de cette incroyable stagnation ou vraiment piètre gouvernance d'un état plutôt déliquescent et bien évanescent à l'heure où la science des télécommunications a déjà allègrement franchi plusieurs caps, gravi toute une série de paliers et connu de nombreuses générations généalogiques scientifiques ?

Vraiment très inconscients du grand danger du risque imminent que nous courons à tout moment, nous restons tous solidement scotchés à l'heure de la 4G à cette très ancienne G1 de notre gouvernance qui refuse manifestement de céder le flambeau aux nouvelles générations de l'indépendance !

Aussi, ni le G18, ni le G19, ni même le G19-3 ne sont donc en mesure de bousculer cette G1 de notre auguste gouvernance qui arrive même à défier la pourtant très solide et bien puissante 4G !