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Le tourisme et les puits de pétrole

par Abdelkrim Zerzouri

Le tourisme local n'est pas sorti de l'auberge. Quand tout va mal, quand les caisses du Trésor public s'amaigrissent, particulièrement lorsqu'elles subissent les effets de la baisse de recettes des hydrocarbures, c'est alors qu'on se rappelle du créneau du tourisme pour tenter d'amortir le choc financier. Bien sûr, tous les responsables semblent être conscients que le secteur en question est moribond depuis qu'on a commencé à creuser le premier puits de pétrole, mais cela ne les empêche pas de nourrir l'ambition de valoriser le tourisme. Toutefois, personne n'a la recette magique pour bonifier la chose.

Il ne s'agit pas d'un puits qu'on creuse pour voir aussitôt jaillir l'or noir, le tourisme recommande d'une part beaucoup d'efforts et d'intelligence, et d'autre part il doit affronter une rude concurrence avec des pays voisins et lointains. Sinon, tu peux avoir les plus beaux sites naturels du monde sans réussir à glaner un euro de recette. Les ministres qui se sont succédé à la tête du département du Tourisme admettent tous la nécessité d'adopter « une nouvelle mentalité » et de conjuguer les efforts de tous les services représentant les secteurs dans l'administration locale, des élus et des citoyens pour la promotion de la destination Algérie. Hélas, cela restait jusque-là au stade des vœux pieux. Comme si personne n'y croyait au fond à cette histoire du «tourisme qui est appelé à remplacer les hydrocarbures dans un proche avenir ».

Les événements tragiques de la décennie noire ont retardé le développement des infrastructures et découragé les touristes de séjourner en Algérie. C'est une période qui garde encore aujourd'hui son influence sur les jugements du «risque » de la destination Algérie. Mais, la tendance tend à s'inverser progressivement avec un retour des étrangers. Selon des statistiques, on a enregistré depuis le début de l'année 2000 une augmentation de 20% de touristes. Les autorités algériennes n'ont jamais cessé de relancer le dossier du tourisme, sans arriver à occuper une place honorable parmi les pays touristiques. Le gouvernement fait parfois des efforts laborieux, comme il s'attelle maintenant au lancement de plusieurs projets dans le domaine touristiques, mais à la fin toujours peu d'adhésion au rendez-vous.

Le secteur du tourisme algérien a un potentiel immense avec des plages méditerranéennes, le Parc national du Djurdjura, le Sud fascinant, des trésors humains, culturels et historiques. Il serait vraiment dommage de passer à côté de ces richesses sans les exploiter, sans convaincre les investisseurs locaux et étrangers de s'y intéresser. Le tourisme est un marché très juteux, et comme tout marché, il ne tient rien du hasard, il a besoin d'une étude approfondie, de structures de base, de personnels formés et d'autres facteurs qui peuvent participer à son éclosion. En premier lieu, des prix étudiés en matière de transport et d'hébergement, chose qu'on ne maîtrise pas encore dans nos contrées.

On peut bien construire des palaces et des hôtels luxueux, mais si le prix reste inabordable, ces hôtels resteront à moitié vides. Le nombre d'arrivées de touristes internationaux convergent vers les pays où les prix sont relativement modérés. Bien sûr, il faut songer à développer et promouvoir la destination Algérie, et il ne faut pas oublier que le tourisme local est le premier aspect à encourager. Les Algériens, pour le moment, préfèrent passer leurs vacances hors des frontières du pays. «C'est moins cher et on est mieux servi », reconnaît-on. Un principe pourtant si simple pour aller loin dans le développement du tourisme.